Coup de kokoro !
Alors apparemment, d'après Wikipedia, les films muets au Japon n'était pas seulement accompagnés par de la musique mais également par "un raconteur d'histoires ou benshi", ce qui permettait aux films de ne pas posséder d'intertitres.
Cette idée à ses limites, dans la mesure où certains films doivent être incompréhensibles s'ils ne sont pas accompagnés par ce dispositif, qui fait très "spectacle vivant"! J'ai trouvé que c'était le cas, je n'ai pas réussi à pleinement rentrer dedans...
De plus, je l'ai certes trouvé visuellement intéressant, sans non plus atteindre la beauté formelle d'autres films de cette époque (je pense à L'homme à la caméra ou la chute de la maison Usher par exemple...).
Voila mon petit avis, j'ai tout de même très envie de voir La porte de l'enfer, un autre film du réalisateur sorti en 1952, lauréat du grand prix (ex palme d'or) à Cannes...
Ce film a été édité en DVD avec les commentaires d'un benshi, si tu veux voir à quoi ça ressemblait.
Par contre un benshi sur Une page folle, à mon humble avis ça serait du gâchis car l'art oratoire détournerait l'attention de la puissance visuelle du film. Si la pratique était courante, il y a forcément des cas où elle ne devait pas être bénéfique à certains films. Mais je me fais la même réflexion que toi (sur la "transformation" de l'expérience) avec tous les accompagnements musicaux qui existent pour les films muets.
Ok, j'avoue que je serais curieux de voir ce que ça donne.
Sinon je sais que ça n'a surement rien à voir mais dans le genre "je mets une voix sur un film muet", j'ai revu récemment La ruée vers l'or avec la voix off de Chaplin, j'ai moyennement aimé... Il enfonce tellement de portes ouvertes que ça gâche un peu l'humour et la poésie de son film j'ai trouvé.
Mais dans le cas d'Un page folle, j'avais un peu l'impression de rater quelque chose, comme si les images ne se suffisaient pas à elles-mêmes...
J'avais assisté à une séance de Route en croix présenté par quelqu'un qui a une certaine expertise en histoire du cinéma japonais (il travaillait d'ailleurs à ce moment à un mémoire sur le sujet), et il disait que les benshi avaient beaucoup de pouvoir et d'influence sur l'industrie du cinéma de l'époque, si bien que certains cinéastes ont tenté par différents moyens de prendre leur indépendance vis à vis d'eux. Kinugasa faisait partie de ceux-là, cherchant des façons de donner du fil à retordre aux benshi, et surtout faisant en sorte que ses films puissent être vus sans qu'il y ait besoin d'eux.
Intéressant... Après effectivement, peut-être que le film semble difficilement compréhensible non pas à cause de l'absence de narrateur mais peut-être juste à cause du film en lui-même, qui se veut un peu abscons...
Enfin bon, la question finale qu'on pourrait se poser serait:
La culture du benshi dans le cinema muet Japonais aurait-elle empêché ce cinéma-là de traverser le temps?
En effet, dans l’industrie du cinéma, le Japon a vraiment commencé à compter qu'après la guerre...
Hâte de pouvoir me procurer le DVD de cette pépite nippone