J'ai que lu " Récits du vieux Royaume" pour le moment, que j'ai engouffré avec délectation. Faudra que j'attaque Rois du Monde. Par contre, niveau plume française, dans un style bien différent, Damasio reste insurpassable pour moi 😍
La horde du contrevent ça a été une assez grosse dception pour moi l'année passée.
La horde du contrevent ça a été une assez grosse dception pour moi l'année passée.
Ah zut...😞 Trop de types extasiés dans mon genre, qui ont gonflé tes attentes à un niveau ingérable peut-être. Ou juste pas ton truc, je peux comprendre aussi
c'est drôle qu'il y ait si peu, dans vos choix, de littérature anglaise et américaine d'avant (en gros) les années 1930/1940. Personne n'a cité Henry James par exemple, ou Melville, Twain, Conrad, Stevenson, Dickens, Hardy, Carroll, Chesterton... ou même Joyce ou Woolf. Je dis ça sans le juger ni le déplorer, seulement ça me surprend un peu (peut-être parce que plusieurs de mes amis lecteurs s'y intéressent beaucoup). J'essaierai de constituer mon petit top dans les prochains jours, il y aura sans doute certains de ceux-là.
J'aime beaucoup Conrad et Melville, j'en ai lu pas mal. Nostromo est mon favori de Conrad, et ensuite Sous les yeux de l'Occident (les dostoievskiens devraient l’apprécier celui là). Pour Melville, c'est difficile de donner des favoris derrière Mody-Dick, mais Pierre ou les Ambiguïtés et L'escroc à la confiance sont vraiment excellents, et un peu éclipsés par le cachalot. Henry James j'ai un peu abandonné après Washington Square mais conceptuellement j'aime beaucoup son style. Joyce j'avais lu ou plutôt escaladé Ulysse l'année dernière, mais je me suis arrêté à trois chapitres de la fin en novembre puisqu'il fallait que je le rende à la bibliothèque. Stevenson j'avais lu avec intérêt Le Maitre de Ballentrae, et L'ile au trésor évidement, mais je connais pas trop au delà de ça. Twain, Hardy Chesterton et Woolf je ne connais pas du tout, et de Dickens j'ai lu qu'Oliver Twist. Après mes grosses découvertes en littérature ces dernières années, c'est plutôt les romans chinois et David Foster Wallace.
Et je saurais pas vraiment en faire un top.
📢Madlaine
"Pour reprendre ta citation de Kafka, je classerais la philosophie, les essais et autre biographies en dehors de la littérature. Tout ceci manque cruellement de style à mon goût !"
C'est pour cela que j'ai distingué les deux. Je ne sais plus qui le disait, mais le propre du philosophe, c'est de mal écrire et il est vrai que la lecture de Hegel par exemple, de Kant, c'est souvent ardu, et peu exaltant. Par ailleurs, certains textes sont des notes de cours par exemple (cf Aristote), ou ont été dictés et non écrits (Les Essais de Montaigne).
Pour autant, je trouve que certains textes philosophiques ont une véritable valeur littéraire ; Nietzsche, notamment, a un style remarquable, une exaltation presque romantique. Rousseau a un style magnifique ; Pascal est peut-être le plus grand écrivain français avec Proust. Il y a, notamment aux XVIIe et XVIIIe siècle, de grands textes littéraires chez les intellectuels ; à partir du XIXe siècle, ça s'est un peu perdu - mais il y a Nietzsche, et éventuellement, Schopenhauer.
La question du style est évidemment littéraire et non philosophique ; mais de grands penseurs ont réussi à mêler les deux. Et le plus grand exemple est bien Platon, dont les écrits philosophiques sont des pièces de théâtre absolument magnifiques, encore plus peut-être qu'Eschyle, que Sophocle, etc...
Mais je suis globalement d'accord avec toi ; il y a une distinction importante à faire, c'est évident. Mais cela peut être malgré tout, tout à fait exaltant, même quand ce n'est pas par le style - être transcendé par l'Idée.
📢Emaxz 📢OfficierGrant
En tant que fan absolu de Dostoïevski, j'aimerais bien réagir.
Qu'as-tu lu de Dostoïevski, Emaxz ? Je ne suis pas sûr, si tu n'aimes pas Dostoïevski, que Crime et châtiments te fera changer d'avis ; le style est exactement le même que ses autres grands romans (Les carnets du sous-sol serait à part dans la bibliographie de Dostoïevski). Néanmoins, Crime et châtiments, dans les "grands romans" de l'écrivain, est peut-être le moins dostoïevskien, dans la mesure où il manque un "Idiot", cet idéal de pureté christique, il manque un Prince Muichkine, un Aliocha ; et il manque une figure type du nihiliste philosophe, du personnage allégorique du nihilisme destructeur (un Kirilov, un Ivan), là où Rodia a un rapport moins intellectualisé et plus ambigu avec le nihilisme. Après, Crime et châtiments est un grand livre, et quoiqu'il arrive, même si tu n'apprécies pas, ce ne sera pas inutile.
Sinon OfficierGrant, je comprends totalement qu'on puisse ne pas aimer Dostoïevski, pour pleins de raisons (le style très théâtral, fondé sur les tirades et les dialogues, le fond, qui bouscule les frontières du Bien et du Mal, etc.). J'aime beaucoup ce qu'en dit Tarkovski personnellement : « La tension statique, sans développement aucun, donne aux passions une acuité beaucoup plus convaincante que certains changements progressifs. C’est ce qui me fait aimer Dostoïevski. » Mais il est évident que Dostoïevski peut être clivant (Les Démons, notamment).
Par contre, c'est assez osé de dire qu'il est "surestimé".
Il est le romancier étranger qui a le plus influencé la première moitié du XXe siècle en France ; sa postérité est immense, et il est sans aucun doute le complément littéraire de la philosophie de Nietzsche ; il est l'écrivain de la tension des idéaux, il est l'écrivain de la réflexion morale, de la réflexion sur le nihilisme (il est peut-être le plus grand penseur du nihilisme des XIXe et XXe siècles), sur le suicide métaphysique, il est nietzschéen avant l'heure, il est déjà Par-delà Bien et Mal (Kirilov, Hippolyte) et déjà trop humain (le Prince Muichkine, Aliocha). Il exprime déjà le rapport de l'humanité avec l'idéal de la destruction, sur la tautologie nihiliste, dont Nietzsche pense qu'il s'agit d'une des deux voies vers la fin de l'humanité (l'autre étant la destruction, non pas de soi et de l'autre, mais de la morale, pour "libéré la vie"). Sans Dostoïevski, Nietzsche n'aurait peut-être pas été celui qu'il a été (il était un grand lecteur de Dostoïevski). La mort de Dieu est déjà théorisée par Dostoïevski, avec ce qu'on appelle le fameux théorème de Dostoïevski : tout est permis car il n'y a plus Dieu, c'est le nihilisme axiologique, toutes les valeurs se valent (et ici, c'est plutôt Rodia qui l'incarne). C'est ce qui inspirera d'ailleurs Max Weber et son concept de "La Guerre des Dieux". Dostoïevski est l'une des figures de proue des penseurs et romanciers tels que Camus, Cioran, Céline, Kierkegaard, etc. Même Sartre, qui s'intéresse énormément à la pensée de Dostoïevski selon laquelle ‹‹l'homme est condamné à être libre.››
Dostoïevski étant en avance sur son temps ; et s'il a un regain de popularité, c'est bien parce que les thèmes dostoïevskiens ont rarement été d'autant d'actualités (la crise axiologique des valeurs). Proust mesure le chef-d'oeuvre à la postérité ; en cela, Dostoïevski a produit de nombreux chef-d'oeuvres.
Mais je comprends tout à fait qu'on adhère pas.
Message éditéOn ne peut que s'incliner devant tel argumentaire évidemment je ne cherchais pas à remettre en question sa postérité et ses influences effectivement immenses dans la littérature (et peut-être davantage encore dans la philosophie comme tu sembles l'affirmer).
Simplement qu'il est un peu érigé en alpha et omega de la littérature russe au sein du débat public au détriment d'autres auteurs non moins talentueux (mais peut-être est-ce là un biais de perception de ma part, ou alors un fait objectivement observable, lié comme tu l'écris à cette crise contemporaine des valeurs). De là "surestimé" n'est pas le bon mot, mais tu comprends mon idée : il occulte souvent un large pan de la littérature russe, en particulier chez les "profanes" de celle-ci, quitte à en rebuter certains de par la radicalité de son oeuvre...
J'ai lu Crime et Châtiment et commencé les Frères Karamazov sans avoir la force de finir ce dernier, sans doute pour les raisons qui te font l'apprécier et que tu as citées : ce style théâtral, verbeux (à mon sens) et qui pousse toujours comme tu l'as dit le fond à refaire surface dans la forme selon une perspective métaphysique. Cependant on ne peut lui retirer ce "je ne sais quoi" des auteurs qui ont été marqués dans leur chair et leur âme par une expérience personnelle traumatisante (le goulag pour Fiodor). On le ressent très fortement dans C&C, c'est "transcendant" et parle à tout le monde.
Mon bagage philosophique contemporain est encore plus médiocre que ne le sont mes connaissances en philosophie "classique", ce qui m'empêche sans doute de l'apprécier à sa juste valeur, mais je comprends tout à fait qu'un adepte de Nietzsche y trouve-là une splendide mise en mots de ses thèses. Je suis plus adepte d'auteurs russes davantage "accessibles" mais non moins excellents : Tchekhov, Gogol...
📢OfficierGrant
Oui j'ai bien compris l'idée, ce n'était nullement une invective bien entendu (plutôt un cri d'amour )
Et il est vrai que la littérature russe est parfois réduite aux deux mastodontes que sont Dostoïevski et Tolstoi, alors qu'elle est richissime et dépasse largement ces deux-là (effectivement, Gogol, Tchekov, mais aussi Gorki, Pouchkine, Tourgueniev, Lermontov, entre autre, tous des géants, voire des génies). D'ailleurs, le père de cette littérature, ce n'est pas Dostoïevski, c'est bien Pouchkine, que l'on nommait "Le Poète" dans la seconde moitié du XIXe siècle en Russie. Mais en tout cas, je comprends parfaitement les raisons pour lesquelles tu n'aimes pas Dostoïevski.
Et je n'apprécie pas particulièrement non plus quand on fait d'un auteur "l'alpha et oméga" d'un genre ou d'une littérature, ce qui arrive effectivement chez les adeptes de Dostoïevski, ou chez ceux de Tolstoi (même si ces dernières années, Dostoïevski a en effet plus la côte ahah !).
1) La Bible - Dieu
1) La Bible - Dieu
On a pas fait mieux depuis...
Je me sens bien con à coté de vous, je connais presque 3/4 des auteurs cités grâce à mon immense culture g, mais il faut maintenant que je les lise ces livres. Je pense à Le portrait de Dorian gray, Le rouge et le noir, Voyage au bout de la nuit... Un milliard de classique que je dois découvrir.
Sinon pour apporter une maigre contribution sur les "meilleurs" livres que j'ai lu parmi les dizaines que j'ai fini, j'avais été bien marqué par Samedi de Ian McEwan.
J'aimais bien la manière dont on rentrait dans la psyché du héros, on se perd dans ses pensées qui digressent complètement de la trame narrative principale. Ca donne quelque chose de très poétique, suspendu, pour ensuite créer un choc brutal quand on revient à la réalité.
J'ai ensuite lu Dans une coque de noix du même auteur, qui m'a moins plu, mais assez puissant tout de même.
Egalement, Maupassant m'a enchainé les claques avec Le horla, La mort d'Olivier Becaille ou Pierre et Jean. Sa description de la folie, ou de situations folles, sonne tellement authentique, qu'on a l'impression de devenir soi-même un peu fou.
Puis récemment, Notes sur le cinématographe de Bresson m'a complètement séduit. A l'instar des pensées de Pascal, on y trouve des phrases, des petits paragraphes, qui sont autant de réflexions que l'auteur fait, non pas sur la vie (quoique) mais sur le cinéma, sur sa manière de le concevoir en tout cas.
Certaines phrases permettent à la fois de mieux comprendre son cinéma mais ont également une vraie "valeur littéraire", dans le sens où on y trouve un style qui permet de rendre beau certaines idées qui, exprimées plus basiquement, n'auraient pas le même impact.
Ah oui McEwan, très grand auteur contemporain en langue anglaise ! Je n'ai lu que Atonement de lui, mais il a un style très marquant comme tu dis. Il fouille beaucoup son histoire, c'est très plaisant et très unique.
J'aime bien McEwan aussi ( même si ya pas que du bon) que j'avais découvert parce que j'avais adoré l'adaptation de son bouquin Cement Garden.
📢banana Ouais Jaworski c'est clairement mon auteur préféré, ses nouvelles c'est du génie, sa plume c'est la plus belle qu'il m'ait été donné de lire et ses romans sont excellents. J'ai mis Gagner la guerre parce que sa saga Roi du monde sur la Gaule Celtique est encore en cours de publication, mais je trouve cette dernière encore meilleure.
Ce mec à vraiment l'art de toujours trouver le mot juste, son vocabulaire est immense mais ça ne fait jamais pompeux, c'est toujours le mot qu'il faut.