Notes
Stalker
Andrei Tarkovski - 1979
Le film sortira enfin le 06 septembre 2023 !
Beaucoup aimé le film que je trouve plus réussi que Terminal Sud mais 9,5 vous fumez messieurs.
J'ai rarement eu l'impression aussi nette que ce qui se trouvait devant mes yeux tenait du très très grand cinéma et ce du début à la fin. Le lent panoramique des tours de la cité jusqu'aux monuments du vieux centre à l'horizon, qui sert de plan d'ouverture, est déjà d'une profondeur et d'une justesse saisissantes, et la séquence qui suit, à l'église, est un prodige à elle seule - mais le film tient sa ligne jusqu'au bout, il y a très peu de moments qui m'ont semblé en-deçà. Du reste j'en suis sorti avec le sentiment d'une sensibilité au monde exacerbée ; le moindre son, la moindre lumière autour me faisaient frémir, mais d'un frémissant doux comme le souffle du vent, car en dépit de la violence abrupte que renferme le film, tout est filmé avec tant d'air et de tendresse, comme si la caméra flottait, légère, aérienne, venait caresser le monde, que la spirale de violence qui nous est montrée s'y dissout au point de ne s'imprimer dans le corps du spectateur (le mien, du moins) qu'au prix d'un sentiment très vif de sa disharmonie fondamentale. Ce qui est beau, fait musique et contribue au poème du monde, c'est l'envolée des pigeons, le lien qui unit les membres du gang (et dont on sent vibrer la corde comme rarement, il y a là une intense énergie du commun qui ne s'arrête pas aux fétiches apparents d'appartenance au groupe, on sent qu'ils sont ensemble et que l'ensemble, ou l'être-ensemble, forme un corps qui a sa puissance propre), ou encore la démarche spectrale du prince saoudien, sublime en son allure d'errance au-dessus du monde, quand bien même il en est l'un des principaux destructeurs. La majesté de son être s'incarne sur un plan absolument séparé par rapport à l'horreur de son crime ; c'est peut-être d'ailleurs dans cet écart que se joue le tragique du film, l'abîme entre la tendresse caressante que j'évoquais plus haut et la brutalité des corps qui tombent (séquence inouïe de la fusillade, qui m'a rappelé celle de My Darling Clementine, dont je trouve Le Gang des Bois du Temple très proche, dans sa musique, son atmosphère ; une part de ce que j'écris là pourrait s'écrire aussi du film de Ford). Puis les ombres du western et du conte, le refus de l'idée qu'un ancrage "réaliste" va de paire avec une espèce de prosaïsme brut, la réminiscence de figures archaïques (désertées y compris dans les imaginaires politiques ; en repensant au film cette phrase de Péguy m'est revenue "faire la révolution, c'est aussi remettre en place des choses très anciennes mais oubliées")... Puis à nouveau les pigeons qu'ils sont beaux...
'fin bref je tente de restituer des bribes de ce qui a été mon impression mais pour ma part le film m'est apparu comme immense et ce très vite et avec une grande évidence (là où Terminal Sud, que je tiens pour très important et magnifique aussi, m'a fait douter plus d'une fois).
Jolie texte melaine.
Je retiens surtout la très grande scéne dans le café
Bon dans la scène de la fusillade certains tombent un peu comme des plots un peu trop rigides il faut dire
Ca reste un détail bien sûr. Le film est très bon, c'est mon premier film de ce réal, et le côté naturaliste me plait bien. La scène de la boite de nuit m'a particulièrement surprise et bluffé !
En boucle dans ma tête