Le cinéma expérimental est au Cinéma ce que la poésie est à la Littérature.
C'est une pratique artistique relevant à la fois des arts plastiques et du cinéma traditionnel:
Cinéma abstrait : Le cinéma abstrait vise à être un cinéma purement graphique. Le but principal de l'abstraction, apparue en peinture vers 1910, était de libérer cette dernière du sujet et de sa représentation au profit de l'expression directe par la couleur et le geste créateur.
Première avant-garde : Ce mouvement a pour principal objectif la promotion de scénarios écrits par des spécialistes pour le support cinématographique (par opposition aux adaptations littéraires grandement majoritaires à l'époque.) Par conséquent, le langage visuel est primordial, et de nombreuses figures de styles cinématographiques sont inventées ou développées par ce courant : surimpressions, time-lapses, jeux de lumière, etc. C'est par cette volonté de faire passer un message ou une émotion au spectateur par le biais de l'image que ce mouvement a été rapproché a posteriori au mouvement impressionniste pictural de la fin du XIXème siècle.
Deuxième avant-garde : La deuxième avant-garde, dadaïste est un mouvement international d'artistes et d'écrivains, est né d'un intense dégoût envers la guerre qui signait à ses yeux la faillite des civilisations, de la culture et de la raison. Terroriste, provocateur, iconoclaste, refusant toute contrainte idéologique, morale ou artistique, il prône la confusion, la démoralisation, le doute absolu et dégage les vertus de la spontanéité, de la bonté, de la joie de vivre. Paradoxalement, son activité de déconstruction et de destruction des langages (verbal et plastique) se traduit par des ?uvres durables qui ouvrent certaines voies majeures de l'art contemporain.
Cinéma underground : Ce terme d'underground ne marque pas, dans les faits, la naissance d'un nouveau type de cinéma ; les pratiques artistiques y sont des plus disparates, et c'est plutôt ce fatras qui le caractérise (une haine commune du système en place unit ces cinéastes). De cooptations en raccourcis, c'est plutôt un état d'esprit que ce qualificatif a fini par désigner. On trouve là les « anciens » comme Kenneth Anger, James Broughton, Gregory Markopoulos, Bruce Conner, Jonas Mekas, Stan Brakhage et des nouveaux venus, comme Hollis Frampton, Michael Snow, Andy Warhol, qui iront au-delà de cette aventure, que Dominique Noguez, dans Une renaissance du cinéma, clôt en 1969. Toutefois, l'appellation de cinéastes underground perdure pour Kenneth Anger ou Jack Smith.
Lettrisme : Ce nouveau cinéma appelé ciselant détruit ses bases référentielles pour révéler des beautés destructrices et d'anéantissement. Pour cela, Isou démantèle le synchronisme du son et de l'image et intervient directement sur la pellicule pour la nier, la détruire puis l'oublier. Après des réalisations sur pellicule, les lettristes poseront donc la question suivante: peut-on faire des films sans pellicule?
Cinéma structurel : Les quatre caractéristiques du cinéma structurel sont : plan fixe (image fixe du point de vue du spectateur), effet de clignotement, tirage en boucle et refilmage d'écran. Très rarement on trouvera ces quatre caractéristiques rassemblées en un seul film et il y a même des films structurels qui modifient ces éléments de base.
Found footage : Found footage est le terme anglais désignant la récupération de pellicules impressionnées dans le but d'enregistrer un autre film. Cette pratique a pour ancêtre, en littérature, celle du centon. Cette pratique est très utilisée dans le cinéma expérimental depuis le lettrisme, en France, et, plus particulièrement Traité de bave et d'éternité, d'Isidore Isou (1951), et les travaux de Bruce Conner aux États-Unis, notamment A Movie (1958).