Au début, je ne voyais pas où Khoo voulait en venir, et je m'étais déjà dit que j'allais me ranger parmi les détracteurs du film. Mais finalement, j'ai compris. Le film est juste limpide, sincère et magnifique et m'a profondément touché.
Et justement, ça n'a rien de poseur parce que c'est bourré d'imperfections, d'imprécisions : coupes intempestives qui peuvent faire tiquer, cadrages maladroits, parfois un peu naïf et appuyé, oui. Mais finalement, c'est justement parce que le film est bourré de petits défauts qu'il est si beau et si puissant, parce qu'un cinéaste poseur aurait essayer de berner son spectateur par une virtuosité formelle malvenue, qui est absente ici.
Aucune prétention dans la démarche de Khoo qui cherche simplement à faire son film, de la manière la plus simple qui soit, et le résultat est bouleversant.
S'il y a quelque chose que j'admire, et d'ailleurs un élément essentiel du cinéma asiatique moderne (je parle pas du sud-coréen policier, mais du reste), que ce soit dans la Chine, le Japon, Singapour ou Viet-Nam pour le peu que j'en connaisse, ou Corée du Sud, c'est un pouvoir commun dans l'ambiguïté et le réalisme des personnages, c'est une force particulière qui déjà me rend passionné de ce cinéma-là.
Et là, c'est un peu tout le contraire dans ce film. Alors c'est beau (quoique), la vie de Madame est belle à entendre et c'est jamais pour impressionner ou donner une leçon de morale, mais les personnages quoi... Le gros lourdeau qui a tout foiré (faut bien montrer qu'il est martyrisé par son père et son frère hein, autant en rajouter), la fille qui se remet pas que sa copine la lâche (là aussi faut en rajouter, parce que bon on le comprend assez mal apparemment - ou bien on nous prend pour des cons je sais pas), etc etc...
La fin est franchement plaisante (on "sauve" le tout pour pas que ça empire), la forme souvent intéressante (histoires qui s'entremêlent narration sans parole avec la femme - logique), mais ça panse très maladroitement des lacunes sur le fond indignes de ce cinéma-là, cela m'a quasi-révulsé, et le pire dans tout ça... c'est qu'au bout d'1/4 d'heures à peine on le voit, on le sait. Et toute la suite, ba on arrive pas à s'en départir.
J'ai jamais senti qu'on m'expliquait avec insistance l'histoire des personnages mais qu'on s'en rapproche de plus en plus avec des chemins tous tracé et on se demande comment on ressent ça.
Je me suis bien dit à certains moments que si on prenait le film sur seulement quelquzs scènes précises en zappant dessus, en cassant l'ensemble, on a effectivement des stéréotypes cinéma triste tout crachés.
Mais c'est juste. En tout cas ça fait plaisir de voir un conflit d'opinion, même daté, par ici.Message édité