Boyhood

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Commentaires
27/07/2014 23:34:52
Je suis partagé parce que le film propose pleins de belles choses mais me dérange sur pas mal d'autres. J'aime ce côté tranche de vie générationnelle, l'évolution du personnage etc... mais je trouve que le film manque de spontanéité, c'est trop écrit, la mise en scène est assez désincarnée et jamais une scène ne prend aux tripes, jamais un plan ne dure (mais il n'aurait pu en être autrement, c'est le concept même du film de mettre tous ces moments sur la même échelle temporelle). Du coup voir Boyhood c'est un peu comme un bon feuilleton, un album photo doux-amer.
Et moi j'aime quand un film m'offre du ressenti pur, face à un regard, un plan qui dure, une séquence intense, j'aime quand le découpage justement ne néglige pas la valeur temporelle des plans. Or là, le ressenti est presque narratif, et je dirais que c'est ce que je n'aime pas trop.

Sinon je tiens à dire que je trouve les plans de nature absolument magnifiques!
29/07/2014 18:05:32
"Rated R for language including sexual references, and for teen drug and alcohol use" :hap:
30/07/2014 00:08:16
N'empêche Linklater (qu'on aime ou non) c'est un des mecs les plus intéressants à suivre dans le cinéma américain depuis pas mal de temps. Et alors qu'aux states il est pas mal connu, en France il est plutôt méconnu. On dit jamais (ou presque) "c'est le nouveau Linklater".

Alors que quand on regarde sa filmo, c'est un mec qui est à la fois très éclectique dans ce qu'il fait, mais pourtant avec une vraie pertinence si on regarde l'ensemble de sa filmo.
05/08/2014 03:05:23
"Le récit n'a rien d'extraordinaire et c'est ce qui en dégage toute sa puissance, puisant sa force dans le quotidien des personnages. Linklater n'a pas spécialement cherché à nous montrer les étapes fondatrices, importantes, de cette famille, pour pouvoir se concentrer sur la somme de courts instants de vie : une partie de bowling, de jeux vidéo, un week end au camping, une soirée entre potes, un diner, un cours à l'école, un match de baseball...etc
"

C'est exactement le ressenti et la réflexion que je me suis faite à la fin de la projection. Je redoutais un peu le procédé qui consiste de plus en plus, lorsqu'un film veut aborder un sujet aussi vaste que "le temps qui passe", la Vie avec un grand V, à nous montrer des moments forts, des moments clés de la vie d'un être pour seul prétexte de bien nous faire saisir la leçon de vie à retenir là-dessous. Et bien, ici, rien de tout ça, aucun climax de ce genre, et j'ai trouvé ça franchement agréable. Juste des petits bouts de vie insignifiants et ridicules à l'instant même mais qui deviennent plein de sens une fois mis bout à bout les uns aux autres.
Certainement la plus belle et finement ingénieuse idée de Linklater dans son film.

Bon, sinon mon petit avis à chaud. C'est très bon. Très déprimant aussi. De nombreux souvenirs sont remontés à la surface. Ca m'a mis un bon coup de blues pour le coup. Mais de ceux qui font du bien, qui donnent envie de profiter de chaque instant, ou plutôt, comme le dit si bien Mason lors de cette superbe dernière scène, It's always right now.

Un récit ultra cohérent, qui ne souffre d'aucun raccourcis scénaristiques. Nul besoin d'espace temps défini, Linklater décèle des indices ci et là de manière très naturelle pour nous indiquer l'étendue de ses ellipses.
La B.O est très jolie, beaucoup moins envahissante que l'on peut le redouter, parsemée de morceaux aux mélodies légères et référencées. Et putain y a même Wish You We Here quoi !
Rien à dire sur la performance des acteurs. Là où Arquette est terriblement attachante, Ethan Hawke démontre une nouvelle fois toute l'étendue de son talent, prouvant qu'il excelle comme nul autre dans l'incarnation la plus profonde, naturelle et sincère de son personnage de père aimant mais un poil trop absent. Et ce, avec un temps de parole beaucoup plus écourté que je ne l'aurais imaginé. Définitivement mon acteur favori.

Seul reproche: le héros. S'il n'est pas bien compliqué de s'identifier à son parcours, il est beaucoup plus difficile de s'attacher à lui. La faute à son caractère, bien trop lymphatique. Cela pose surtout problème lors de la dernière partie du film, où l'on s?attarde beaucoup sur lui et laisse un peu de côté son entourage. Un peu dommage.

Je m'attendais à être bouleversé comme jamais, et je dois bien avouer que ce n'est pas le cas. Malgré tout, j'en ressors avec un sentiment plutôt agréable, avec cette impression d'avoir assisté à une expérience surprenante, exceptionnelle et définitivement belle. Et c'est déjà énorme. Merci Linklater !
06/08/2014 17:20:14
Je lis beaucoup ici ét là que le film ne montre que « des petits moments de la vie de tous les jours », et je ne suis pas d'accord. C'est vrai, Linklater esquive toutes les « premières fois » qui, dans la mythologie adolescente américaine, sont autant de rites de passage à l'âge adulte (surtout LA première fois) et qu'on a vu un nombre incalculable de fois dans les films du genre. Par contre il y a bel et bien des climax émotionnels : le beau-père alcoolique qui se transforme presque en Nicholson de Shining, l'ultime déménagement du fils et la mère qui fond en larmes, le long speach dans la chambre noire, la petite fête pour célébrer la fin du lycée, sans parler de certains passages un peu ridicules, comme l'anecdotique personnage du plombier Mexicain qui revient tout à coup quelques années plus tard pour dire à la mère « vous avez changé ma vie »... On ne peut vraiment pas dire que ce soit des moments « de la vie de tous les jours ». Le film n'est finalement pas très original à ce niveau là.
Sinon, deux semaines après avoir vu le film je continue toujours à me poser des questions sur le dispositif de Linklater, à me demander si le film aurait été fondamentalement différent si il avait été filmé en 3 mois, d'une traite. Et je pense que non, il aurait été exactement le même (sauf qu'évidemment, on ne verrait pas les acteurs vieillir « pour de vrai »).
Tourner le film « en direct » n'a finalement rien changé. Les différentes époques sont marquées par différents événements marquants (La guerre en Irak, Obama, le phénomène Harry Potter, l'apparition des smart-phones, etc.), filmés comme des petites vignettes, Linklater me semble avoir un regard rétrospectif sur les 10 dernières années, comme si il avait tout filmé en 2013 ou 2014 pour faire un bilan de la décennie.
Et même pour ce qui est du point névralgique du film, à savoir le vieillissement des acteurs, je ne trouve pas que ça produise une émotion inédite. A la limite sa trilogie « Before » (que j'ai vu à peine quelques jours avant Boyhood) est bien plus frappante à ce niveau là. Et, comme Siry, je suis plus ému par le passage du temps subit par Robert de Niro dans Il était une fois en Amérique, ou par Kris Kristofferson dans La Porte du Paradis. Peu importe que le personnage soit joué par deux acteurs, qu'on lui mette du maquillage ou qu'il vieillisse vraiment, parce que l'émotion, il me semble, ne vient pas de là, mais d'un choix de montage (en l?occurrence une ellipse), d'un raccord... d'une idée de cinéma, en fait.
06/08/2014 19:28:37
D'abord, mettre quelques éléments plus marquants est nécessaire, ne serait-ce que pour en apprendre plus sur le personnage, voir sa réaction par rapport à un évènement décisif, ou même pour la compréhension du récit (cf. le beau père). Si on veut montrer un personnage grandir il faut un minimum que ses différentes motivations ou influences soient visibles. Ces moments là sont bien présents dans la vie de Mason, pourquoi les éviter à tout prix? Si c'est faire un film pour ne montrer QUE des petits moments de vie, ça n'aurait pas grand intérêt, le tout est dans l'équilibre, entre ces petits riens et des étapes plus marquantes. Et là, Linklater a trouvé la bonne formule, puisque les faits marquants se limitent plus ou moins aux 3-4 scènes que tu as citées, ce qui doit faire une demi-heure maximum sur les 2h45 de film.

Concernant ta seconde remarque, s'il est vrai que chaque époque (ou année) est marquée avant tout par les évènements majeurs qui la caractérisent, ce qui te donne peut-être une impression de "best of", il ne faut pas négliger un des aspects qui rend le film quasi documentaire, à savoir les éléments de décors qu'ils soient physiques ou immatériels. Tout aussi essentiels que les "évènements", en plus de définir une période, ils regorgent de références, que ce soit le design des différents produits, les expressions de langage, les plats consommés à un repas, les bonnes moeurs, les tenues vestimentaires... Tout ces détails, tu ne pourras jamais les recomposer d'une manière aussi précise.

Enfin, le fait que tu demandes ce que ça change d'avoir filmé sur 12 ans montre que tu n'as pas perçu toute la beauté du film. Tu demandais sur la fiche d'Orouet "y'a t'il quelque chose de plus beau au monde qu'une fille qui rit ?" Et bien je vais te demander, qu'y a-t-il de plus beau que de voir un enfant grandir, s'épanouir au fil du temps? Pas grand chose je pense, c'est juste un privilège exceptionnel de rentrer ainsi dans l'intimité d'un personnage, à un point qui en devient physique. Une possibilité de pouvoir, le temps d'un film, tel un parent, voir évoluer un être sous nos yeux, remarquer chaque changement dans le moindre détail. Le concept se suffirait presque à lui-même, tant il est puissant, c'est en soit déjà une vraie idée de cinéma et Linklater a pour lui le mérite de bien avoir su l'exploiter en plus de l'avoir eue.
06/08/2014 22:05:02
Je suis assez d'accord avec ce que tu dis dans le troisième paragraphe, ça se tient. Mais justement, pour avoir cette émotion là, celle de voir grandir et s'épanouir un enfant de manière quasi documentaire, il n'y avait pas besoin d'un scénario aussi écrit. Je pense que le film aurait gagné à être plus radical à ce niveau. Parce que tu sembles dire que Linklater était obligé de montrer des moments forts, mais non, beaucoup de films sont très beaux en ne racontant vraiment rien, ou pas grand chose. Après, le fait d'avoir choisi un récit finalement relativement classique, avec quelques climax et moments importants, n'est pas forcément un problème en soi, il ne faut simplement pas "vendre" le film en disant que ce ne sont que des petits instants du quotidien (comme l'ont dit Aro dans sa critique, Del Flavio dans le message plus haut ou toi à la page précédente), parce que ça me semble assez faux.

Et en ce qui concerne ton deuxième paragraphe, je pense que Linklater aurait pu aussi filmer le passage du temps sur un paysage, un bâtiment, une ville, de manière plus ou moins perceptible, or il se concentre uniquement sur ces personnages. En revanche, tout le reste (accessoires, vêtements, etc.) je ne suis pas d'accord, c'est quelque chose que tu peux assez aisément recréer de manière factice, et ça ne changerait pas grand chose.
Ce que je voulais dire surtout, c'est que le point de vue de Linklater sur la décennie me semble être celui de quelqu'un de 2014, justement pour sa manière (finalement assez banale) de vouloir à tout prix inscrire ses scènes dans un instant T, en rappelant au spectateur ce que lui aussi a pu connaître à la même époque, comme si il nous disait "vous vous souvenez de telle musique ? Et de Harry Potter, hein ? vous vous souvenez de Harry Potter ? Et Obama ! Ah Obama... J'ai pas l'impression d'avoir vu quelqu'un qui filmait tout ça au présent.
07/08/2014 01:02:12
MacGuffin, on a clairement pas perçu le film de la même manière. Je ne comprends vraiment pas ce qui t'a donné cette impression d'un scénario aussi écrit. Es-tu au courant que Linklater a tourné 1 semaine par an ? Si la trame de son histoire était déjà établie (le début et la fin incluses), il faut savoir que les dialogues, quant à eux, n'étaient pas écrits à l'avance, les scènes n'étaient pas clairement définies non plus. Il a établi un rapport très particulier pour chaque acteur, tout au long de ces 12 années, en demandant à chacun d'écrire précisément leurs ressentis vis-à-vis de l'évolution de l'expérience et de la psychologie de leur personnage. Je pense qu'en ça, le résultat n'aurait jamais été le même. La démarche offre des résultats bien trop authentiques que pour pouvoir la restituer dans un tournage classique.

De plus, je rejoins une nouvelle fois totalement Clyde lorsque tu évoques les climax émotionnels. Ils sont relativement minimes à côté de l'immensité du récit qui nous est présenté. Si certains sont particulièrement marquants et cheap (je te l'accorde, avec le plombier ou la chambre noire par exemple), ils s'insèrent parfaitement dans la beauté du quotidien et ces moments simples. Ils façonnent tout le film au point de les oublier voire de les rendre tout simplement banals. C'est pourquoi, je trouve personnellement qu'il est plus juste de vendre le film comme une anthologie sur l'enfance et l'adolescence d'un personnage à la vie anodine, plutôt que de faire une fixation sur les quelques moments "clés". Ce serait dévaloriser toute l'approche singulière de l'oeuvre et en altérer son propos, son essence et son sens premier.

(j'ai d'ailleurs lu l'inverse lorsqu'on aborde les défauts du film, à savoir, plusieurs fois, que Linklater ennuie un peu trop son public accordant trop d'importance à ces moments où rien n'est dit. Comme quoi...).
07/08/2014 09:08:18
MacGuffin, tu as raison, le scénario parait très écrit sur la fin, et comporte beaucoup de dialogues, c'est vrai que le film aurait surement gagné en émotions avec davantage de souffle. Après je pense que ça fait aussi parti du style Linklater ce type de discussions très développées, comme il a pu le faire encore plus explicitement dans la trilogie des Before, et que ça reste un moyen louable d'essayer d'apporter davantage de substance à ses personnages. Après comme l'a rappelé Del Flavio, je pense que ça ne fausse en rien le réalisme et la sincérité, quand on sait notamment que de nombreuses scènes ont été improvisées ou écrites le jour même du tournage.

Après si le film est vendu ici comme une somme de petits moments, je pense qu'il y a une part de vérité car ça concerne quand même une majorité du film, et on ne voit pas non plus de moments réellement déterminants, même si c'est vrai que certains passages donnent clairement une direction au récit. Au final, on ne peut pas dire qu'il se soit passé grand chose, ça reste un film sur une enfance très banale, mais qui est sublimé par son apport sur les activités quotidiennes. Mais tu fais bien de rappeler qu'il y a quelques climax, histoire que ceux qui s'attendent à ce que ce soit que des moments de rien ne soient pas déçus.

Pour le temps, oui Linklater ne s'est pas tant concentré sur l'évolution des éléments extérieurs, mais davantage sur ses personnages, et surtout sur Mason. En même temps, comment le lui reprocher, quand on sait que le film se concentre purement sur son évolution. Le point de vue me parait donc adapté, ce n'est pas le monde extérieur qui évolue en rapport à Mason, mais Mason qui est évolue dans ce monde.

Quant à la vision temporelle de la société, c'est vrai qu'on a l'impression que tous les moments marquants d'une époque sont assemblés. Je pense tout comme toi que c'est du au fait que Linklater a vraiment voulu inscrire ce projet dans une époque donnée, un instant T, qu'on puisse s'en souvenir, faire le liant avec ce qu'on a connu. Mais pour moi la plupart du temps ce n'est pas si choquant dans le rapport au présent, la musique par exemple, si les personnages écoutent la radio, pas étonnant qu'ils tombent sur le tube du moment. Pour Obama aussi, je me souviens l'année de l'élection même en France on en entendait parlait aux infos quasiment tous les jours depuis les primaires, donc là-bas je pense vraiment que ça a été marquant au quotidien. Puis, l'autre raison qui fait que je ne vois pas qu'un simple rappel de faits, c'est qu'il arrive bien souvent (comme l'a rappelé Schaffer dans son commentaire) à inscrire cela dans la caractérisation de ses personnages, pour garder l'exemple d'Obama, on a le père Hawk, en bon musicien un peu ouvert d'esprit pro démocrate, ce n'est pas qu'une marque temporelle gratuite, ça va plus loin.
07/08/2014 09:53:43
Aussi pour rebondir sur ce que dit Del Flavio, je pense justement que s'il est possible qu'une trame début-fin a du être préétablie, ce qui est passionnant est justement que le film n'avait aucune direction précise, étant variable en fonction de l'évolution de la société mais surtout de son personnage principal. Si Ellar Coltrane était devenu obèse par exemple, le film aurait surement pris une toute autre direction... Il y avait donc matière à avoir une infinité de films différents. La forte corrélation entre la réalité des acteurs et leur personnage est donc assez fascinante, d'autant plus que Linklater l'a très bien compris, leur laissant beaucoup d'espace pour proposer des idées. J'ai par exemple lu que le Black Album des Beatles est un cadeau qu'Ethan Hawk avait réellement offert à son fils, ou encore que Patricia Arquette a été choisie principalement car elle a été mère très jeune, et donc que le film se recoupait vraiment avec son histoire personnelle.