Dans cet océan de kitsch et de beauferie demeure un détail exquis : les ennemis parlent le Klingon. Je m'attends véritablement à tout dans les blockbusters Indiens mais ça vraiment je ne l'ai pas vu venir.
Après RRR, il me tardait de découvrir le fameux diptyque épique de Rajamouli. Et épique, Baahubali l’est. On a un bel exemple de grosse fresque historique comme on n’en fait plus assez à Hollywood. La qualité première du film est clairement son ampleur, on a vraiment l’impression d’être plongé dans un mythe grandiose grâce à ces énormes décors, ces couleurs vives et surréalistes. Le tout est bien entendu traité avec l’emphase qui semble être au coeur du style du réal : les personnages sont énormes, surpuissants et irradient l’écran, particulièrement le héros. On a plein de plans ultra-excessifs et qui flirtent aisément avec le kitsch, des numéros musicaux tous pailletés… Ce n’est pas toujours de bon goût mais l’approche est cohérente.
Le gros morceau reste les scènes d’action. A ce niveau-là, j’ai trouvé le film un peu avare par rapport à RRR, il y a quelques sympathiques séquences musclées mais rien qui m’a décroché la mâchoire jusqu’au climax. Ce dernier relève clairement le niveau, on est sur de la bataille à grande échelle comme j’aimerais en voir plus souvent. C’est démesuré, rempli de moments de bravoure et même si les influences hollywoodiennes (le SDA ou 300) restent présentes, j’ai aussi fortement pensé aux énormes batailles du Red Cliff de Woo - et c’est bien évidemment un compliment.
Après voilà, on sent que c’est la première moitié et que le récit se met en place. J’ai surtout été pris dedans durant le troisième acte, le reste m’a semblé un peu trop prendre son temps. J’ai été nettement moins impliqué émotionnellement que dans RRR et je pense que ça tient au traitement très unilatéral du perso principal. C’était également le cas dans le dernier film du réal qui iconise son duo à chaque occasion mais cette bromance ultra-sincère et contrariée et l’énorme capital sympathie des deux acteurs rendait le tout nettement plus attachant, tandis qu’ici ce héros légendaire en devenir ne m’inspire finalement pas grand chose. Et j’ai été un peu gêné par le traitement de la romance, même si ça reste assez minime au regard de l’ensemble.
Après c’est un peu dur de juger la narration sur cette seule première partie, on sent que le film en garde énormément sous le coude pour la conclusion et j’aurai certainement une meilleure vue d’ensemble sur le projet après avoir vu le tout. En tout cas et malgré mes réserves, cette conception indienne du blockbuster me séduit.