J'ai vraiment adoré ! Déjà d'un point de vue esthétique c'est assez incroyable... Le travail effectué au niveau de la reconstitution est fou ! Sur une durée de simplement deux heures, on assiste à une histoire extrêmement longue, mais rendue très simple et humble. La tension dramatique est réellement cohérente du début à la fin malgré le fait que l'on passe de décennie en décennie assez souvent ce qui aurait pu perturber le rythme. Sauf que justement, c'est précisément les énormes ellipses qui rythment efficacement le récit, à aucun moment on ne s'attarde avec trop de lourdeur sur un épisode de la vie des protagonistes.
Excellent film: réalisation somptueuse, acteurs parfaits, musique magnifique...Mais, après avoir visionné Le Cerf-volant bleu, je ne peux m'empêcher de comprendre pourquoi Zhang Yimou, lui, n'a pas été interdit de tournage pendant 9 ans.
Passionnant et très beau ! Si en plus on s'intéresse une minimum à l'histoire de la Chine c'est vraiment génial !
(et pas besoin de s'y intéresser pour que ce soit génial d'ailleurs)
Non justement, l'Histoire n'est qu'une toile de fond. Et il est amusant de voir à quel point ce film, comme d'autres, s'en tient aux grandes lignes. Par exemple, on nous parle des années 50, et hop, bien sûr, le grand bond en avant. Et d'ailleurs, on n'en voit pas grand chose...
Ce serait davantage nos personnages, cette famille, qui fait la force de ce film. De les voir vieillir, affronter les épreuves de la vie et de la Chine. C'est souvent triste, mais comme l'indique le titre, on va de l'avant quel qu’il soit. J'aime !
Et puis ça ne fait pas dans le misérabilisme aussi, ni dans un extrémisme (de la Chine maoïste, de la RC). Les épreuves sont difficiles, mais ne sont pas impossibles.
En fait ce qui m'aura le plus marqué dans ce film, c'est le moment où, alors qu'on baigne dans la reconstitution d'une sorte de Chine éternelle, une baïonnette transperce la toile du théâtre de marionnette, dévoilant une armée moderne, comme un signe de la marche désormais inexorable de l'Histoire. Je trouve que c'est une des transitions les plus marquantes et les plus géniales de l'histoire du cinéma!
kaelin a écrit :Excellent film: réalisation somptueuse, acteurs parfaits, musique magnifique...Mais, après avoir visionné Le Cerf-volant bleu, je ne peux m'empêcher de comprendre pourquoi Zhang Yimou, lui, n'a pas été interdit de tournage pendant 9 ans.
En me fiant à une critique de ce film, il aurait été interdit pendant 2 ans et le film est interdit à la projection en Chine.
De que je me souviens du Cerf-volant bleu, la révolution culturelle y est montrée de manière plus explicite, avec par exemple des gardes rouges humiliant publiquement une professeur, et une plus longue part du film y est accordée.
Dans Vivre ! c'est peut être un poil plus détourné comme approche : l’exécution du riche propriétaire peut être interprétée comme une certaine ironie du sort, You Ge échappant à cette exécution en perdant à un jeu de hasard des années plus tôt (ce qui en plus pourrait être cohérent avec la conception traditionnelle qu'on les chinois du hasard), plus que comme une conséquence de la révolution culturelle. Plus tard quand la fille meurt en accouchant, on peut bien évidemment y voir une critique de la révolution culturelle, le médecin ne pouvant intervenir à cause des gardes rouges. Mais c'est aussi beaucoup de malchance,
celui-ci s'étouffant avec le pain qu'on lui donne. Encore une fois le hasard à une certaine importance.
Peut être que je surinterprète et que je suis à côté de la plaque sur la question de pourquoi Tian Zhuangzhuang est interdit de filmer et pas Zhang Yimou. Mais c'est quand même possible que les deux films n'aient pas tout à fait la même approche de l'histoire chinoise.Message édité
