Simple comme Sylvain

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Commentaires
14/11/2023 18:25:29

En écartant l'aspect comique réussi et assez jouissif du film, je n'arrive pas à savoir si l'on a affaire à  un simple étalage bourdieusien de l'amour de classe où une caricature  du prolétariat? (ce que souligne marcos uzal dans les cahiers)  

Peut être un peu des deux, mais le film s'efforcera, dans sa deuxième partie,à trop appuyer, les traits du simple, voir bête sylvain, qui ira jusqu'a dire "s'assir" au lieu  de "s'asseoir". 

Le repas dans la famille de celui-ci  écumera certains clichés sans aller vraiment au fond des choses, le discours politique étant réduit aux partages de théories du complot et d'une extrème droite sous jacente à l'écoute de Sardou.


Cependant lors d'une scène de dispute le film révelera pour moi toute sa complexité et aussi sa beauté. 

C'est  dans la faiblesse des mots que Sylvain ne pourra jamais  s'argumenter, c'est cependant une phrase mal placé de Sophia qui fera partir celui-ci. 

Toute la  complexité de ce couple sera d'autant plus parlante dans la réconciliation. 

Alors qu'il avait offert une bibliothéque avant la dispute, Sylvain reviendra lors des retrouvailles avec une tenue sexy pour Sophia, mettant en avant le corps et relégant les mots.

Sylvain à beau avoir "sa curisoité" comme c'est dit dans le film, il ne restera pour lui  que la bestialité  du sexe,  prenant en laisse Sophia il se  place comme dominant . Là ou la dispute à éclaté par la parole  la réconciliation se fera par les gestes, les coprs et le rapport sexuel. Dans un rapport peut être un peu trop manichéen, Sophia ayant la culture et Sylvain le corps.


Comme s'il n'yavait pas d'autres issues possibles pour ce couple, imossible de concilier esprit et  corps,  la fin conclura dans la neige des parapluies de cherbourg un amour impossible, sylvain ayant beau avoir "le coeur à la bonne place"  il n'a peut être pas la tête à la bonne place, ou à la place d'une certaine classe.  


Marcos uzal reproche l'unique point de vue de la bourgeoise Sophia, c'est justement  là ou le film relève sa plus grande froce, Sylvain n'est bien vu que pour son corps et son aspect manuel, lors du repas côté bourgeois, il sera directement solisité pour réparer les toilettes. Peut être sans le vouloir Monia chokri révele bien ce qu'une certaine bourgeoisie voit dans le fantasme prolétaire, une supériorité de la pensée qui les confortes, tout en ayant le plaisir sexuel que l'esprit ne peut donner. 


Bref je suis pas encore complêtement figé sur ce que je pense du film, qui est peut être bien dans mon top 10 de l'année.




09/12/2023 21:04:04
Avis

Troisième long métrage pour Monia Chokri, troisième réussite. L'histoire connue, une bourgeoise, universitaire, s'ennuie avec son compagnon et va tomber amoureuse d'un mec d'une classe sociale inférieure. Mais ce qui est absolument réjouissant dans le film c'est le ton qu'adopte Chokri, elle n'a pas peur de mettre les pieds dans le plat, de ridiculiser son héroïne tout en montrant le côté pathétique des vieux couples qui sont tombés dans la routine.

Chaque situation est de plus en plus pathétique et le film parvient à ne pas se répéter de sorte que oui le film est vraiment gênant, mais est surtout très drôle. Voir ce mec tenter d'impressionner une universitaire en lui récitant des poèmes qui se trouvent en réalité être des chansons de Sardou, je suis désolé mais c'est génial. Elle ne dit rien, mais on voit bien qu'elle n'en pense pas moins...

Et derrière cette comédie romantique jouant très bien sur le malaise on a une belle exploration de la sociologie et de pourquoi les gens se marient entre personnes de la même classe sociale. Ce qui est accepté et commun dans une classe ne l'est pas dans l'autre et si une romance peut fonctionner en terme de désir, de plaisir sexuel, sur le long terme les milieux sociaux vont inéluctablement éloigner les tourtereaux.

Chokri arrive à chaque fois à mettre en scène ce malaise sans être trop didactique, sans sortir de grands discours, on se retrouve par exemple avec l'héroïne qui discute avec sa meilleure amie dans tout un tas de situations absolument surprenantes (j'aime beaucoup comment le cadre enferme les personnages, faisant croire à un espace intime avant de révéler qu'en fait ils étaient en public depuis le début) et expliquant que si elle corrige les erreurs de français de son compagnon c'est pas parce qu'elle méprise les fautes, mais pour l'aider à mieux exprimer sa pensée. Petite façon méprisante (et sans s'en rendre compte) de dire que les pauvres ne peuvent pas dire et penser des choses compliquées.

Et plus ça va, plus le film qui était au départ méchant avec ces couples qui restent ensemble alors que le désir à disparu, plus il est cruel et réaliste sur cette idylle interclasse.

Mais la force du film c'est que oui on se moque, oui les personnages sont pathétiques, mais on s'attache à cette femme dont on comprend les sentiments, les espoirs et qui se rend compte petit à petit que cet amour ne va pas être possible. Personne n'est épargné.

Comme à chaque fois Chokri arrive à trouver une petite astuce dans sa mise en scène pour accentuer le malaise ou le ridicule de la situation, sans pour autant être trop maniéré, ce qui fait que le film est pour les amateurs de malaise au cinéma est à voir absolument.
04/01/2024 19:47:07
Avis

Simple comme Sylvain

Voilà une comédie de mœurs charmante comme nous. Le point de départ est connu : une femme d’âge moyen, issue d’un milieu bourgeois et installée dans sa petite vie mariée, qui va rencontrer un gars issu d’un milieu plus populaire et qui va éveiller des choses nouvelles en elle.

Je trouve que Monia Chokri arrive à traiter son histoire assez justement. Les persos sont vraiment bien écrits, tout sonne très vrai. On épouse le point de vue de l’héroïne dès les premiers plans et on comprend assez vite ce qui va l’attirer chez le beau Sylvain, au point de commettre l’adultère. Tout est déroulé avec beaucoup de naturel tout en gardant un certain style. J’aime beaucoup les choix de mise en scène comme l’usage très récurrent des vitre/miroirs/etc, la grammaire visuelle de l’ensemble est assez riche derrière l’approche de prime abord épurée. Et cette musique associée avec cette photo donne un côté un peu sixties à l’ensemble qui n’est pas pour me déplaire, je ne sais pas si c’est une récurrence dans le cinéma de Chokri mais ici ça contribue à créer une atmosphère plutôt singulière pour ce récit classique.

On a donc une belle histoire d’amour qui sonne juste, qui ne s’encombre pas spécialement de conditions morales mais va plutôt s’attarder sur les tourments du personnage principal qui semble prise dans une spirale d’indécision. Elle n’est sans doute pas heureuse dans sa petite vie bien rangée aux côtés de son gendre idéal de mari, mais l’est-elle plus avec Sylvain l’ouvrier à la fois tendre et animal ? Au-delà des principes amoureux, le film parle clairement du fossé culturel entre les classes et de la difficulté à les concilier. En ça, ça me rappelle énormément La Vie d’Adèle, jusque dans les contrastes frappant durant les scènes de dîner avec les familles respectives. Et autant ça n’épargne pas la famille populaire, entre l’inculture et les relents de racisme plus ou moins assumés, autant ça égratigne bien le milieu bourgeois - notamment durant l’avant-dernière scène qui est sans doute à la fois la plus drôle et la plus malaisante du lot.

In fine un très beau film qui tape juste, qui sait à la fois être léger, réaliste et mélancolique.