Formidable Technicolor !
Il n'y a pas à dire, les couleurs claquent comme il faut !
Très coloré en effet. Peut-être un peu trop pour la tenue de Will, camouflage pas terrible pour un mec qui vit caché en forêt. Mais le costume de Basil Rathbone en jette !
Première fois que je le revois depuis 20-25 ans pour l'un des films cultes de mon enfance, l'un des derniers que je n'avais jamais revus adulte. Il était sur la même VHS que Ivanhoe, et je dirais qu'il fait bien moins office de madeleine de Proust que ce dernier. Clairement avec un regard adulte on voit beaucoup plus les ficelles et les défauts inhérents à une production grand public de l'époque: manichéisme, dialogues pauvres, cascades et figurants parfois mollassons, costumes toujours impeccables et pilosité faciale nickel.
Puis les parodies sont passées par là. Comment ne pas penser à Mel Brooks en voyant ces hommes en collants, ou à Jean Dujardin quand Errol Flynn rit les poings sur les hanches ?
Cela dit il se regarde quand même bien, peut-être plus comme une pièce de théâtre filmée, avec des décors colossaux et quelques scènes d'action spectaculaires; regarder ce film au XXIè siècle a plus l'air d'un voyage temporel vers un grand studio Hollywoodien, que vers le moyen âge. Dans un sens c'est très bien aussi.
Ce nouveau regard m'a aussi permis de réévaluer les nombreuses scènes cultes, avec un bilan assez varié:
- Petite déception pour la fameuse rencontre avec Petit Jean avec le combat au bâton sur la rivière, beaucoup moins consistante et animée que dans mes souvenirs (elle devait se mélanger aux versions de Brooks et de Costner). Et comme beaucoup de scènes, elle tient uniquement au charisme d'Errol Flynn et son rire caractéristique qui sert à dédramatiser beaucoup de situations. C'est un schéma récurrent d'ailleurs, quand Robin des Bois rencontre un gentil: ils se battent, puis Errol Flynn rit fort, les tensions s'apaisent et ils deviennent amis.
- L'arrivée au château avec un cerf sur le dos, suivie de la fuite seul contre tous, reste un grand classique et très bien mise en scène.
- Je n'en avais aucun souvenir de la scène du tir à l'arc, pourtant la plus célèbre du mythe de Robin des Bois, et j'ai compris pourquoi: elle n'est pas très réussie. Le focus est mis principalement sur les méchants et Lady Marian, et on voit très peu Robin et encore moins les tirs, alors qu'on est sur une scène d'action. La fameuse dernière flèche transpercée, certes pas facile à rendre au cinéma avec les moyens techniques de l'époque, est assez anecdotique. Il y a bien un plan de 2s sur la cible et une voix off qui dit "il a transpercé la flèche" puis on passe vite à autre chose, comme si ce n'était pas si extraordinaire.
- Le duel final à l'épée est une des meilleures scènes du film, et pour moi une des scènes de combat les plus mythiques du cinéma. Le combat est acharné et long, sans être interminable. Mobile et interactif avec le décor. Foule, couloirs, escaliers, chandeliers... Et en point d'orgue ce passage tellement génial dans cette immense salle, où les 2 personnages sortent du cadre mais le combat continue projeté en ombre sur le mur. Je me suis souvent demandé si c'était unique à ce film, ou si c'était un effet fréquemment utilisé. En tout cas l'effet est grandiose.
Bref ça m'a fait plaisir de le revoir, même s'il est un peu moins bien que dans mes souvenirs, principalement car les scènes hors action ne sont pas mémorables, et ça impacte la 2ème moitié du film.
Lorànt Deutsch contre Sean Penn