Oui c'est par cette citation que commence le dossier que les Cahier consacre à critiquer ce film (!) Ils font quand même une couve pour descendre un film. C'est fort (surtout que certains de leurs arguments je les mettrais en faveur du film)
Sinon moi j'ai pas pleuré (mais je pleure jamais devant un film)
Et sinon le film n'a pas comme sujet principal l'amour mais la maladie et la mort. Et ça c'est froid quand même. C'est même plutôt sur ce que la maladie et la mort ont comme effet sur l'amour;
Le petit mot de Noé sur le film : Amour: I hesitated to put this on the list because the emotions are still so raw. I saw it this year in Cannes while my mother was approaching the end of her life as painfully as the film?s heroine. I cried more than in perhaps any other film in my life as a cinephile. Haneke brought to the screen suffering linked to illness and old age exactly as it exists in every family, as it must have existed for a very long time.
Contrairement à certains, je n'ai pas senti de "froid". Je trouve qu'il y a justement beaucoup de pudeur dans la distance mise entre le couple et le spectateur. Il y a des moments qui n'appartiennent qu'à eux et c'est pourquoi nous sommes mis en retrait. (enfin ce n'est que mon interprétation)
De même, l'amour demeure bien selon moi le sujet central du film, car les épreuves de la fin de vie nous renvoient en pleine face ce qui lie les deux protagonistes. La mort n'est pas le thème principal ; c'est surtout la force de la relation entre Georges et Anne que nous vivons avec eux à chaque instant. Et c'est là toute la qualité d'Amour.
Ce que je trouve assez intéressant dans la mise en scène d'Haneke, c'est sa façon de compartimenter les choses et par extension, l'émotion... l'appartement du couple ne ressemble pas à grand chose, c'est de longs couloirs vides, souvent assombris, des portes, souvent closes, et des pièces, certaines plus fournies que d'autres. Ce qui m'a surpris, c'est ce salon, très dense dans sa "décoration" (surtout en comparaison aux couloirs) : on voit vraiment les années de culture s'afficher sur les murs et les bibliothèques et c'est là que le personnage de Riva demande régulièrement à être transportée... Je pense que c'est le facteur qui peut contrer l'argument comme quoi le cinéma d'Haneke serait trop austère, un peu comme la romance principale dans le Ruban blanc ; il y a des éléments authentiques dans ses films. alors peut-être faudra-t-il traverser une série de couloirs déserts aux murs vides pour trouver la substance, l'émotion, la magie qui lie ces deux individus mais l'émotion existe, elle n'est peut-être pas exprimée de façon frontale comme dans Cris & chuchotements par exemple, mais elle est contenue dans cette pièce, elle existe et c'est le principal. (pour moi en tout cas)
Pour rester dans cette idée de schéma, on retrouve souvent ces plans symétriques sur ces deux portes, l'une est souvent close, là encore c'est assez évocateur, limpide, et beau sur ce que ça dit sur le couple. d'ailleurs de façon générale, je ne pense pas que l'idée de la paralysie soit anodine.
Bref, je ne trouve pas que ce soit un réalisateur dont le cinéma serait d'une austérité maladive, ou excessive... Il y a une très grande synthèse de l'émotion, mais elle existe, ce n'est pas un cinéma dénué d'éléments beaux non plus.
Après, passées certaines idées de mise en scène, sa réalisation reste assez "académique" je trouve, propre mais un peu trop prudente... J'ai senti plus de magie dans le ruban blanc en tout cas.
Dernière chose, qualité totalement extrinsèque au film et qui me fascine assez : la façon dont les dialogues sont échangés m'a rappelé Hiroshima mon Amour et Ma nuit chez Maud pour Riva et Trintignant respectivement, et ça me plaît bien sur ce que ça dit sur le cinéma et le temps qui passe, etc. Un peu comme les acteurs de Bergman dans Saraband.
C'est un film très touchant et très bien réalisé qui souffre malgré tout de petites longueurs et le côté un peu récitation de texte de la part des acteurs ce qui gâche pas le film :|
Sinon moi j'ai pas pleuré (mais je pleure jamais devant un film)
Et sinon le film n'a pas comme sujet principal l'amour mais la maladie et la mort. Et ça c'est froid quand même. C'est même plutôt sur ce que la maladie et la mort ont comme effet sur l'amour;