Notes
Crépuscule à Tokyo
Yasujirô Ozu - 1957
Merci pour ta réponse Shanghai, bah c'est marrant que tu dise ça parce que après avoir vu le film je suis allé checker les avis de la presse de l'époque sur Allociné (les extraits quoi) et il y'a un avis d'un certain Louis Guichard dans le Télérama de l'époque; il dit ceci dans l'extrait : "(...) La première heure est un sans-faute (...). Allégorie convaincante (...) Tokyo Sonata est pourtant rattrapé par les bouffées délirantes qui plombaient les derniers opus de Kiyoshi Kurosawa (...)" .. du coup je ne sais pas à quels derniers opus il faisait référence mais je suis tout à fait d'accord avec le terme de "bouffés délirante" qui rejoint le tiens "fulgurance absurde" qui est peut-être plus précis encore. Et en effet j'ai beaucoup de mal avec ça... bizarrement j'en ai pas le souvenir dans Cure. Ton explication est tout à fait convaincante et je comprends ce qu'il a voulu faire mais ça m'a vraiment mis sur la touche.
Sinon comme je l'ai écrit je trouve la fin ratée mais ta vision de la scène est cohérente mais j'ai quand même trouvé ça hyper schématique.
Et oui clair de lune est un classique mais oui c'est entendu et re entendu comme Satie (mon exemple était naze mais c'était pour faire un parallèle rapide avec le fait d'associer des morceaux avec certaines humeurs/émotions bien précises à chaque fois.. ce qui finit par rendre le truc indigeste) ou encore le sempiternel arvo part faut vraiment que le film m'embarque pour que l'utilisation d'une de ces compositions passe bien .. et encore ça finit par être vraiment trop chargé en références et ici allié avec la lourdeur de la scène j'ai pas passé un bon moment
Je souhaite apporter ma modeste contribution au message de 📢Serviam88
Je vais répéter ce qu'a dit Shanghai puisque j'ai exactement le même avis mais en ajoutant deux trois petites choses.
L'humour est présent dès le départ (je me souvenais pas que le film était aussi drôle) mais j'ai trouvé que c'était de l'absurde désinvolte, désincarné, les personnages agissent sans vraiment réfléchir à ce qu'ils sont en train d'effectuer : Le mari qui passe par la fenêtre, la scène sous le pont avec le conseil d'aller vite fait à l'ANPE et tout le ridicule dans la façon dont lui et son collègue souhaitent garder leur image auprès de la famille et des autres. Ce sont des moments que j'ai trouvé très drôle mais en même temps tu as l'impression qu'ils sont dans une autre dimension.
Faut pas oublier que la violence, le mal chez Kurosawa il est très souvent ineffable, il y a une forme d'inconnu dans ce qui pousse les personnages à agir comme ils le font (c'est qui rend Cure ou Kairo si oppressant d'ailleurs), ces séquences d'humour mettent bien en exergue cette forme de violence sociale absurde et déshumanisé.
Du coup quoi de mieux pour la faire renaitre cette famille de les confronter à quelque chose de plus tangible? Parce que oui le coup du mari dans le dernier tiers c'est absolument grotesque, la fuite en bagnole aussi mais leur quotidien est tellement morose et clinique que c'est une sorte de libération pour tout le monde, libérer leur désespoir par de l'humour kafkaïen (le fils en prison c'est quand même énorme) c'est pas génial ?
Le film a beaucoup de similitudes avec Hanging Garden d'ailleurs, tu devrais essayer Serviam même si je suis persuadé qu'il y a beaucoup de choses qui vont te saouler mais Toshiaki Toyoda a un traitement bien singulier lui aussi. Kyôko Koizumi a un peu le même rôle, elle est bien torturer chez Toyoda par contre
Pour la fin tu exagères franchement Là je suis encore entièrement d'accord avec Shanghai et je n'ai rien de plus a rajouter si ce n'est que cette masse à la fin pourrait être toutes ces formes agglutinantes qui se rejoignaient dans un moule commun que l'on voyait précédemment.
Ici elles écoutent un jeune homme, beaucoup plus clairvoyant que les adultes depuis le début (pareil pour la jeune fille quand le père va diner chez son collègue), la fin ne dit pas que tout va pour le mieux, sauf que cette fois ci tout le monde dirige son regard vers un enfant prodige, comme dit en haut pas encore corrompu et qui représente beaucoup d'espoir pour l'avenir.
Sinon je l'ai revu ce soir en fait
Quand je te vois regarder des films que j'ai vu il y a...je dirais 7 ans (la violence...) ça me motive pour les revoir.
J'ai trouvé ça sublime d'un bout à l'autre, à placer sur le podium des films japonais sur la renaissance de la famille moderne et urbanisée aux côtés de Hanging Garden, Crazy Family, Visitor Q (faudra que je le revoie celui-là). Je n'ai pas trouvé une seule fausse note.
Par contre je pensais que c'était un cache misère les scènes d'intérieur en bagnole avec fond vert derrière ou images qui défilent mais c'est un vrai effet de style en fait, c'est utilisé dans tous ses films!
A chaque fois c'est pour être conduit dans une sorte de dédale du subconscient avec ce grand entrepôt dans Cure ou la plage ici qu'on se demande si c'est vraiment réel. Réel ou pas les personnages en ressortent avec une vérité.
Après ça me fait chier parce que j'adore ce qu'il fait mais il y a quand même une partie de sa filmographie qui m'endort complètement... Charisma ou Jellyfish ce sont des somnifères pour moi.
Je vais tenter Vaine illusion mais quand je lis "C'est de loin le film le plus ésotérique que j'ai pu voir de Kurosawa et je ne te cache pas que j'ai pas mal dépassé par l'oeuvre." ça me fait peur quand même. Enfin je me laisse une dernière tentative avec celui-là.
J'ai jamais trouvé le film drôle dans le sens où il ne m'a pas fait rire mais je vois ce que tu veux dire au niveau de la sensation de ridicule. Moi j'avais vraiment beaucoup d'empathie notamment pour le père mais je trouve que les autres personnages n'étaient pas hyper intéressants en y repensant 🤔 c'est à dire que ça disait quelque chose sur la famille et ça fonctionne bien pour alimenter le récit mais c'est vraiment la figure centrale de ce père dans la détresse qui m'a touché. Et je trouve justement que cette fin (et cette deuxième partie en général) met ça à la poubelle et devient quelque chose d'assez grotesque alors que jusque la ca me touchait. Pour la fin notamment j'ai pas du tout aimé ce sentiment d'idéalisation du fils et de son côté "prodige" et je trouve que justement la famille ne renaît pas du tout c'est tout à fait superficiel.. tout ce que je vois c'est le cinéaste qui me force le regard mais je me dis que rien n'est réglé et que j'aurais aimé en savoir plus sur ce père et l'avenir de cette famille. Enfin bref je comprends ce que tu dit mais vraiment je suis pas d'accord
Je note pour le film que tu as conseillé plus haut ! Merci pour ton long message Ein 👍🏻
📢Serviam88
Bon j'exagère quand même quand je dis que tu auras du mal avec Kurosawa, je veux vraiment pas te dissuader d'en voir d'autres. Et si t'as aimer Cure, tu devrais aimer Kairo.
En parlant de Cure, je trouve justement qu'on retrouve quelques pointes d'absurdité, comme le premier meurtre où l'homme se saisit du tuyau puis assène des coups aussi naturellement que s'il renfilait son froc avec en fond la petit musique guillerette. Ou même le client du pressing qui fulmine en grognant, sans dire que je trouve ça hilarant ça provoque toujours un certain étonnement. Mais ce film baigne tout du long dans une atmosphère irréelle, alors que Tokyo Sonata prend plus la forme d'un drame classique donc ces changements de ton tranchent plus avec le reste.
Pour la fin, je vois ça plus comme une proposition de Kurosawa envers cette famille, donc en effet rien n'est reglé parce qu'une reconstruction ne peut pas se faire au détour d'une seule scène.
Je te recommande License To Live (je l'avais peut être déjà fait sur une autre fiche). Selon moi c'est peut être le Kurosawa avec le meilleur équilibre entre un drame classique et le style assez particulier de ce réalisateur, bien que ça soit souvent considéré comme un film mineur.
Après ça fait longtemps que j'ai vu ces films, ça me donne envie de les revoir, tiens.
Oui de toute façon dans ce genre de film il y a très souvent une "fin ouverte" sans qu'on sache ce qu'il advient pour la suite.
Le Sogo Ishii est le plus explicite et ouvertement optimiste sur sa fin avec une famille littéralement mise à nue mais ça colle bien au Cinéaste et à la grosse débandade qui précédait.
Le plan du concert avec toute cette masse noir sur le côté et le gamin qui rayonne au centre tu as trouvé ça pompeux ? De manière général c'est quand même assez posé, le public le regarde sans éprouver quoi que ce soit de visible, seuls les parents se lâchent à ce moment là.
Ça m'a fait penser à un tableau de Rembrandt avec ce jeu sur les clair-obscur, c'est quand même magnifique
Je vois ce que tu veux dire pour la fin en plus, c'est un outil vieux comme le monde souvent utilisé grossièrement pour émouvoir mais franchement là c'est tellement mesuré, il y a aucun excès dans cette scène.