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En 1999, Pablo Trapero remporte le prix du meilleur réalisateur pour Mundo Grua au terme du premier Festival international de cinéma indépendant de Buenos Aires (Bafici). Le nouveau cinéma argentin était né.
Le film a du succès parce qu?il brosse un portrait mélancolique de ceux qui résistent à la tentation de perdre leurs illusions. De ce mélange de mélancolie et de résistance est né une entente profonde entre Rulo, le personnage principal et son public.
En Europe, les succès publics de Les neuf reines (2001) de Fabián Bielinsky (1959-2006) et de Historias minimas (2003) de Carlos Sorin (né en 1944), accompagnent ceux ce la nouvelle génération.
Les fers de lance de cette nouvelle génération sont, outre Pablo Trapero (né en 1971, Leonera -2006), Lisandro Alonso (né en 1975, Los muertos -2004), Lucrecia Martel (née en 1966, La femme sans tête 2008) tous trois sélectionnés à Cannes ou Gonzalo Moreno qui présenté El Custodio à Berlin en 2006. Lucia Cedron (née en 1974, Agnus dei) et Diego Lerman (né en 1976, Tan de repente, 2002) complètent ce sextette de choc.
Sextette de choc donc car ces cinéastes réussissent à trouver des budgets malgré la crise tout en affrontant l'histoire de leur pays.
Face à des financements insuffisants, les jeunes cinéastes argentins préfèrent prendre des raccourcis. Juan Villegas, qui avait réalisé avec Sabado l'un des films fondateurs du nouveau cinéma argentin, se propose de réaliser son prochain film pour 100 000 dollars (74 500 euros). Sergio Wolf, le directeur du Bafici, se réjouit de cette attitude : "Le système des coproductions internationales et de l'aide de l'Incaa ralentit la création", déplore-t-il, en citant l'exemple de Celina Murga (Ana et les autres), qui a mis cinq ans à réaliser son second film, Una Semana Solos. Présenté à Venise en 2008, bénéficiant du patronage de Martin Scorsese, ce long métrage n'a toujours pas été distribué.
Le nouveau cinéma argentin, c'est la rupture avec un cinéma coupé des réalités avant 1995, à l?esthétique publicitaire, réalisé avec des acteurs de la télévision et produit avec de gros budgets. On a alors eu un retour au réalisme, avec la présence d?acteurs non professionnels (pour les premiers) et à l'économie de moyens.