Martyrs

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Commentaires
07/05/2011 06:33:53
Je suis vraiment pas sûr du statut de "torture-porn".
08/07/2011 04:10:46
Moi non plus!!!
31/08/2012 12:15:19
Ouille! Du potentiel quelque peu gâché par le fait que je n'y ai jamais cru (sauf sur le traumatisme de Lucie). Mon Dieu la famille qui prend son petit-déjeuner, c'est tellement ridicule et en toc qu'on dirait une pub Ricoré et c'est tellement appuyé qu'on voit venir à 10 kilomètres ce qui va se passer. Et ce n'est qu'un exemple, le festival de baffes et coups de poings m'a vraiment ennuyé également. Sans comparer, il y a pas mal de points ratés dans ce film que Kill list réussit haut la main. Et c'est dommage car techniquement c'est quand même très fort! Et les maquillages impressionnants.
13/10/2012 23:47:52
Bon, j'ai revu mon jugement à la hausse. Déjà, j'ai découvert La horde et Frontière(s) après avoir écrit le commentaire d'au-dessus, et à côté de ces films, Martyrs c'est du Cronenberg.

Reste que je le trouve inégal, peut être des différences d'intérêt sur différentes parties du film, mais il y a clairement la demi-heure qui m'a laissé totalement de marbre, sans que je ne puisse l'expliquer clairement.
Ce que je retiens surtout, c'est le traumatisme du personnage principal. Jampanoï ne joue peut être pas très bien, mais on voit qu'elle s'y est donné et on croit pleinement à son personnage.
Et surtout, un film qui ne fait pas semblant, avec des maquillages hallucinants et des excès de violence qui ne ménagent pas son spectateur mais à bien chercher ce qui fait vrai sans vouloir choquer ou adoucir le sujet, un tel traitement réaliste est bien trop rare pour moi.

Comme pour The tall man, Pascal Laugier, j'ai hâte de voir ce qu'il deviendra.
03/12/2013 21:22:31
Dur à noter vu que le film est fait pr violenter son audience. Et même si je trouve un peu la démarche adolescente, et le propos un rien neuneu, le film fonctionne dans sa viscéralité. Et un plus pour les maquillages impressionnants et Morjana Alaoui pck ça devait pas être la fiesta sur le tournage
27/05/2015 09:08:11
Xavier Dolan explosé à la chevrotine, ça vaut bien une bonne note :hap:
16/12/2015 03:55:22
Bon je viens de le revoir, et voulais réécrire un petit article élogieux à son sujet... J'ai simplement retrouvé un article assez conséquent écrit il y a quelques années, sur mon blog "des pellicules plein le tête". Etant visiblement incapable d'ajouter quoi que ce soit d'autre au regard de cet article dont je suis honnêtement pas mal fier, je m'abstiendrai de brasser du vent pour une fois. Bonne lecture ( article écrit en août 2009 )

Martyrs, le second long métrage d'un cinéaste de grand talent, fut l'évènement tant controversé du festival de Cannes 2008. D'une rare violence, furieusement radical dans sa représentation de la souffrance, Martyrs est également une expérience de cinéma unique, un film qui - au delà de sa décharge cathartique - invite le spectateur à la réflexion comme nul autre film du genre.

Voilà un film d'horreur qui - c'est le moins que l'on puisse dire ! - se démarque totalement des autres. Après un premier essai intéressant mais fort peu abouti ( l'ambitieux Saint-Ange ), Pascal Laugier parvient à réaliser un film on ne peut plus jusqu'au-boutiste, une oeuvre enrichissante sur le plan métaphysique ainsi qu'inoubliable sur le plan graphique. Et surtout, Martyrs est un film de genre dépassant le genre, une oeuvre de la transcendance, une fable interactive salutaire pour qui aura eu la chance d'y pénétrer.

Nous ne reviendrons pas sur le vécu médiatique de Martyrs, puisque les commentaires à ce sujet ne manquent pas. Nous tenterons plutôt d'exprimer quelques idées inhérentes au film par une étude plus ou moins linéaire, sans pour autant laisser de côté l'analyse et la digression...

Martyrs s'ouvre sur une victime en train de s'enfuir : Lucie. D'emblée le style du film saute aux yeux : un montage nerveux, une caméra comme en alerte, une photographie sombre et réaliste. Le fameux travelling arrière épousant la course de Lucie renvoie directement au sens étymologique du martyr : témoin, le spectateur court avec Lucie, participe à son échappée, souffre à la vue de son corps meurtri. L'idée de témoignage se retrouve dans la séquence suivante : un reportage nous apprend la torture que Lucie endura pendant des mois dans la cave d'une maison bourgeoise. Par la suite nous découvrons le deuxième personnage majeure du film : Anna, la meilleure amie de Lucie, qui est le témoin indirect de ses sévices.

A l'idée de témoignage vient s'ajouter l'idée de traumatisme : Anna rapporte le ressenti de son amie en répétant qu'elle a eu peur. Ainsi, la répétition de la réplique " Elle a peur " suggère l'idée d'un traumatisme indélébile ( ou du moins obsessionnel ) de la part de Lucie. Il n'est certainement pas anodin que les paroles soient proférées par Anna, personnage dont on suivra le chemin de croix dans la dernière demi-heure.

Le film se poursuit par la présentation d'une famille bourgeoise, séquence filmée sous le signe de la parodie. Course-poursuite entre un frère et sa soeur évoquant le pire des nanars horrifiques, lumière diurne rappelant l'esthétique d'un mauvais téléfilm, jeux d'acteurs approximatifs : on pense presque à une publicité Nestlé à la vue des bols de chocolat et à l'entente des dialogues ( " Moi, j'ai la belle vie !" ). Cette séquence, résonance lointaine du Sitcom de François Ozon - le rat récupéré par la mère de famille dans la tuyauterie le suggère - permet à Pascal Laugier de dépeindre la violence des rapports politiques : humiliation du frère, esprit de compétition de la soeur, autorité dans la gestuelle du père... Nous sommes là devant le spectacle de la violence sociale, violence tant décriée par le réalisateur ( bien davantage que celle présente dans le cinéma d'horreur ).

Première scène de violence extrême : Lucie arrive chez ses bourreaux et fusille chacun des personnages. 15 ans se sont écoulés entre sa fuite et maintenant... Laugier, en l'espace de quelques plans, rend hommage à son maître Dario Argento : ainsi, la vision d'un vol d'oiseau renvoie au cauchemar de Jennifer dans Phenomena. Ce plan permet également de raccorder nos deux héroïnes, victimes du même calvaire : l'une l'a vécu, l'autre va le vivre.

Ensuite, Martyrs nous entraîne dans un huis clos réunissant tous les archétypes du film d'horreur : créature repoussante suggérant la folie traumatique de Lucie, couloirs labyrinthiques aux murs tachés de sang, séquence orageuse formée de poignards diluviens... Suite à la mort de Lucie, Anna choisira d'aider la deuxième femme torturée en lui arrachant la carapace métallique recouvrant ses yeux. Dans cette scène pratiquement insoutenable, le spectateur est une nouvelle fois témoin des évènements : si Anna voit bel et bien l'acte qu'elle entreprend et que la femme ne voit rien, lui peut choisir de regarder ou non. Bref, son statut s'avère être un compromis idéal entre celui des deux personnages. Potentiellement témoin, potentiellement martyr...

La deuxième partie du film de Pascal Laugier laisse donc place à l'élévation spirituelle, dimension jusqu'alors absente du métrage. Anna fait la connaissance d'un troisième personnage important : Mademoiselle ( dont on devine, par son appellation, la vie sexuelle inexistante : s'il existe une chose étrangère à Martyrs, c'est sans nul doute la sexualité ). Selon cette vieille femme au regard obstrué par ses lunettes noires, le concept de martyr est intimement lié à la notion de résignation : un martyr est quelqu'un qui accepte de souffrir.

" Regardez ses yeux ", répète Mademoiselle avec obsession, montrant des images de martyrs à l'héroïne ( l'idée de traumatisme est toujours présente, non seulement du côté d'Anna mais aussi du côté des bourreaux ). Martyrs pourrait d'ailleurs être résumé par une expression, somme toute assez primaire, mais relativement parlante : celle d' " un gros plan sur un visage qui voit ". Voir la souffrance, en être témoin. Accepter l'expérience et souffrir avec. Devenir martyr à son tour.

Les vingt dernières minutes arrivent. Mise en scène chirurgicale, méthodique : nettoyage, maltraitance, alimentation de la personne d'Anna. On pense à Salo ou les 120 jours de Sodome dans cette manière de dépeindre le sadisme et le masochisme. L'évocation du fascisme se fait sentir : le martyr est un être d'exception, rasé, asexué et qui se limite aux nécessités. Dangereuse pureté. Si la douceur et la violence - les deux registres du film - sont a priori opposés, ils participent toutefois tous deux aux mêmes rituels. Les gestes des bourreaux d'Anna impliquent un contact charnel, à fleur de peau, de la même façon que ceux de l'héroïne à l'égard de la femme aveugle auparavant. Que l'on traite en bien ou en mal, on traite. Idée pratiquement sublime...

Et si le véritable sujet de Martyrs était la compassion ? " C'est presque fini la souffrance ", chuchote le bourreau féminin à l'héroïne. Du reste, être témoin relève en quelque sorte de l'implication, et donc d'une certaine forme de compassion entre le spectateur et le personnage.

Arrive enfin l'épilogue, le secret mystique d'Anna la martyre. Laugier pénètre l'univers posthume d'Anna : on s'infiltre dans son oeil, mais nous ne pouvons voir qu'une sorte de graphisme étrange et totalement irrationnel. Qu'arrive t-il après la mort ? Le réalisateur se garde bien d'y répondre, privilégiant le mystère et l'ouverture. Quant à Mademoiselle, fort de ce témoignage inexpliqué, elle clôt le débat dans une ultime réplique : " Doutez, Etienne." Car, comme disait l'Autre, un homme qui doute est un homme sauvé. Optimisme inattendu. Douter pour un voyage après la mort. Partir vers l'au-delà...
14/07/2018 04:51:57
Difficile à noter ce film...
14/07/2018 12:39:46
latephonecalls a écrit :Je suis vraiment pas sûr du statut de "torture-porn".


7 ans plus tard, le tag demeure :hap:
14/07/2018 12:47:13
En lisant la définition et en repensant au film... ouais je pense pas que le terme colle bien...