Parcours classique d'un cinéphile moyen
Liste de 20thCenturyBoy


Pour un individu arrivant à maturation...


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Leprodiss contre Éric Rohmer
Court
Resolution  - France  - 2012 - 2 min
5.17
Moyenne
43
Notes
Ø
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Ø
Ma note
Niveau bonus
S'il se laisse pousser le melon, le cinéphile moyen peut succomber à l'ambition de la création, quelque part au-delà du niveau 6. Que ce soit comme simple loisir ou comme passage obligé d'une carrière naissante, il passera éventuellement à son tour derrière la caméra. La réalisation n'est pas chose aisée (et l'on vous remerciera par exemple de votre indulgence vis-à-vis de l'auteur de ce court-métrage), mais qui sait, peut-être qu'un jour ses efforts seront vus par d'autres cinéphiles encore à naître comme les balbutiements d'un génie du grand écran ! S'il ne donne pas suite, ça aura au moins été pour la beauté du geste. La vie fera le reste.
Tarzan
Kevin Lima Chris Buck  - États-Unis  - 1999 - 88 min
5.6
Moyenne
108
Notes
Ø
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Ø
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Niveau 0
Le cinéphile moyen grandit en ouvrant la bouche pour recevoir ce qu'on voudra bien lui donner. Comme tous les mioches, il se gave de dessins animés, dont la qualité varie en fonction des parents : dégueulasses (Dora l'exploratrice et la télé en général), corrects (Disney et consorts), au-dessus de la moyenne (Pixar) ou même excellents avec un peu de chance (Ghibli).
Les aventures de Rabbi Jacob
Gérard Oury  - France  - 1973 - 100 min
5.82
Moyenne
108
Notes
Ø
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Ø
Ma note
Niveau 0.5
Tout au long de sa folle jeunesse, les premières images cinématographiques qui imprimeront son esprit après les dessins animés seront les films qu'il regardera d'un œil chez papy-mamie ou autres membres de la famille. Le genre bien franchouillard qui repassent chaque année pendant les fêtes et considérés comme incontournables. On citera aussi le reste de la carrière de De Funès ou les films du Splendid genre Le Père Noël est une ordure.
Transformers 3 : La Face cachée de la Lune
Michael Bay  - États-Unis  - 2011 - 154 min
3.38
Moyenne
54
Notes
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Ø
Ma note
Niveau 1
Le cinéphile moyen commence à regarder des films de son plein gré. Alerte ! C'est l'entrée dans l'adolescence. Pendant longtemps, le pauvre va se nourrir de sombres merdes dont 70% sont des blockbusters américains, 20% des comédies également américaines, et 10% des comédies françaises. L'initiative est relative : victime de sa vie sociale naissante, il se laisse porter par la masse de ses ami(e)s et son implication se limite à jeter un oeil aux affiches dans le centre commercial du coin, histoire de repérer la meilleure séance pour se marrer ou pour pécho.
Avengers
Joss Whedon  - États-Unis  - 2012 - 143 min
5.28
Moyenne
133
Notes
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Ø
Ma note
Niveau 1.25
Il développe un semblant d'esprit critique en remarquant un beau jour que certains films lui semblent indubitablement meilleurs que d'autres. Sans s'éloigner du domaine des bons gros blockbusters que tout le monde autour de lui va voir, il commence à développer des attentes particulières, va baver devant des trailers sur Youtube et commence même à se fier légèrement aux critiques lues ou entendues ici et là (via des médias non spécialisés, journaux TV, etc.) qui acclament Avengers comme le plus gros pied de l'année.
Interstellar
Christopher Nolan  - États-Unis  - 2014 - 169 min
7.01
Moyenne
160
Notes
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Niveau 2
Le cinéphile moyen fait une rencontre qui équivaut pour lui à ce que ressentit Christophe Colomb en découvrant l'Amérique alors que tout ce qu'il voulait c'était accoster en Asie. Que cette découverte d'un film à peu près intelligent (l'exemple choisi pouvant généralement être remplacé par n'importe quel autre Nolan) se fasse par hasard ou soit introduite par un ami bien intentionné ne change rien à l'affaire, la séance laisse à peu près le cinéphile moyen dans cet état. Il en ressort transcendé. Un gouffre vient de s'ouvrir sous ses pieds. Persuadé qu'il vient de vivre une expérience quasi-métaphysique, il décide en reprenant ses esprits de porter un regard désormais sérieux sur le 7ème art.
Fight Club
David Fincher  - États-Unis  - 1999 - 139 min
7.28
Moyenne
173
Notes
Ø
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Ø
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Niveau 3
Dans son enthousiasme fécond, il demande des conseils autour de lui et obtient une liste de films dits "cultes" qu'il visionnera méthodiquement : Fight Club, Trainspotting, Pulp Fiction, L'Armée des douze singes, Forrest Gump, etc. Qu'importe si certaines de ces reliques datent du milieu des années 90, s'il doit remonter aussi loin dans le temps pour se forger une culture, ça ne lui fait pas peur !
Notons que si la progression entre les niveaux se fait plus facilement par la suite, beaucoup restent (bienheureux soient-ils ?) bloqués ici. C la vi.
Les Dents de la Mer
Steven Spielberg  - États-Unis  - 1975 - 124 min
7.16
Moyenne
141
Notes
Ø
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Niveau 3.5
Repoussant toujours plus avant les limites que la vie lui avait imposées, il enchaîne avec des films préhistoriques qu'il se souvient avoir vus au moins en partie dans ses jeunes années et qu'il espère redécouvrir d'un œil en pleine phase de réenchantement du monde. De la décennie 90 on passe aux 80s et même aux 70s : les Star Wars et Retour vers le futur n'ont qu'à bien se tenir. Son entourage commence à le regarder avec approbation.
American Sniper
Clint Eastwood  - États-Unis  - 2014 - 133 min
6.35
Moyenne
128
Notes
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Ø
Ma note
Niveau 4
Parallèlement à son voyage dans le temps, le cinéphile moyen prend le risque de se déplacer en salles (et donc dépenser son argent au nom de l'art !) pour aller voir ce qui fait parler les autres cinéphiles ou les critiques spécialisées, et qui ne l'aurait que moyennement stimulé quelques niveaux plus tôt. Sans toujours trop s'éloigner d'une cible grand public, un nom comme Clint Eastwood, qui ne lui évoquait rien peu de temps auparavant, suffit aujourd'hui à susciter sa curiosité. Constat nouveau et amer, il arrive maintenant que ses amis ne partagent pas spécialement son intérêt pour tel ou tel film en salles. Il découvre alors les séances en solitaire ailleurs que sous la couette, et choisit systématiquement la VO. Bref, il ne se sent plus.
Cemetery of Splendour
7.24
Moyenne
61
Notes
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Tentative de niveau 9 [échec]
En découvrant qu'il est capable de regarder des films seuls sans être submergé par la honte, le cinéphile moyen se sent pousser des ailes. Attrapant le dernier numéro des Cahiers sur le rayon de la médiathèque, il ouvre une page au hasard et parcourt un avis dithyrambique sur le dernier film d'un cinéaste thaïlandais au nom imprononçable. "Cette fois ça y est, se dit-il avec ferveur, il est temps de prendre mon courage à deux mains et de partir à la conquête de nouveaux horizons ! Fi des dernières productions impérialistes, ce niakwé sera ma prochaine escale !"
Erreur. Il sort perplexe et déboussolé de la séance. Ce n'est pas qu'il ait trouvé le film mauvais... Il s'est juste profondément emmerdé et n'a en fait pas compris grand-chose. Une leçon à retenir : ne pas chercher à brûler trop vite les étapes.
Le Parrain
Francis Ford Coppola  - États-Unis  - 1972 - 175 min
8.45
Moyenne
169
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Ma note
Niveau 5
L'échec récemment essuyé par le cinéphile moyen lui a laissé entrevoir un 7ème art plus vaste qu'il ne l'imaginait, mais lui a surtout rappelé cruellement ses lacunes. Il décide de s'organiser et part explorer le net en quête de tops sérieux et autres listes de grands classiques. Il découvre des sites comme IMDB (et, s'il est doté d'un peu de bon sens, supprime son compte allociné "murphy_2014") qui le convainquent de s'attaquer à des pans essentiels de l'histoire du cinéma occidental. Son entourage commence à le regarder avec admiration en le trouvant assis devant des vieux films de 3h.
Autant en emporte le vent
7.22
Moyenne
78
Notes
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Ø
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Niveau 5.1
Dans ces listes, il repère un titre intriguant qui revient comme un refrain entêtant, "Autant en emporte le vent". Le cinéphile moyen se gratte le menton ; il est persuadé d'en avoir déjà entendu parler quelque part, mais où, quand, comment ? Mais c'est bien sûr ! La réponse lui vient comme un Oscar envoyé par pitié à DiCaprio : c'est Durendal, célèbre vlogueur et critique de renommée publique, qui avait mis toute son âme dans le massacre anticonformiste de cette oeuvre ! Le cinéphile moyen se souvient des paroles de ses amis Kévin et Vanessa (inscrits au cours de ciné) à l'époque du niveau 3 : "Bienvenue au club mais fais gaffe quand même, si tu continues tu vas finir par regarder ce genre de sombres merdes ^^ Pour ces choses-là fies-toi à Dieurendal et ne te laisse pas lobotomiser par les papys conservateurs qui osent leur trouver des qualités ! L'esclavagisme c'est tellement has been ! T'as vu 12 Years A Slave ?"
Dilemme. A-t-il vraiment envie de suivre les aventures d'une salope raciste dans un récit conté du point de vue sudiste (le cinéphile moyen a des valeurs) ? Mais sa décision est prise. Il est hors de question qu'il reste bloqué au niveau 5 toute sa vie ! S'il veut progresser, il doit se résoudre à passer par la case "se faire son propre avis". Dieu le bénisse.
Le Bon, la Brute et le Truand
Sergio Leone  - Italie  - 1966 - 161 min
8.39
Moyenne
172
Notes
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Niveau 5.33
Parmi les "grands classiques", le cinéphile moyen tombe sur un certain nombre de westerns. Horreur. D'aussi loin que remonte sa mémoire, le genre ne lui évoque qu'ennui et désolation. Son père en regardait parfois, c'est dire. Des cow-boys, des indiens, le délire typique d'une génération qui n'est pas la sienne. Il serre les dents mais il sait bien que malgré toute la bonne volonté du monde il ne pourra... hé mais... c'est que c'est plutôt cool en fait !
C'est ici, entre les niveaux 5 et 6, que le cinéphile moyen apprend pour la première fois à laisser ses préjugés au placard.
Old Boy
Park Chan-wook  - Corée du Sud  - 2003 - 120 min
7.5
Moyenne
176
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Niveau 5.66
Armé d'un bagage plus conséquent grâce à ces quelques classiques, il décide de faire une pause dans ce voyage sans Martin Scorsese à travers le cinéma américain et de retenter l'expérience asiatique, tout en restant sur ses gardes. Il sélectionne un film récent et réputé coolos (marche aussi avec The Host ou Memories of Murder). Miracle, il adhère ! C'est sa première incursion réussie en territoire étranger.
En parallèle, il atterrit sur le forum cinéma de jvc, où il est bien content de trouver des gens ouverts partageant sa passion naissante et d'apprendre que ce qui est vrai est beau, donc vrai, donc beau.
Trois souvenirs de ma jeunesse
Arnaud Desplechin  - France  - 2015 - 123 min
6.92
Moyenne
59
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Niveau 5.99
On l'a vu, notre cinéphile moyen n'a plus peur de rien. Habitué à braver tous les dangers, il va cette fois-ci se confronter à son ennemi de toujours. Bowser ? Nope. Ganondorf ? Nullement. Blue et sa team cheatée ? Oh, si seulement... Car c'est au cinéma français que le cinéphile moyen va maintenant s'exposer. Rendez-vous compte, il a entendu dire que le pays qui à ses yeux ne produisait que des comédies populos (qu'il appréciait avant le niveau 3, et qu'il méprise depuis) pouvait aussi être un terreau cinématographique fertile ! Il enfile son bouclier pare-bouses et pioche alors dans les films ayant marqué les esprits cette année. Il en ressort tout transpirant, mais heureux : il n'a plus honte de sa patrie.
Les 400 coups
François Truffaut  - France  - 1959 - 99 min
7.61
Moyenne
135
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Niveau 6
Une page se tourne : le cinéphile moyen s'essaye au noir et blanc. Il s'était toujours tenu à distance de ces films qui, à coup sûr, ne pouvaient intéresser que les archéologues. Mais plusieurs sont régulièrement cités parmi les classiques, alors soit. Il découvre un monde pas si différent du nôtre, dans lequel les gens ne sont pas forcément plus chiants que d'autres, et il trouve même que cette absence de couleur n'est pas dénuée d'un petit côté esthétique. Son entourage commence à le regarder avec étonnement.
Turkish Star Wars (L'homme qui sauva la monde)
Çetin Inanç  - Turquie  - 1982 - 91 min
4.38
Moyenne
13
Notes
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Ø
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Niveau 6 [perversion]
S'il a du temps à perdre, le sens critique du cinéphile moyen a atteint un niveau suffisant pour lui permettre de tourner en dérision ce qu'il trouve mauvais et prendre du plaisir à l'observer. Entre deux chefs-d'oeuvre, il peut alors lui arriver de se reposer l'esprit devant des bouses (dits "nanars") dans lesquelles il s'amuse à moquer les mauvais acteurs, les scénarios incohérents et les faux raccords, en riant très fort et en se tapant sur les cuisses (car le cinéphile moyen a le sens de l'humour). Les gens normaux utilisent leur main droite, m'enfin, le cinéphile moyen est un homme libre après tout.
Metropolis
Fritz Lang  - Allemagne  - 1927 - 153 min
7.92
Moyenne
102
Notes
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Ø
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Niveau 7
Les pas du cinéphile moyen le mènent toujours plus haut sur l'escalier de la gloire. Il va jusqu'à envisager l'idée de mater du muet. Il s'installe devant Metropolis / Les Temps modernes / L'Aurore, fait le signe de croix et appuie sur play. Il sort vainqueur du combat : "Ouh putain, se dit-il, c'était un peu chaud quand même, mais ça passe crème ! Parbleu, mon seuil de tolérance est plus élevé que je ne le pensais !" A partir du niveau 7, quand il cherche un petit film sans prise de tête, il se tape du Méliès. Son entourage commence à le regarder avec inquiétude.
Mean Streets
Martin Scorsese  - États-Unis  - 1973 - 112 min
7.17
Moyenne
114
Notes
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Ø
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Niveau 7 [quête annexe]
Le cinéphile moyen n'est pas un cliché ambulant (du moins pas encore) ; sa passion ne consiste pas seulement à voir des films de plus en plus vieux. A côté de ça, il va lentement mais sûrement s'éloigner des grands classiques occidentaux, qu'il commence à bien connaître, et entamer un début timide d'approfondissement. Ses premiers efforts sont concentrés sur ce qu'il connaît le mieux, et, très vite, il va confondre ses proches en portant aux nues des cinéastes célèbres à travers des œuvres que tout le monde autour de lui a oublié : des images de Jackie Brown, Les Duellistes ou encore Mean Streets tapissent peu à peu son mur facebook. On commence à murmurer dans son dos ce mot funèbre, "élitisme".
Le Voleur de bicyclette
Vittorio De Sica  - Italie  - 1948 - 89 min
7.72
Moyenne
97
Notes
Ø
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Ø
Ma note
Niveau 8
En ce jour fatidique, l'existence de notre cinéphile moyen est sur le point de changer. Non, ce n'est malheureusement pas au niveau 8 qu'il goûtera enfin à la chaleur d'une femme. La vie lui réserve un plaisir bien plus savoureux (fake). Alors qu'il était tranquillement posé devant son ordi à suivre les dernières avancées du débat Durendal sur jvc, un post isolé attire son attention : il y est fait mention de "CinéLounge". Un doute l'envahit : ce nom serait-il en rapport avec les initiales "CL", qu'il a vues surgir à plusieurs reprises au gré des topics et qui semblaient se rapporter à une mystérieuse entité cinématographique non identifiée ? Pour en avoir le cœur net, tape ce mot magique dans sa barre de recherche et clique sur le premier résultat.
A cet instant, 3 réactions immédiates sont possibles.
- Réaction 1
- Réaction 2
- Réaction 3
Les deux premières options impliquent un rejet en bloc de ce milieu hostile ; le sujet reste prisonnier du niveau précédent. La troisième réaction implique en revanche une certaine prise de conscience : il existe, en-dehors des terrains balisés, tout un monde sauvage peuplé d’œuvres maudites, de courants obscurs, d'admirateurs bizarres et de noms improbables. Le cinéphile moyen est une fois de plus mis face à ses lacunes. Il a honte. Avant de faire le grand plongeon, il s'emploie à rattraper son retard en classiques étrangers, lui qui ne jure presque que par les USA.
Sátántangó
Béla Tarr  - Hongrie  - 1994 - 450 min
7.49
Moyenne
55
Notes
Ø
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Ø
Ma note
Niveau 9
Le cinéphile moyen prend ses marques au sein de son nouveau foyer. Il a fièrement bâti son top 50 et choisi avec soin ses personnalités préférées. Il se fait plutôt discret pour le moment mais il cerne déjà les personnalités (ceux qui adulent le cinéma asiatique, ceux qui exècrent le cinéma américain, ceux qui mettent rarement plus de 3/10, etc.) et ne s'interdit pas de trouver sa place parmi eux en temps voulu, même si la communication est d'abord difficile ; il comprend ce qu'ont pu ressentir les grands navigateurs en tombant sur un peuple qui ne parlait pas leur langue et dont ils ignoraient entièrement les mœurs. Sauf qu'ici y a même pas de meufs topless.
Quoiqu'il en soit, le moment est venu de passer au niveau suivant, en visionnant un film qu'il trouvera aisément dans le top 50 du site et qu'il aurait autrefois considéré comme "chiant comme la mort" : son entourage, quant à lui, n'a pas changé d'avis et commence à le regarder avec effroi. Il pourrait également s'agir de L'Avventura ou encore de Stalker, le critère essentiel est qu'à présent il doit se cacher pour exercer sa cinéphilie en paix. A partir de ce niveau, il ignorera le sens du mot "ennui", qui s'applique en fait bien mal à cet art merveilleux. On dira maintenant de lui (avec moquerie, parfois avec mépris, souvent avec jalousie) qu'il regarde des films hongrois en noir et blanc de 7h30 ; et le pire, c'est qu'il le fait vraiment ce con.
Niveau 9.5
Le cinéphile moyen s'est mis à regarder des films chiants. C'est donc ici que le cinéma expérimental croise sa route. Le 7ème art devient définitivement pour lui un art total, et il prendra autant de plaisir devant un essai filmé qu'avec un récit plus classique. Une compilation de vidéos de vacances ? Cool. Un arbre mort enregistré à différents moments de la journée ? Nice. Une voix off marmonnant sur un écran bleu pendant 2h ? Bandant.
Sa ̶c̶o̶p̶i̶n̶e̶ maman demande l'internement.
Dans l'ombre de San Francisco
Norman Foster  - États-Unis  - 1950 - 77 min
6.96
Moyenne
14
Notes
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Ø
Ma note
Niveau 10
Dans la frénésie de ses pulsions scopiques, le cinéphile moyen remarque un jour le clignotement de l'icône des notifications : "Chouette alors ! s'écrie-t-il, un message ! Sûrement un modo qui m'accorde enfin le statut VIP !"
Mais ce n'est qu'un badge. Pas très au fait du concept, il comprend en se renseignant que les badges cinéloungiens viennent récompenser les connaissances des membres sur tel ou tel pan du cinéma mondial, qu'il s'agisse de genres ou de nationalités. Et maintenant qu'il y pense, c'est vrai que ces derniers temps il a regardé pas mal de films noirs (remplacez au choix par "films russes" / "films de la nouvelle vague hongkongaise" / "films arabes" / ou que sais-je encore). Sans trop l'avoir réalisé, il a développé des intérêts cinématographiques particuliers qui le distinguent des autres cinéphiles. Il voit de plus en plus de films à moins de 10 notes, voire moins de 5 notes s'il est très très fort ! C'est l'étape de la spécialisation.
Sexy Dance 4
Scott Speer  - États-Unis  - 2012 - 99 min
2.8
Moyenne
5
Notes
Ø
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Ø
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Niveau 10 [corollaire]
Le nombre croissant de films à voir et son élan de spécialisation posent problème au cinéphile moyen. S'il payait précédemment son statut de spectateur en allant au ciné ou en stockant les DVDs, son compte en banque commence sérieusement à se vider. S'il avait plutôt opté pour la solution astucieuse de la médiathèque, il se heurte un jour aux failles d'un catalogue limité. Pour survivre, notre héros doit donc se mettre au téléchargement. Il passe dans l'illégalité. Honte sur lui et ses ancêtres ! Il en profite d'ailleurs pour s'enfiler des tas de machins pour lesquels il n'aurait jamais déboursé un seul centime. Un dimanche pluvieux représente maintenant pour lui la délicieuse opportunité d'une rétrospective Marvel Cinematic Universe phase 2 (dont il a perdu le fil depuis le niveau 2).
Note : par convention, cette étape est placée en regard du niveau 10, mais selon les cas (révélateurs d'une disposition financière ou morale plus ou moins grande), elle peut tout aussi bien remonter jusqu'au niveau 1. L’Éternel est notre seul juge.
Capitaine Achab
Philippe Ramos  - France  - 2007 - 100 min
7
Moyenne
1
Notes
Ø
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Ma note
Niveau 11
Au hasard de ses explorations, une expérience nouvelle. Petit clic pour l'homme, bond de géant vers les tréfonds du 7ème art : notre cinéphile moyen note un film que personne d'autre que lui sur le site n'a vu. Étrange mélange de solitude et de fierté mêlées ! Enfin ! La tyrannie de la face humaine a disparu, et il ne souffrira plus que par lui-même.
Ville nouvelle
Éric Rohmer  - France  - 1975 - 208 min
8
Moyenne
1
Notes
Ø
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Ø
Ma note
Niveau 12
Jusqu'ici tout va bien, jusqu'ici tout va bien, jusqu'ici tout va bien... et paf, niveau 12. Le cinéphile moyen qui atteint ces abîmes peut, chez ses confrères, susciter au choix de l'admiration ou de la pitié. Son activité devient maniaque, obsessionnelle. Il ressent le besoin irrépressible d'explorer toutes les branches de son mouvement favori, de regarder chaque film de ses réalisateurs préférés. Qu'il soit question de brouillons et de ratés unanimement ignorés ou bien de documentaires de 4h sur l'urbanisme réalisés dans un but purement alimentaire ne le décourage pas plus qu'un 2/10 de tada : il veut tout voir. Quand il a sucé sa victime jusqu'à la moelle, il passe mécaniquement à une autre victime. Cette soif impossible à épancher peut sûrement être soignée médicalement, mais en a-t-il seulement envie ?
Histoire(s) du Cinéma
Jean-Luc Godard  - France  - 1988 - 266 min
7.92
Moyenne
37
Notes
Ø
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Ø
Ma note
Niveau 12 [corollaire]
La maladie avancée du cinéphile moyen devient sérieuse : il pousse le vice jusqu'à la lecture. Oh, il a sûrement déjà feuilleté une ou deux revues, il s'y est peut-être même abonné, mais ce triste individu ne se refuse plus rien : ses étagères se remplissent maintenant de pavés dignes d'un véritable intello, celui-ci est une biographie de D.W. Griffith, cet autre une présentation générale du cinéma japonais d'après-guerre, celui-là une étude comparée des films de Rohmer et de la peinture qui sèche. Le simple statut de spectateur ne suffit plus à notre cinéphile, qui se rêve à présent théoricien.
Note : encore une fois, ce palier est placé ici à la louche, mais selon les cas la tare pourra apparaître plus tôt dans votre parcours (le ciel vous en préserve).
School on Fire
Ringo Lam  - Hong Kong  - 1988 - 105 min
7.72
Moyenne
38
Notes
Ø
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Ø
Ma note
Niveau 13
Cette fois c'est la jungle, la vraie. Notre cinéphile moyen devenu pirate des mers perdues entre dans l'univers uncharted mais limitless des films non-distribués en France (par exemple en quémandant une invitation sur KG). Toi qui entre ici, abandonne tout espoir. Plus la peine de te déplacer au ciné ou de fouiner dans les rayons les plus poussiéreux de ta médiathèque, c'est sur ton ordi que ça se passe. Il va sans dire que les sous-titres français, notre cinéphile plus si moyen que ça peux faire une croix dessus. Quelques notions d'anglais lui seront donc utiles. Ça lui sera aussi utile pour survivre au XXIème siècle d'ailleurs. Allez, courage.
Malaso Madagasikara
4.5
Moyenne
3
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Niveau 14
Le cinéphile moyen est parvenu à un niveau tellement loin au-dessus de l'homme civilisé moyen qu'il en retourne à l'état sauvage. Il voue désormais un culte païen aux images cinématographiques, pour la consommation desquelles il vendrait père et mère. C'est dans cette optique (jeu de mots) qu'il accède au cercle très fermé du niveau 14 en se passant de sous-titres (personne n'ayant pensé à en faire puisqu'il est le seul au monde à connaître l'existence du film concerné). Ne pas comprendre la moitié de l'intrigue ne va tout de même pas l'empêcher de voir le dernier film de son réalisateur malgache préféré ! Son entourage, ainsi que le personnel médical, le considèrent maintenant comme dangereux.
Eyes Wide Shut
Stanley Kubrick  - États-Unis  - 1999 - 159 min
8.14
Moyenne
156
Notes
Ø
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Ø
Ma note
Niveau 14 [Syndrome de Yorda]
Avant d'arriver à l'étape finale, il convient de se pencher rapidement sur un phénomène exceptionnel qui touche en moyenne un cinéphile moyen sur mille, mais dont la rareté rend d'autant plus spectaculaire ses effets. Au bout de plusieurs années de cinéphilie intensive, on a pu voir certains cinéphiles sombrer dans une folie schizophrénique qui les poussa à renier leur précédent système de valeurs, à changer de pseudo, à revoir leur barème et baisser leur moyenne générale à 3.19 (true story). Des passions pour Kubrick et Miyazaki furent cruellement oubliées au profit de films carrément chiants, des posters de Tom Cruise remplacés par des portraits de Robert Bresson. La chenille s'était transformée en papillon. Preuve s'il en est que les goûts sont susceptibles d'évoluer jusqu'aux niveaux les plus élevés, car les voies de la sensibilité artistique sont impénétrables.
Mais quand même, 5 à Eyes Wide Shut...
N.B. : Les experts auraient récemment découvert une nouvelle variante du syndrome de Yorda, le mystérieux "phénomène Meumeu", dont les victimes changeraient de vision du cinéma toutes les deux semaines. Les plus sceptiques soupçonnent pour l'instant un mauvais poisson d'avril, mais de jour en jour la rumeur prend de l'ampleur. Nous sommes peut-être à l'aube d'un bouleversement du système cinéphilique qui rendra la présente échelle obsolète. Affaire à suivre.
Doctor Bull
John Ford  - États-Unis  - 1933 - 77 min
8.1
Moyenne
5
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Niveau 14 |Syndrome de Yorda inversé]
Tout est dans le titre. S'il n'est pas en avare en 1, le cinéphile moyen aime aussi le 10, et il le fait savoir en collant cette note à tous les films de son réalisateur fétiche, aux plus connus comme aux plus obscurs. Particularité : cette attitude peut tout à fait s'appliquer à un cinéaste classique (de préférence ceux de l'âge d'or hollywoodien), mais alors il va de soi que le cinéphile moyen ne l'aime pas vraiment pour les mêmes raisons que ses pairs...
Trop tôt, trop tard
6.94
Moyenne
16
Notes
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Ma note
Niveau 14.5
Notre cinéphile moyen accède à ce qu'il est convenu d'appeler "la vision" (dérivés : #vision, team vision, un film vision, un film pas vision). Il oublie les notes situées entre 1 et 10 parce que c'est pas la peine, valide Mary à tout prix mais a du mal avec Scorsese parce que c'est pas très moral, se regroupe en bande tel l'animal aux abois et s'enferme dans le mutisme en subissant les quolibets (voire les insultes (voire les menaces de mort)) des cinéphiles moyens de niveau inférieur. Si vous prenez pourtant la peine de l'interroger, il vous dira en toute bonne foi qu'il "aime les films qui sauvent des vies", ou qu'il "aime les films d'amour, d'un amour sincère", ou encore que l'ambition cinématographique est une valeur de droite. D'autres diront simplement : "il est vision".
Son nom de Venise dans Calcutta désert
Marguerite Duras  - France  - 1976 - 114 min
8.21
Moyenne
7
Notes
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Ma note
Niveau 14.9999
La dernière étape avant le grand plongeon vers l'inconnu. Lors d'une de ses dix séances journalières, notre cinéphile moyen connaît une épiphanie. Ce qui vient de lui apparaître à l'écran lui semble tellement beau que les quelques mots de français (ou de patois, on n'est pas fermés) qu'il parvient encore à articuler ne pourraient décemment plus suffire à exprimer son opinion : il se tait à jamais, et jette un regard de pitié sur les quelques hères qui s'abaissent encore à rédiger des critiques. Ne comprennent-ils donc pas ? Face à l'art, il n'y a que le silence.
#ineffable
Modern Times Forever
Jakob Fenger Rasmus Nielsen  - Danemark  - 2011 - 14400 min
Ø
Moyenne
Ø
Notes
Ø
Guides
Ø
Ma note
Niveau 15
Niveau ultime. Le cinéphile moyen finit par se nourrir de chair humaine et reste 24h/24, les yeux explosés et la bave aux lèvres, devant des "œuvres" inclassables que même leurs créateurs n'ont pas osé regarder jusqu'au bout, comme ce film de 240 petites heures. On retrouve un jour dans son lit, l'ordi à portée de main, son cadavre en décomposition recroquevillé en position latérale de sécurité ; serré contre son cœur, le DVD du film qui l'avait, dans un passé lointain, rendu cinéphile, et lancé sur les océans de l'art à la conquête de la beauté.
Requiescat in pace, flibustier des temps modernes.
Statistiques
Longs
33
Films
33
Notes
6.66
Moyenne
Vous
Courts
1
Films
1
Notes
5.17
Moyenne
Vous
Commentaires
29/02/2016 00:29:42
Haha excellent la tentative de niveau 9. Et tellement vrai. :hap:
 
29/02/2016 00:37:41
Inspirée de ma propre expérience avec Oncle Boonmee du même réal. :hap:
 
29/02/2016 00:44:45
Haha comme quoi on est tous passé par les mêmes étapes ! :hap:
 
29/02/2016 00:53:59
Tchitchoball a écrit :Haha comme quoi on est tous passé par les mêmes étapes ! :hap:


Non. :hap:
 
29/02/2016 00:56:35
Untruc l'anticonformiste. :bave:
 
29/02/2016 08:27:02
Génial cette liste, vivement la suite :bave:
 
29/02/2016 08:42:47
Cette liste :bave:
 
29/02/2016 11:25:37
C'est fou comment je m'y retrouve. Je me situe actuellement entre le 5.33 et le 5.66. J'ai hâte de voir la suite pour voir ce qui m'attend !
 
29/02/2016 11:33:58
A la fois potache, lucide et universel :ok:
L'essentiel est de rester humble, ouvert et dans l'auto-dérision, quelque soit le "niveau" atteint.
En revanche, à titre personnel, je n'apprécie guère le terme de "relique" pour les années 80 :nah:
 
29/02/2016 11:34:26
"quel que"