" Un film qui fera bander les mecs et pleurer les filles ". J'espère que le film sera plus intelligent que cette déclaration (comme si les filles ne pouvaient pas " bander " et les garçons pleurer).
Murphy, 25 ans, se réveille entouré de sa jeune femme et de son enfant de trois ans. Il écoute son répondeur. Sur le message, la mère d?Electra, une ex, lui demande, très inquiète, s?il n?a pas eu de nouvelles de sa fille disparue depuis longtemps. Elle craint qu?il lui soit arrivé un accident grave. Au cours d?une longue journée grise, Murphy va se retrouver seul dans son appartement à se remémorer sa plus grande histoire d?amour d?une durée de deux ans avec Electra : une passion amoureuse contenant toutes sortes de promesses, de jeux et d?excès.
Un 1er janvier au matin, le téléphone sonne. Murphy, 25 ans, se réveille entouré de sa jeune femme et de son enfant de deux ans. Il écoute son répondeur. Sur le message, la mère d'Electra lui demande, très inquiète, s'il n'a pas eu de nouvelle de sa fille disparue depuis longtemps. Elle craint qu'il lui soit arrivé un accident grave.
Au cours d'une longue journée pluvieuse, Murphy va se retrouver seul dans son appartement à se remémorer sa plus grande histoire d'amour, deux ans avec Electra. Une passion contenant toutes sortes de promesses, de jeux, d'excès et d'erreurs...
Oui, j'ai plutôt apprécié malgré quelques réserves.
L'avantage, c'est que Noé a su concevoir un véritable trip sensoriel, un peu dans le genre d'Enter The Void. Ce voyage s'articule d'abord par une déconstruction de la chronologie, du moins sur une bonne partie du film, ce qui donne l'agréable impression de se perdre dans un flot de souvenirs, parcourir la mémoire du héros.
L'esthétisme poussé et le travail sur l'ambiance participent à cette immersion, que ce soit par des scènes que Noé n'hésite pas à faire durer, par les couleurs ou par des idées très variées de mise en scène. Le fait qu'une grande majorité du film tourne autour du sexe, et donc de la façon dont les corps sont mis en valeur, s'attirent, entrent en contact, contribue à cette ambiance enivrante. Certaines séquences sont assez démentielles, il faut le dire, on est constamment surpris par l'inventivité et les trouvailles visuelles.
Le travail sur la 3D est évidemment essentiel, on voit bien dans la composition des plans que Noé a pensé son film en 3D, jouant continuellement avec la profondeur de champs (cf. la voisine à la fenêtre de derrière, la fille allongée avec la tête devant et les pieds en l'air au fond, les jeux de lumières en club...). Il l'utilise parfois même tel un gadget, ce qui est plutôt amusant (cf. la fumée qui vient sur nous, l'éjaculation, le trip psychédélique avec l'ampoule). L'utilisation du relief pour les effets de la drogue est intéressant même si peu exploitée, on se dit qu'un Enter The Void avec les scènes de trip en relief ça aurait pu donner un film assez incroyable.
Néanmoins, cette esthétique et ambiance omniprésente rendent le film froid et distant. Les scènes de sexe ne sont pas excitantes, je préfère largement les scènes plus bestiales de La vie d'Adèle ou des scènes qui prennent le temps de faire monter une tension sexuelle comme dans Mulholland Drive. Ici on va droit au but, et à force de banaliser le sexe, il en devient anodin, assez dommage pour un film qui veut montrer la passion sexuelle d'un couple. Il en est de même pour l'histoire en général, dans laquelle on peine à être impliqué en raison du peu d'empathie envers des personnages peu attachants. L'omniprésence du sexe laisse peu de place au développement parallèle de la vie des protagonistes, quant aux dialogues ils sont assez bancals, très évasifs en philosophant sur ce qu'est la vie et l'amour, ou peu convainquant quand il s'agit d'improvisation. Quand dans la seconde partie du film la chronologie redevient linéaire, le film perd même pendant un moment de sa folie et devient répétitif, Noé en rajoute des couches pour rien, et l'esthétique frôle le publicitaire avec l'utilisation outrancière de la musique, malgré que celle-ci soit de qualité.
Le fond est vraiment limité, réduisant bien trop souvent l'amour à l'aspect sexuel, ou se contentant de montrer l'apparition d'une forte intensité qui peut facilement créer des tensions et disputes. S'il brasse tout de même des thématiques intéressantes telles que la paternité, le difficile contrôle de la libido, ou l'envie constante de repousser ses limites (cf. partouse, club échangiste, trans...), le film peine à dépeindre finement son sujet principal : l'Amour.
Enfin, l'autocitation permanente de Noé, bien que drôle au début, devient assez insupportable, car cela nous sort totalement du film. Noé fait des références à Seul Contre Tous, Irréversible ou Enter The Void, et ses films favoris (Salo, 2001, Taxi Driver...) par des affiches, citations ou séquences. Il défend son point de vue sur le cinéma via son personnage principal, jeune réalisateur, qui nous dit qu'il faut des films osés comme les pornos ou encore que personne n'a jamais réalisé un film qui mélangeait sexe explicite et sentiments. Il se permet même de jouer dans le film en tant que Noé ou d'appeler le fils du protagoniste Gaspar. Second degré ou pas, j'ai trouvé ça franchement lourd.
Bref, si j'ai beaucoup de reproches je pense que le film doit avant tout se prendre comme une expérience, sans réellement considérer le fond de façon cruciale, et puis on sait bien que Noé ne fait pas dans la dentelle. Au risque d'en faire fuir certain, Love me fait penser à un A la merveille du sexe, avec un aspect visuel très poussé, une chronologie bouleversée, des scènes courtes qui apparaissent par bribes et de rares dialogues évasifs sur des thèmes universels. S'il divisera, comme habituellement chez Noé, il mérite d'être vu pour ce qu'il propose, à savoir un essai hors des sentiers battus.