"Film" ou "oeuvre" sont des termes qui renvoient à l'état d'objet ce que sont ces personnages et cette histoire qui les fait vivre. On aimerait plutôt parler de ces films comme d'une entité vivante qui demeure et qui n'est pas figée.
Salinui chueok est un film qui fait cet effet. Rien n'est à mettre à la corbeille, tout est à prendre avec le plus grand plaisir et à apprécier comme il se doit de l'être. De ce fait, j'ai espéré naturellement pendant les dernières minutes que le temps passe lentement pour en profiter le plus possible.
Dans la catégorie polar, et au delà, j'ai rarement (ou jamais) vu quelque chose d'aussi splendide. C'est d'ailleurs assez chiant d'écrire une critique qui passera en revue les critères conventionnels d'un film de cinéma qui se doivent d'être remplis, puisque ce film est au dessus de ça, et les remplit de toute façon prodigieusement. Que dire ? Les personnages sont exceptionnels... Le trio d'enquêteurs est d'un charisme fou, d'une humanité saisissante, et de ce fait d'un professionnalisme parfois douteux... Leurs caractères très contrastés donnent lieu à un tas de péripéties. De la bavure violente (passages d'action jouissifs) au dialogue comique (vraiment marrant), de la débilité à la sensibilité... Un tas de genres admirablement maitrisés sont passés en revue par Joon-ho Bong qui réalise un film d'une grande ampleur. Les autres personnages sont aussi intéressants (Baek Kwong Ho le premier).
La trame, d'abord classique, fleurit et passionne à travers le regard des ces inspecteurs débordés par l'incompréhension, pour donner au final un suspense spectaculaire et crédible. Le récit est constamment rythmé par une bande son gracieuse et très efficace, ainsi que par des plans d'une PUTAIN de beauté. Amateurs de contemplation, foncez, puisque vous aurez droit à des couleurs et des paysages sublimes. On passe d'endroits vastes (champs, mines...) à d'autres plus confinés (appartement, bureau...), mais toujours magnifiquement mis en valeur. La lumière et les ambiances changent régulièrement : de la morosité de la pluie, à la lumière orangée du soleil, en passant par la nuit menaçante.
Memories of Murder possède une vraie aura, et c'est le cas de peu de films, ce pourquoi je crie au chef d'oeuvre !
