Un film ostensiblement austère. La véracité historique est scrupuleusement respectée. Mais dans le cas de Jeanne D'arc, je pense que l'histoire se suffit bien assez à elle même; inutile de rajouter du pathos. En tout cas c'est une approche tout à fait compréhensible et sincère.
Et bien match nul avec le Dreyer, les deux films ayant des approches opposées et finalement très complémentaires. Bresson a un sens du cadre assez extraordinaire, je me demande d'ailleurs si il ne s'agit pas de la meilleure utilisation du champ/contre-champ que j'ai pu voir jusque là. D'une pertinence remarquable dans sa représentation d'une opposition entre deux camps hermétiques. Après le film ne m'a malheureusement pas touché des masses du fait de son austérité qui est à la fois sa qualité majeure et sa principale limite à mes yeux.
Il faut encore que je revois la version de Dreyer (surtout après avoir adoré Jour de Colère et Vampyr), mais à l'heure actuelle je préfère largement le traitement de Bresson. Cette sobriété et cette austérité collent parfaitement à l'histoire de Jeanne d'Arc et font bien mieux ressortir la profonde solitude du personnage (thème qui me semble être central chez Bresson après six films). Une grande universalité se dégage de ce film, comme s'il synthétisait tous ces instants de instants durant lesquels nous avons été dans l'incapacité de partager quelque chose qui nous est cher avec notre entourage.
Je craignais un traitement de la foi similaire à celui de Journal d'un curé de campagne, qui ne m'avait pas vraiment parlé et qui m'avait empêché de l'apprécier pleinement (malgré une forme à laquelle j'avais totalement adhéré), mais ce n'est pas le cas. La façon qu'a Bresson d'appréhender la foi est toujours différente de la mienne, mais je ne l'ai pas trouvé envahissante du tout ici.
C'est un 8 pour le moment, mais grimpera si le film me marque (ce qui est probable).