C'est avec fascination que j'ai savouré un documentaire de plus de l'inénarrable Werner , une oeuvre humble et centrée sur la vie des hommes filmés. J'ai pensé à l'aventure de Sylvain Tesson, mais ici il ne s'agit pas d'une retraite existentialiste d'un occidental parti avec Nietzsche et Mishima sous le bras (il a néanmoins bon goût en matière de livres), il s'agit d'une chronique sur les gens qui ont vécu et vivent là bas.
Comme on peut s'y attendre on trouve des images d'une nature belle et mystique, d'une forêt envoûtante et menaçante (histoire de l'ours) , des incontournables impératifs liés aux conditions de vie.
Mais ce qui fait la différence c'est de s'attarder sur certains hommes et leurs chiens, de suivre l'ermite, héros central du film. Ce qui fait la différence c'est de nous offrir un infini et des scènes telles que celle du fleuve se dégelant et se mettant en mouvement au printemps, une vache et un cabanon en premier plan.
resolution elle me fait bien plaisir ta critique, il s'agit d'un des films qui m'a le plus bouleversé... Un monde si décalé, une nature si belle mais si mystifiée... Message édité
Reymisteriod2 a écrit :<b>resolution</b> elle me fait bien plaisir ta critique, il s'agit d'un des films qui m'a le plus bouleversé... Un monde si décalé, une nature si belle mais si mystifiée...
C'est surtout que ça donne tellement envie de vivre ça, de vivre l'aventure, la vraie, réaliste, quotidienne, loin du confort.
Reymisteriod2 Pour être honnête, il va être difficile de te répondre avec clarté car j'ai vu le film en février dernier et dans de mauvaises conditions... Je me souviens avoir trouvé ça trop didactique, pas suffisamment ouvert, comme si Herzog se contentait du "reportage" sans forcément faire de lien avec autre chose (et, lorsqu'il le fait, c'est pour produire un discours réducteur, qui enferme le film plus qu'il ne l'ouvre). Il nourrit manifestement une forme de fascination pour ces gens-là, mais j'avais l'impression qu'il ne faisait rien de cette fascination, qu'il se contentait de l'exposer en espérant que ça fascine aussi le spectateur. Mais je ne suis pas sur que ce documentaire puisse plaire à un spectateur qui ne partage pas cet intérêt pour ces gens vivant en Taiga. Quant au mysticisme dont tu parles, je ne l'avais pas perçu du tout, contrairement à d'autres documentaires du cinéaste que j'apprécie davantage (Gasherbrum notamment, ou La Grande extase du Sculpteur de bois), la faute, justement, à cet excès de didactisme qui m'a presque rappelé un documentaire télé lambda.
Toutefois je le répète, tout ça est à prendre avec de grosses pincettes car je ne me rappelle précisément du film (que j'avais regardé sans grande implication pour diverses raisons). Ce que j'ai écrit plus haut est plus proche d'une restitution de mon point de vue d'alors que d'un véritable avis affirmé d'aujourd'hui.
Melaine Mais là est tout le but du film de Herzog : exposer cette fascination. Herzog est certainement (avec Lynch peut-être) le seul réalisateur vivant encore empreint du romantisme. Car il est absolu : soit pessimiste (Dans la Ballade de Bruno), soit optimiste (ici). Car ici, il a foi en l'humanité. Il n'y a pas de réel propos à intellectualiser je pense dans ce film ; c'est une plongée dans un univers qui "vit", qui est libre et c'est ça qui est magnifique je trouve. C'est une oeuvre profondément romantique en fait : située à l'exact milieu entre le naturalisme et le fantastique. Et je trouve ça juste beau, car Herzog nous montre une harmonie que nous, occidentaux, avons perdus.
Après je comprends, surtout si tu l'as vu dans de mauvaises conditions.
Ce documentaire suit la vie d'un chasseur dans un village de Sibérie, ses mois passés seul en pleine Taïga pour ramener de la nourriture au village, ses préparations, sa construction de bateaux, de skis, de pièges...
Herzog montre également les problèmes de ce village: avec la Russie, ces villageois ont reçu de la vodka, ce qui a rendu une partie du village fainéant, les jeunes préfèrent boire de l'alcool chez eux plutôt que d'aller affronter le froid, la faim, les moustiques etc. et personne ne peut les blâmer car cette vie est bien plus que rude.
L'homme que l'on suit principalement a également une réflexion intéressante sur la position de chasseur: il est un tueur, mais comparé à l'homme qui élève son cochon, qui le nourrit dans l'espoir de le manger à son tour et de gagner de l'argent, le chasseur ne ment pas à sa proie, c'est lui qui survie ou elle et la proie le sait.
Je trouve ce documentaire impressionnant, par toute cette nature inhospitalière tout autour d'eux : les rapides où il est extrêmement complexe de se déplacer sans chavirer, le froid et la neige qui peut engloutir une cabane de chasseur en une journée. Je trouve également que les protagonistes sont impressionnants par leurs techniques de construction. Un d'eux dit également qu'un homme n'est rien sans ses capacité de construction.
Sur la partie cinématographique, j'aime beaucoup la manière de montrer que ces hommes qui bravent la nature sont en réalité tout petit, qu'au moindre faux pas, ils sont morts (plans de haut lorsqu'ils sont en motoneige sur le fleuve gelé, plans pris de loin...).
Bref, un documentaire à voir.
Comme on peut s'y attendre on trouve des images d'une nature belle et mystique, d'une forêt envoûtante et menaçante (histoire de l'ours) , des incontournables impératifs liés aux conditions de vie.
Mais ce qui fait la différence c'est de s'attarder sur certains hommes et leurs chiens, de suivre l'ermite, héros central du film. Ce qui fait la différence c'est de nous offrir un infini et des scènes telles que celle du fleuve se dégelant et se mettant en mouvement au printemps, une vache et un cabanon en premier plan.