Sous-genre du western spaghetti, le western zapata désigne des films d'aspirations anarcho-communistes se déroulant dans des pays d'Amérique du Sud, mêlant violence gratuite et politique. C'est ainsi que les thèmes de l'exploitation des pauvres par les puissants et de la révolution sont omniprésents. Ici il n'est en effet plus question d'un homme solitaire arrivant en ville en quête de justice ou de vengeance, mais bel et bien d'idéal et de liberté.
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Selon Jean-François Giré, c'est El Chuncho de Damiano Damiani qui, en 1966, lance le western Zapata. C'est un gros succès sur le thème de la révolution mexicaine avec pour sujet l'exploitation des péons par les grands propriétaires terriens, et une réflexion sur l'utilisation de la violence contre les masses. Le film se termine sur cette phrase : "N'achète pas du pain avec cet argent, achète plutôt de la dynamite !". Pour les pauvres l'émancipation passe donc nécessairement par la violence.
Pour Jean-Baptiste Thoret, l'intrigue du western Zapata est assez souvent la même : un trésor, un stock d'armes ou des lingots d'or, à l'origine prévu pour financer la révolution mexicaine est perdu et des personnages aux motivations différentes vont essayer de le retrouver moyennant alliances et contre-alliances motivées par l'appât du gain. Chaque personnage incarne une position politique. Il y a celui qui vient d'un pays occidental, un suédois dans Companeros, un américain dans El Chuncho, un polonais dans El mercenario, un hollandais dans O Cangaceiro... il vient d'un monde riche et s'immisce dans la révolution. Il a pour alter ego un primitif, sauvage, inculte et pauvre : le péon.
Tomas Milian est incontestablement l'incarnation de ce péon. Élevé dans la grande bourgeoise cubaine, passé par l'Actor's studio et les films d'auteurs italiens (Bolognini et Maselli notamment), il se révèle comme figure de proue du western zapata dans Colorado de Sollima. Son personnage est surnommé Cuchillo (couteau) parce qu'il n'a pas assez d'argent pour espérer s'acheter un pistolet. Il incarne le métèque et symbolise la revanche du prolétariat et du tiers monde.