Nightmare Alley

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Commentaires
20/01/2022 17:29:01

Ah ouais j'étais complètement passé à côté qu'il sortait un nouveau film, la hype semble complètement morte depuis son oscars en 2017 :(

21/01/2022 10:17:05

En même temps c'était la première fois qu'il y avait eu une "hype" autour de Del Toro et ça m'avait surpris, ok le film était peut-être plus accessible mais pas non plus radicalement différent de ce qu'il fait d'habitude. J'ai plutôt l'impression d'un retour à la normale en fait.

22/01/2022 22:29:28

Il y avait une hype d'enfer autour de Le labyrinthe de Pan non? J'ai le souvenir que c'est un film qui avait fait beaucoup de bruit.


 Sinon je suis allé le voir cet aprem et c'est une semi-deception.

Formellement c'est magnifique comme toujours chez Del Toro, on retrouve ces couleurs très chaleureuses, ces mouvements de caméras très fluides sans être tape-à-l’œil et cette manière de cadrer qui lui est propre qui arrive à mettre les personnages bien en avant.

Mais le film a du mal à décoller, on s'ennuie plutôt pendant les 2h20 qui constitue le film. J'ai trouvé ça très verbeux, c'est comme si le scénario n'avançait que par les dialogues, alors que Del Toro nous proposait une narration beaucoup plus visuelle avec La forme de l'eau par exemple.


Et les personnages manquent d'épaisseurs, on a un peu de mal à les cerner et on a un peu de mal à trouver les situations crédibles.

Je pense notamment à Willem Dafoe avec son "crétin" que personne ne condamne alors que ça parait inhumain pour tout le monde. Ou encore Perlman qui met soudainement trois patates à

Bradley Cooper alors qu'il n'a rien fait de mal ?

Ou encore Cooper et Blanchett qui se pécho comme ça, pour le fun

Mais aussi le riche qui investit énormément de fric dans les talents de "medium" de Cooper, ça parait tellement précipité et tiré par les cheveux...

Tous ces éléments, entre autres, m'ont un peu empéché de croire à l'univers mis en place. C'est dommage, je m'attendais à adorer...



23/01/2022 11:43:16

Qui es-tu, invité mystère ?

23/01/2022 14:00:21

Je suis alvy ! Le temps que j'écrive le message, mon ordi me déconnecté du site... 

Sinon qu'est-ce que tu penses de ce que j'ai dit plus haut ? 

03/02/2022 00:17:24
Avis

On peut compter sur Del Toro pour régaler son spectateur :bave:

Il continue sa démarche de rendre hommage à des pans entiers du cinéma hollywoodien classique en explorant ici le registre du film noir. Ca lui permet de poursuivre la démarche de La Forme de l’eau tout en faisant quelque chose de radicalement différent, et ceux à qui le côté sombre de son cinéma manquait seront servis.

Bien évidemment, c’est du Del Toro donc on a une excellente mise en scène qui épouse les codes du film noir - notamment en offrant des clairs-obscur comme on en a que trop rarement dans le cinéma contemporain. Mais il est loin d’un simple pastiche puisqu’il y a une manière de filmer très moderne avec cette caméra en mouvement constant - et la photo toujours aussi soignée et riche en couleurs et nuances de Dan Laustsen. C’est souvent virtuose et ça pourrait passer pour du formalisme si ce n’était pas à chaque instant entièrement dédié à l’univers du film et à ses décors fouillés, entre le bordel fourmillant de la fête foraine et ces fastes bureaux et salons urbains.

C’est aussi un grand film d’acteurs puisqu’on a un casting assez excellent, entre Bradley Cooper qui vient peut-être chercher son meilleur rôle, Cate Blanchett impeccable comme à son habitude, Rooney Mara que je suis toujours ravi de retrouver, sans oublier Toni Colette, Perlman, Dafoe… Et c’est le genre de film où on sent que les acteurs prennent un pied énorme à réciter leurs dialogues, d’ailleurs ça regorge d’échanges assez excellents, notamment les jeux de séduction/pouvoir entre Blanchett et Cooper où on sent que chacun essaie de prendre l’ascendant sur l’autre. Avec en plus Del Toro qui sublime son casting à chaque plan.

L’histoire peut paraître assez classique pour du film noir puisqu’on en a tous les archétypes : le perso principal moralement trouble, les deux clichés féminins avec Blanchett et Mara, le rapport au passé… Et on a un récit pas forcément original d’un mec qui se pervertit à mesure qu’il gravit les échelons. Mais encore une fois, tout est dans la manière de raconter, dans l’amour qu’a visiblement Del Toro pour ses personnages et le soin qu’il apporte à la narration, sans forcément chercher à surprendre son public mais plutôt à le diriger naturellement au sein d’un conte noir aux relents de tragédie inéluctable.

On retrouve quelques unes de ses thématiques fétiches comme la figure de la monstruosité qui est exploitée ici de manière assez inédite tout en faisant écho à un autre grand film du genre, situé dans un contexte similaire. Mais aussi tout ce rapport à la fiction et à la mise en scène puisqu’on évolue dans un monde de prestidigitateurs et de manipulateurs des émotions - difficile de ne pas mettre ça en rapport direct avec le cinéma. Surtout au vu du parcours de Cooper qui commence le film comme un apprenti metteur en scène créatif et enthousiaste, un vrai artisan (reflet de Del Toro lui-même ?) avant de perdre progressivement son innocence à cause de l’appât du gain. J’ignore à quel point ces thématiques sont présentes dans l'œuvre originale mais c’est clair que le cinéaste s’approprie son matériau, au-delà de sa démarche d’hommage.

On a donc un Del Toro qui ne déçoit pas, une nouvelle fois, et reste définitivement l’un des auteurs les plus intéressants à Hollywood. Du pur cinéma maîtrisé et surtout passionné.
08/02/2022 03:45:38
Avis



Avec Nightmare Alley Del Toro propose ici une relecture de Freaks, après avoir proposé une très fade relecture de L'Étrange Créature du lac noir. On y suit donc un bellâtre qui débarque dans un cirque avec une idée derrière la tête et ça ne va pas forcément bien tourner.

J'aime beaucoup l'ambiance du début du film, assez cauchemardesque, avec ses monstres de foire malheureusement humains. Il s'amuse avec le côté glauque que peuvent avoir ce genre d'endroits dans le cinéma horreur et les trucs louches qui s'y passent. J'aurais cependant apprécié que le film y passe plus de temps, que chaque rencontre avec un nouveau personnage ne serve pas juste à faire avance l'histoire, que tout ça ait plus le temps de vivre, d'être organique.

Surtout que dans le cirque on a pas mal de personnages qui auraient mérité d'être plus développés.
La distribution est d'ailleurs excellente, notamment Willem Dafoe qui est pile dans ce qu'il fait de mieux à savoir le type dont ne sait pas s'il est à deux doigts de sombrer dans la folie, ou s'il l'a déjà fait depuis longtemps. Cate Blanchett et son personnage, sont pour moi le point fort du film, mais malheureusement sous exploité.
J'ai cependant eu plus de mal avec Rooney Mara et Bradley Cooper qui ont l'air limite trop vieux pour leur rôle. Mara qui a la mi trentaine semble jouer une jeune adulte et sa naïveté au début du film ne passe pas forcément très bien (ça passe mieux dans la seconde partie du film où elle est un poil plus âgée et mature).

Mais comme je le disais c'est vraiment Blanchett le personnage le plus intéressant, le plus trouble et il n'apparaît que trop peu à l'écran. On se doute qu'il y a quelque chose de louche avec elle, qu'elle va se trouver au centre d'un rebondissement. Cependant je trouve ça beaucoup trop simple, comme si Del Toro n'avait pas eu envie de s'emmerder avec le côté film noir du long métrage et ça donne une impression de facilité. C'est du tout cuit parce que le scénario le veut bien.

Et c'est le reproche que j'aurais à faire sur le film : c'est cousu de fil blanc. Disons que j'ai pas l'impression que quiconque se soit cassé la tête à faire une histoire qui soit un peu émouvante, surprenante. On va être honnête la fin, on la connait dès le début. Mais lorsqu'elle arrive on n'est pas surpris et on ne sent pas le destin à l’œuvre qui mettrait le héros dans une telle situation. C'est juste longuet, on voit où le film veut en venir et c'est long.

Le film n'a aucune surprise, tout ce qu'il amène sert ensuite dans l'histoire, ce qui donne l'impression que chaque détail est important mais vu que le retournement de situation final est simpliste, le film soudain assez vide et plat.

Oh c'est pas mauvais, c'est bien joué, il y a une jolie photographie qui flatte l’œil, j'ai beaucoup aimé le montage qui savait parfois couper juste quand il fallait pour donner de la pêche à une scène et redynamisé l'ensemble...
C'est juste que c'est vide et assez vain à l'arrivée.
06/03/2022 11:25:27
Avis

Une première partie vraiment bien, une deuxième plus moyenne et une fin décevante.

On rentre facilement dans ce monde de forains, aux airs obscurs et occulte en surface - notamment par jeu et une photographie maîtrisés. Malgré le côté "glauque" de ce cirque, on apprend très rapidement à connaître les principaux personnages, forts sympathiques de surcroit. On ne sait pas très bien où ça va mener, mais on a clairement envie d'en voir plus. Chaque attraction, chaque métier et chaque nouveau personnage est un prétexte pour nous impliquer un peu plus dans la vie de la foire ambulante et nous fait rentrer dans leur monde.
Plus que tout, on découvre l'univers en même temps que le personnage principal et c'est un gros atout, surtout dans ce genre de film. On devient familier avec les lieux et les gens en même temps que lui et ça nous rapproche également du héros.

Deuxième partie plus classique : on a un rise and fall qu'on devine très rapidement, ce qui n'empêche pas qu'on veuille savoir où exactement tout ça va mener. Je passe rapidement sur l'énorme incohérence de la complicité cachée entre le héros et la psy : Kimball sait qu'ils se connaissent, pourtant il ne fait pas le lien quand les informations qu'il/sa femme a livrées au docteur se retrouve dans la bouche du soi-disant médium. Pareil pour Grindle. Le mec a peut-être livré ses noirs secrets à une seule personne dans l'univers, et il ne se doute pas un instant que le héros les a obtenu d'elle ? Même pas un soupçon ? C'est gros comme un éléphant, mais ce n'est pas le plus gros défaut de ce film.

Non, car si Nightmare Alley a perdu mon intérêt dans sa deuxième moitié, c'est vraiment cette fin qui est rageante. Le plan foire, OK, c'était à prévoir. Stan va voir Ritter pour reprendre son blé, OK. Et là, plot twist : la psy est méchante en fait et va le rouler. Surprise inutile selon moi, surtout qu'on y va à fond : violons, nuit, bureau plongé dans la pénombre, "vous avez des désillusions monsieur, et moi, votre psy, l'ai toujours dit, d'ailleurs j'enregistre cette conversation comme ça personne ne vous croira"... il ne manque que les éclairs. Surtout qu'on ne s'y attarde pas - on passe vite à la scène suivante -, mais quand on y pense, le plan de la psy ne tient pas debout non plus... (les billets sur le sol, l'enregistrement à moitié, la police va trouver tout ça suspect si elle se penche un peu sur l'affaire. Heureusement, nous n'avons pas ce luxe puisque vite : le héros se fait poursuivre, il faut passer à la suite).

Je ne parle même pas de ce final que ma femme avait vu venir dès le début du film (j'étais naïf, je ne l'ai deviné que quelques minutes avant le générique) et qui encore, ne sert qu'à clore ce récit d'une manière ultra consensuel, où la moitié bluffée des spectateurs dira : "haha, c'est drôle, son orgueil l'a mené bien bas, la boucle est bouclée, bien joué del Toro" et l'autre moitié qui l'avait vu venir sera très fier raconter à qui veut l'entendre que "oui, oui, je l'avais deviné car je suis très intelligent".

En résumé donc, on a un superbe début, une photographie sublime, de la matière en veux-tu en voilà, sublimée par la pluie. Un univers qui nous est plus ou moins étranger, des personnages hauts en couleur et attachants. Tout ça sentait si bon... Et puis, voilà qu'on change de registre et on passe dans un truc limite mélodrame hyper attendu et hyper consensuel. C'est dommage et ça laisse un arrière goût de "putain mais pourquoi ? C'était si bien parti !"
06/03/2022 14:25:04

Pareil, j'étais venu voir une version contemporaine de Freaks et la moitié du film c'est du drame noir super chiant, complètement balisé. Et alors la fin... 

01/04/2022 00:04:48

Curieuse séance que celle de Nighmare Alley dont je me souviendrais encore longtemps.

15 personnes dans la salle - séance en VOSTFR - let's go ! 

Au bout d'une heure et demi de film, soudainement plus de sous-titres. La gérante se pointe au bout de 5 minutes tandis que les vieux du fond commençaient à grommeler. Le problème vient du DCP selon le distributeur. Donc il reste plus d'une heure de film et ce sera en VO sans sous-titres. Agacé, la quasi totalité de la salle se vide, il reste deux personnes (y compris moi). Je fais le malin en disant que je capte l'anglais mais en réalité je galère à déchiffrer l'ami Cooper.

Et soudainement, 10 minutes plus tard, les sous-titres reviennent comme si de rien n'était et ce, jusqu'à la fin du film.

Même après des années à traîner dans les salles obscures, on arrive encore à être surpris par des évènements inédits :hap: