He Who Eats Children

Mon CL
  • Connectez-vous
Outils
  • Connectez-vous
Gestion
  • Connectez-vous
Commentaires
24/10/2017 13:35:31
Parfaite introduction à l’œuvre de Ben Russell, He Who Eats Children capte en 25 minutes toute la quintessence de son cinéma.
Le court métrage se passe dans un village du Surinam, terre de prédilection des expérimentations de Russell, où il explore les origines d'une légende locale qui voudrait que, quelque part dans la jungle, un monstre "blanc" enlève et mange de jeunes enfants.
Comme à son habitude, le réalisateur brouille constamment les pistes entre documentaire et fiction, et se joue des mythes pour (re)créer sa propre mythologies à travers le médium cinématographique. Les enfants incarnent tour à tour leur propre rôle et celui du monstre, (re)jouant les scènes d'anthropophagie devant la caméra de Russell.
La figure du monstre hante les images du film de la première à la dernière séquence. Apparitions furtives, déambulation dans la jungle, la créature semble être omniprésente. Par l'intermédiaire d'un masque à son image, les villageois s'amusent à se faire peur les uns les autres dans une sorte de jeu cathartique salvateur.
L'origine du mal elle, se révélera être beaucoup plus terre à terre que ce que l'on pouvait imaginer. Aux faux-semblants succèdent les explications rationnelles, et tout semble s'éclaircir. À moins que, comme souvent, tout ceci ne soit qu'une histoire de plus monter de toutes pièces par le réalisateur...
C'est justement là toute la portée critique de ce cinéma, manipulateur par essence, dont on ne parviendra jamais en définitive à tirer le vrai du faux. Ben Russell oblige ainsi le spectateur à aller au-delà du masque du cinéma, pour découvrir son vrai visage et y aller de sa propre interprétation.
Et si le film n'était qu'un miroir renvoyant au spectateur son propre reflet, qui serait alors derrière ce monstre qui mange les enfants ?
25/10/2017 21:12:15
Encore un court très solide, même si j'y ai pris un peu moins de plaisir que devant River Rites ou Let Us Persevere in What We Have Resolved Before We Forget. Par contre le plan vers le début où les enfants jouent est fabuleux. Il aurait pu laisser tourner la caméra 15 minutes, avec la musique de fond, c'était 5/5 pour moi.

Pour en revenir un peu au thème, le mythe du blanc anthropophage est universel et pas local. A Madagascar, par exemple, il persiste dans certaines familles la peur du "grand méchant vazaha", les parents faisant croire aux enfants que s'ils ne sont pas sages, un blanc va venir les chercher pour les emmener, les manger et autres joyeusetés. Combien de fois j'ai vu un enfant terrorisé éclater en sanglots en me voyant ? Évidemment ça reste rare et les enfants sont surtout surpris par la différence de faciès plus qu'une véritable peur panique. Mais aller dans un village au fin fond de la brousse ça donne quand même un aperçu de ce qu'étaient les bête de foire.

Et sinon la voix à la radio semble être celle de Guru Dutt. Il faudra que je vérifie.
14/11/2017 15:13:57
Je rejoins Tada sur la maestria du début.
Sinon, Tada, tu fais peur, il faut que tu le saches. Même à Paris, j'ai vu plus d'un enfant te fixer les yeux écarquillés et s'enfuir d'épouvante à notre approche.
14/11/2017 16:13:29
Oui mais je t'avais bien dit que la perruque bleue n'allait pas avec la robe rose.