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Commentaires
27/10/2022 01:15:25

C'est des enfants qui jouent à la Barbie ?


Close Barbie
27/10/2022 10:17:06

07/11/2022 13:06:29

C'est des enfants qui signent un contrat ?


Close de contrat
07/11/2022 14:56:40

C'est des enfants qui jouent pour la Mannschaft ?


Miroslav Close

21/11/2022 15:34:08
Avis

Close est le théâtre d'un double deuil. Ce n'est pas tant le plus évident des deux qui en fait sa richesse. En effet, même si un drame survient au tier du film, c'est surtout son impact sur le personnage principal, Léo, et son environnement qui fait du film une oeuvre profondément poignante et authentique à laquelle on peut s'identifier - on a tous été pré adolescent, on a tous perdu la beauté de l'innocence enfantine.

Emouvant jusqu'aux larmes, je trouve le récit très vrai. Pourtant, tous les ingrédients étaient présents pour faire quelque chose de bancal et bien moins puissant : des enfants comme personnages principaux, non professionnels qui plus est ; une histoire de pseudo-harcèlement/homophobie ; suicide en plein film ; autant d'éléments que j'aurais trouvés risqués ou même discutables.

Mais ici, les enfants sont parfaits - probablement un bienfait de leur amateurisme, d'ailleurs. Ils sont animés par certains dialogues que j'ai trouvé très vrais également, le genre de phrases très niaises qu'on peut dire à leur âge mais qui donne toute la saveur à ces personnages. Et comme évoqué plus haut, le drame survenu est moins un moyen de faire surgir une émotion facile qu'un véritable changement aux conséquences bouleversantes. Enfin, les raisons qui vont pousser à la mort d'un des personnages n'ont rien à voir avec leur sexualité réelle (en tout cas le film ne permet qu'hypothétiser la chose, au mieux). On se moque d'eux parce qu'ils sont proches comme des meilleurs amis garçons, pré-adolescents innocents, mais la beauté (et la tragédie) est évidemment qu'ils n'éprouvent rien pour l'autre qu'une amitié fusionnelle.

Je ne peux omettre les deux scènes majestueuses que sont l'annonce du bus et l'aveu dans la voiture. Dans la première, on est véritablement mis dans la peau du gosse, qui sait comme nous qu'il y a un problème (là où 95% des films rendrait Léo niais genre "mais qu'est-ce qu'il se passe ?", là on sait qu'il sait) - c'est pour cela qu'il reste dans le bus, forçant sa mère à venir le rejoindre pour le lui "dire". Et là, Léa Drucker lui lâche les mots miettes par miettes, et le spectateur est comme Léo ; on s'attend au pire, on espère le mieux. La tension dans cette scène ainsi que dans celle de la voiture est permise grâce aux silences assumés et aux longs plans sur l'un ou l'autre des personnage, reflétant la réalité de ce genre de scène : on est réticent à parler, et le silence ne fait qu'aggraver la réalité.
La réaction du personnage d'Emilie Dequenne est bien plus poignante que si elle avait commencé à gueuler sur le petit. Le "Sors." tremblant, à peine audible, glace le sang, et à raison, Léo va craindre pour son intégrité physique et ramassera une pauvre branche dans une ultime tentative de se défendre de la mère de son ami qui le poursuit dans les bois : geste aussi naïf que touchant. Mais ici, on n'est pas dans une vendetta débile. Pas question de tomber dans un combat à mort dans les feuilles mortes. Et c'est bien naturellement (mais non sans en être poignant) que Sophie vient lentement prendre Léo dans ses bras, écartant le gourdin de fortune, contenant ses émotions de colère, tristesse ou déception contre un geste d'amour pur.

Mais outre ces moments, le reste du film est bien une ode élégiaque à la fin de l'enfance et de son innocence. C'est en ça qu'il dépeint un double deuil. On y voit un Léo qui s'éloigne de ses valeurs de jeunesse pour s'adapter à ses (nouveaux) camarades, s'en faire accepter, développer des nouveaux hobbies pour être cool. Il va se refermer sur lui-même, rongé par la culpabilité, jusqu'à trouver le courage de passer à l'aveu. Malgré tout, le film ne se termine pas en happy end : Léo va continuer sa vie, tandis que les parents de Rémi ont déménagé dans le but compréhensible de refaire la leur, à l'image de l'enfance resté laissée au vestiaire. On ne reviendra pas en arrière, comme on ne leur rendra pas Rémi.

Qu'on y voit une image miroir de notre enfance personnelle ou que l'on se projette en tant que parent, Close ne peut qu'émouvoir, tant par son sujet que par son traitement sobre fleurtant avec le réel, de manière brillante selon moi.
21/01/2023 18:16:15
Avis

Je crois qu’on était beaucoup à être curieux quant à la carrière de Lukas Dhont après Girl. On en retrouve beaucoup d’ingrédients : l’approche naturaliste, le trouble de l’identité sexuelle et le choix de traiter l’adolescence comme un processus de changement, souvent douloureux.


Et tout fonctionne à peu près aussi bien. Dhont arrive à filmer quelque chose de très intimiste et forcément un peu troublant entre ces deux jeunes ados dont la relation reste ambiguë. Comme pour Girl, le film fonctionne énormément grâce aux non-dits, aux sous-entendus et aux jeux de regards et c’est la mise en scène qui va faire exister les personnages et particulièrement le duo central, avec cette caméra qui reste proche des acteurs, épouse le point de vue de leurs rôles.


En résulte un film forcément très touchant, d’autant plus qu’il touche à quelque chose qu’on a forcément vécu d’une manière ou d’une autre. Peut-être pas cette manière mais disons que cette idée de grandir, de soudainement prendre conscience du regard de l’autre et d’en agir différemment, ça fera forcément résonner des choses (en tout cas ça a été le cas chez moi). Le film traite son sujet assez justement, sans forcer sur le drame et ce jusqu’à une deuxième partie qui redistribue brutalement les cartes. C’est peut-être là que j’ai cru que Dhont allait me perdre en fonçant tête baissée dans le drame pur et bien appuyé. Mais la justesse dans le traitement est restée et je trouve finalement une belle cohérence, autant thématique qu’émotionnelle à l’ensemble.