Organism

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Commentaires
30/05/2017 02:40:01
Avant Koyaanisqatsi (1982) (auquel Hilary Harris a contribué par l'intermédiaire de quelques séquences à l'intervalomètre), il y a eu Organism (1975) !

Tourné sur une quinzaine d'année, le film dépeint magnifiquement la vie "biologique" du New-York des années 70. "Biologique" car précisément, par l'intermédiaire d'un montage alterné entre images prises au microscope et celles à l'intervalomètre des artères de la ville, Hilary Harris déploie sur sa pellicule toute l'effervescence et la densité de ce corps vivant que constitue le micro/macro-organisme new-yorkais.
Les reflets et scintillements de la lumière sur les buildings sont rapprochés des stimulus électriques d'un système de neurones et le flot incessant du trafic des avenues de la ville de celui du mouvement de l'hémoglobine dans les veines du corps humain.

Est-ce à dire que l’entité urbaine y est semblable pour autant ? Selon moi, Hilary Harris se garde bien de faire une telle analogie. En montrant précisément comment l'homme est pris dans son existence routinière (emprunter le métro pour se rendre sur son lieu de travail, faire la queue pour le repas au self, s'entasser dans les bureaux puis à nouveaux dans le métro pour rentrer chez soi), il tend effectivement à en montrer l'incapacité "à prendre de la hauteur" ; tandis que la ville semble quant à elle omnisciente, inépuisable dans sa puissance de renouvellement - à l'image de ces immeubles qu'on démolie en quelques images et sur les ruines desquels on s'empresse de rebâtir de nouvelles constructions plus modernes.

Et ce sont peut-être au sein de ces plans d'incendies et d'interventions de pompiers que se trouvent la clé qui donne à voir la ville comme un corps faillible, dépendant de ces entités immunitaires que sont les hommes qui la peuplent. Au fond pour Hilary Harris, il s'agit en fait de décrire tout autant le bon équilibre de cet organisme que ces lignes de failles, ces faiblesses.
Après lui, Godfrey Reggio ira bien plus loin et posera un jalon supplémentaire à ce rapprochement. En juxtaposant des prises de vues satellites de centres urbains à des photographies de circuits de microprocesseurs, il fera des citadins non plus des cellules vivantes mais des électrons ; dont le rôle ne serait alors plus vitale ni même curateur, mais simplement celui d'une énergie productiviste au service d'un dessein le dépassant.

Les relations/évolutions entre ces deux films/comparaisons me semblent absolument passionnantes et c'est pourquoi Organism gagne à être connu, surtout pour ceux qui ont apprécié Koyaanisqatsi qu'il permet de relire avec encore plus de force et d'intensité.

Le film est disponible sur UbuWeb : Organism (1975)Message édité