En tant qu’exercice de style en vase clos, Border Line remplit largement son office, usant à merveille d’outils aussi simples - mais jamais simplistes - qu’une alternance entre respect et transgression de la règle des 180° pour traduire les rapports de pouvoir qui se meuvent entre des immigrés espagnols et leurs interrogateurs. La tension est palpable et l’écriture ciselée des dialogues organise une sorte de plongée quasi kafkaïenne dans l’arbitraire terrifiant d’une bureaucratie impitoyable. L’on aurait cependant souhaité qu’Alejandro Rojas exploite davantage les intentions thématiques de son métrage, qui procède d’une multiplicité de niveaux de lecture et sous-textes - la confiance dans le couple, le triste revers du “rêve américain”, le portrait finalement nuancé des agents qui ne prennent visiblement aucun plaisir à traiter ainsi des individus - sans que jamais l’un ou l’autre ne soit pleinement investi. Un très bon moment de pur cinéma à tout le moins.
Terrifiant. La musique qui revient à la fin, c'était sûr, avec le "Welcome to the United States"...
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