Crépuscule à Tokyo

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Commentaires
21/05/2020 16:19:34

Ben tiens pendant qu'on y est, cette photo ou plutôt ce plan n'est pas dans le film, c'est pendant la partie de mahjong on le voit, mais pendant la scène dans le film on ne la voit pas comme ça, on la voit de côté et elle ne fume pas.

C'est une image culte qu'on identifie directement au film alors qu'elle n'y est pas, et ça n'empêche pas qu'elle soit quand même utilisée sur des affiches comme  ou 

C'est écrit partout que le film fait 2h20, ma version (restaurée par la shochiku) fait bien cette durée et pas de trace de ce plan à moins qu'il existe une version avec ce plan dont je n'ai pas connaissance. :hap:

J'ai surtout l'impression que ce sont des photos de tournage (la même photo mais avec les yeux ouverts) 

24/05/2021 16:04:19
Avis

C’est probablement le Ozu le plus plombant que j’ai vu mais aussi l’un des plus beaux. Difficile de ne pas reconnaître instantanément son style, son univers, ses personnages : Chishu Ryu qui joue un père bienveillant mais plein de regrets, deux soeurs dont la vie est hantée par les erreurs de leurs parents, le poids d’une société dont les attentes et les jugements détruisent des individus… Cependant il a beau le faire à chaque fois, personne ne met ça en scène aussi bien qu’Ozu.

Comme tous ses films, on commence dans l’anodin le plus complet, dans la banalité et l’hypocrisie des conversations du quotidien avant que le nœud dramatique ne se révèle progressivement. D’ailleurs, le film joue habilement sur les attentes en faisant croire que le drame familial de Setsuko Hara sera au centre du film avant de progressivement se concentrer sur le perso d’Ineko Arima. Et c’est via elle que l’histoire se montre complètement déchirante en mettant en scène un personnage seul, isolé, en quête d’identité et dont tous les repères s’effondrent. Déjà l’actrice est excellente, mais Ozu est un maître pour ce qui est de mettre en scène les tourments humains alors que les dialogues ne disent rien ou presque, comment un plan de dos d’un personnage isolé au milieu du cadre ou un simple contre-champs en disent énormément, c’est d’une telle évidence.

C’est vraiment un film riche et complexe, qui en dit énormément sur la famille, sur la notion de transmission et d’héritage. Je trouve le propos effrayant de désabusement, et même cette fin qui semble finir sur une note vaguement positive (après tout ce qui a précédé qui n’est pas jojo quand même :hap: ) est super amère, j’ai vraiment vu ça comme une sorte de résignation. Ce n’est pas comme certains Ozu où la noirceur peut être contrastée par des touches de beauté, même ce qui est le plus beau et pur (la relation entre les deux sœurs, ou celle avec leur père) est marquée par une profonde incapacité à communiquer, se comprendre.

Je rajouterais que tout ce qu’on peut dire de positif sur la mise en scène d’Ozu - tant sa capacité à filmer les personnages que leur absence via ses éternels plans fixes - est sublimé par ce qui est peut-être son plus beau noir et blanc.