J'suis quand même ébahi qu'on puisse faire un film aussi irréprochable sur le plan technique que gogole sur le plan scénaristique. Et pourtant il y a là dedans une naïveté qui confine à l'absurde et qui sauve selon moi le film de la noyade (oh oh), une démarche dénuée de cynisme qui se retrouve dans la façon dont Shyamalan traite ses personnages (bien souvent sous-exploités) et ce microcosme qu'est la résidence The Cove. Du coup si vous n'avez rien contre les cachettes de nymphe au fond des piscines et les mômes qui lisent l'avenir dans les boîtes de céréales ça vaut peut-être le coup d'y jeter un oeil, juste histoire de se frotter un peu à l'atmosphère particulière de ce grand ratage intriguant.Message édité
La Jeune Fille de l'eau doit faire partie des scénarios les plus wtfesques que j'ai pu voir mis en image. Il faut déjà accepter la mythologie du film et ces légendes compliquées impliquants des créatures aux noms improbables. Mais il faut encore se taper l'intrigue principale avec Paul Giamatti au milieu de sa résidence rempli de gens bizarres qui essaie d'accomplir une prophétie. Bon le tout est terriblement mal agencé et prête souvent à rire quand ce n'est pas juste chiant, il faut pouvoir profiter de moments inoubliables comme Giamatti qui "imite un enfant" (l'un des plus grands traumatismes de ma vie de cinéphile). Le film est rempli de bizarreries comme ça, le ton hésite entre super sérieux et moments décalés qui s'intègrent bizarrement à l'ensemble.
On se rend compte à quel point tout ce à quoi tenait Shyamalan sur ses précédents films était précaire et comme tout peut basculer s'il va trop loin dans son délire. Parce qu'il y a évidemment des marques de son cinéma, on retrouve un personnage principal en deuil, replié sur soi-même, avec l'idée que c'est en se tournant vers l'autre qu'on trouve le salut. Mais hélas les persos sont soit mal caractérisés, soit pas du tout. Et le côté méta (le délire avec "Story", le critique, etc.) me semble bien poussif.
Avec un film comme Le Village, on a une allégorie qui fonctionne et qui passe par un récit assez efficace, des persos attachants. Ici, Shyamalan semble obsédé par ce qu'il veut faire passer et sa vision que de toute façon il est le seul à être à même de comprendre, et le film se perd complètement dans ses symboles et son ton. Sans compter qu'en terme de réalisation, c'est vraiment décevant par rapport à ce qu'il a pu faire avant. Il y a quelques plans sympas avec de jolies idées, une volonté de filmer en plans longs plutôt que de surdécouper, mais aussi beaucoup de cadrages improbables, des effets de montage laids et une esthétique globale très terne (alors que le débordement du fantastique dans la banalité du quotidien aurait pu donner de merveilleuses choses).
Un vrai ratage, néanmoins assez fascinant et qui reste malgré tout difficile à détester tant Shyamalan semble croire en ce qu'il fait.
Il faut corriger le code, Tada !