Pluie noire

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Commentaires
05/04/2014 02:06:15
Terrible
11/12/2016 22:21:47
Il est dispo sur Youtube avec des sous titres anglais et en qualité correcte ici pour ceux que ça intéresse.
03/08/2020 09:56:46

Vu au cinéma ce week-end, heureusement que j'ai pas mangé avant d'y aller :hap:


Je laisse un commentaire pour dire que j’ai posté un petit avis avec ma note :ok:


Je reprendrais simplement ma conclusion :

Le tour de force du film, c’est de réussir à parler non seulement de la Bombe mais aussi de la guerre dans toute son horreur. C'est l'histoire des victimes de l'atrocité de la guerre, qui deviendront ensuite victimes de la méfiance de la société, qu’ils soient hibakusha ou soldats.

Plus qu'un grand film, un devoir de mémoire.

19/12/2020 20:49:43

Revu et les plans quand Andy Garcia se fait tuer sont toujours aussi iconiques.

Message édité
19/12/2020 21:58:27

Mais :hap:

17/11/2021 11:14:00
Le plus dur dans ce film c'est vraiment sa forme, passant rapidement sur le bombardement lui même dont la vision apocalyptique n'est sans égal au cinéma : je n'ai pas lu le roman d'origine mais dans les détails on se rapproche beaucoup de ce que décrivait Keiji Nakazawa (Gen d'Hiroshima) du haut de ses 6 ans dont le témoignage a été magnifiquement mis en page dans J'avais 6 ans à Hiroshima.
Une vision d'horreur qui pourtant ménage ses effets au regard des abominations décrites chez le papa de Gen. Le visionnage de ces moments reste cependant difficile à supporter, une atmosphère pestilentielle et brulante où les habitants ne sont plus qu'une procession de fantômes "écorchés vifs errent, la peau des bras, arrêtés par les ongles, ballant jusqu'au sol"; la suite sera d'avantage difficile à suivre que la mort frappera de nouveau derrière une accalmie de surface.

Le plus surprenant ce bond en avant de 5 ans dans un paysage de rêve où la vie semble avoir repris son cours ordinaire mais où les conséquences sont plus insidieuses, telle une épée de Damoclès ne répondant à aucune logique et capable de s'abattre sur n'importe qui, à n'importe quelle moment.
Je crois que c'est ça qui m'a le plus perturbé quand il s'agit des radiations sur le corps humain, tu ne sais jamais qui va y passer en premier, c'est une force sournoise capable de tuer même le plus coriace des hommes tandis que certains plus faibles semblent épargner par cet ennemi invisible.

Shohei Imamura montre bien l'ostracisme subit par les victimes mais toujours avec une étonnante sobriété, la douleur ici est d'avantage sociale que physique même si les deux finissent par se répondre avec cette épouse fragile dont l'inquiétude pour sa nièce la fragilise de plus en plus.

Malgré ce portrait sépulcral le réalisateur nous épargne une overdose de pathétisme en prenant le temps de considérer les habitants de ce petit village rural comme des êtres humains ordinaires, de jolis moments ponctuent leur malheur, de la flânerie au bord de l'étang à la sollicitude du plus grand nombre lorsqu'il faut "jouer le jeu" d'un malheureux qui perd la boule au son des moteurs, un des plus touchants moment du film tout en étant très drôle aussi.

Un grand film sur les irradiés d'Hiroshima (et on s'imagine sans peine que ça devait être la même chose sur Nagasaki).

Une question sinon : les effets des radiations ont été connu du grand public à partir de quand ? Parce qu'il me semble qu'à un moment du film la famille doute que "la pluie noire" puisse contenir des radiations alors que l'on est en 1950 quand même... des infos la dessus?Message édité
17/11/2021 13:50:39

Belle critique, content que ce grand film ne reste pas dans l'oubli.

Pour ce qui est des effets des radiations, tout dépend de quels effets on parle (et là l'ingénieur dans le nucléaire va te ressortir sa science) : ceux dus à une irradiation chronique ou ceux dus à une irradiation aigue. Pour ce qui est d'une irradiation chronique, c'est les pionniers comme Marie et Pierre Curie qui ont pu constater les effets qu'avaient sur eux une exposition régulière aux rayonnements radionucléides. Ils prenaient des "petites" doses mais régulièrement. On parle d'effets "stochastiques" pour désigner une exposition à moins de de 500 mSV, les effets sont aléatoires et atteignent au hasard les individus exposés, la gravité est indépendante de la dose reçue. Par contre la dose reçue influence directement la probabilité d'apparition de ces effets, mais qui n'apparaissent pas rapidement (quelques dizaines d'années). C'est typiquement les effets auxquels sont exposés les travailleurs du nucléaires, du radiomédical et de l'aérien (enfin surtout au XXe siècle). Donc ces effets sont à priori connus depuis le début du XXe siècle.

Et il y a l'irradiation aigue, connue plus tardivement, plutôt celle qui a concernée les victimes des bombardements atomiques. A ma connaissance les premières victimes connues des effets d'une irradiation aigue sont les victimes des bombardements atomiques d'Hiroshima et Nagasaki. Les effets (on parle d'effets déterministes) furent connus du grand public assez rapidement puisque le très célèbre article sur Hiroshima du NewYorker en parlait. Après est-ce que le japonais lambda des campagne était au courant, on peut en douter.

Parmi les autres victimes d'irradiation aigue il y a eu les scientifiques lourdement irradiés par des accidents de criticité à Los Alamos ; divers travailleurs du nucléaire en URSS (à Maïak, sur les sous-marins, etc), aux USA et au Japon ; les pompiers, ouvriers et liquidateurs de Tchernobyl ; une multitude d'exposition accidentelle avec des sources de radiographie médicale ou industrielle ; etc. Malheureusement ces accidents c'est pas ce qui manque...


De ce que j'ai pu en voir dans la fiction, c'est Pluie Noire et la série Chernobyl qui ont le mieux parlé du sujet.


ps : on distingue les effets stochastique et déterministe comme ça, avec l'irradiation en une dose de :

0,25 Gy : aucun effet clinique (effets stochastiques).

Puis à partir de 05 Gy c'est les effets déterministes :

0,5 Gy : anomalies minimes le sang.

1 Gy : premiers symptômes immédiats : nausée, vomissements, fatigue,...

2 Gy : hospitalisation indispensable, moelle osseuse atteinte (anémie de la victime,...).

3 Gy : premiers signes cutanés (rougeur de la peau), perte de cheveux.

5 Gy : DL50 = Dose Létale 50 : 50% de mortalité en l'absence de traitement médical.

8 à 10 Gy : DL100 = Dose Létale 100 : Mort certaine, atteinte neurologique rapidement (coma).

Message édité
19/11/2021 22:57:45

Ca c'est du commentaire bien détaillé! Merci pour toutes ces infos quelques révisions qui font du bien :oui:

Le livre de John Hersey a été un succès monstre mais j'ai l'impression que le gouvernement américain a vite répliqué avec une course à la censure (surtout au japon) et de la propagande "positive" chez l'oncle Sam; je me souviens encore de ces images de militaires américains se dirigeant vers le champignon lors d'un essai nucléaire et de ce programme télé "duck and cover" superbement détourné dans un film que j'avais vu il y a quelques années.


Tu n'as jamais lu du Keiji Nakazawa ou même visionner son adaptation animé ? Le manga Gen se déroulerait sur toute une décennie à partir du bombardement d'Hiroshima, ça doit être passionnant à lire! Pour une lecture plus concise J'avais 6 ans à Hiroshima fait très mal aussi mais ce genre de témoignage est précieux : ça ressemble vraiment au carnet de notes du père dans Pluie Noire.

Je conseille vraiment de se le procurer surtout qu'il y a un magnifique plaidoyer de Bernard Clavel en postface où tout le monde en prend pour son grade et qui est aussi riche en enseignement que le principal témoignane.

19/11/2021 23:24:55

Ein a écrit :je me souviens encore de ces images de militaires américains se dirigeant vers le champignon lors d'un essai nucléaire et de ce programme télé "duck and cover" superbement détourné dans un film que j'avais vu il y a quelques années.

Atomic Café (1982)


Pour ce qui est de Pluie Noire d'Imamura, lors de mes recherches sur Kiju Yoshida j'avais lu quelque part (mais impossible de remettre la main dessus) qu'il lui en avait toujours voulu d'avoir osé représenter l'irreprésentable. Pour Yoshida, la catastrophe d'Hiroshima appartient aux seules victimes et il serait indécent de se livrer à toutes reconstitutions quelles qu'elles soient. Et pour cause, Yoshida lui-même a vécu un bombardement lors de son enfance et il en est resté marqué à vie. Ce trauma est perceptible tout au long de sa filmographie d'Adieu Clarté d'été (1968) à Femmes en miroir (2001), mais à aucun moment de manière explicite. Cela reste un hors-champ qui "irradie" sur les comportements, les pensées, les émotions de ses personnages... Mais je dis tout ça de mémoire, je vais essayer de le retrouver car c'était vraiment itnéressant.

25/11/2022 11:17:08

Pour la partie après le bombardement, j'ai aussi pensé au manga Le pays des Cerisiers de Fumiyo Kono qui était très glaçant sur les effets de la radiation qui agissent comme une bombe à retardement sur les survivants dans leur quotidien. Pluie noire a dû être une grande référence.


Sinon c'était très perturbant de voir un film qui pourrait faire penser aux années 60 mais avec l'incroyable horreur montrée. (le petit non reconnu par son grand frère, qu'est ce que c'était déroutant)