Le Deuxième Acte

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Commentaires
20/05/2024 18:23:09
Avis

Après un Daaali! qui m’avait laissé sur ma faim malgré ses chouettes idées, Dupieux retrouve un concept un peu plus proche de Yannick pour son sujet et son minimalisme théâtral. Et sans être aussi hilarant ou génialement écrit que ce dernier, on retrouve ici le réalisateur plutôt en forme, qui s’amuse encore une fois à mélanger les niveaux de réalité et de perception pour un peu perdre le spectateur. Mais ici il y a une volonté claire de raconter des choses de son époque, du milieu du cinéma et bien entendu des acteurs.

Et c’est là que le film parvient à être le plus piquant et provocateur puisqu’il fait jouer à ses quatre acteurs principaux des sortes de parodies d’eux-mêmes (je ne sais pas à quel point c’est assumé pour chacun), des représentations plus ou moins détestables d’une certaine forme de posture d’acteur. Ça n’est pas forcément le Dupieux le plus drôle mais c’est sans doute son plus méchant. Je lui trouve également une certaine portée tragique dans ce qu’il fait du cinquième personnage joué par Manuel Guillot, clairement le plus sympathique, le plus intéressant et celui par lequel passe toute l’amertume du propos.

J’aime beaucoup le minimalisme du dispositif, du décor, ce recours au plan-séquence pour capturer les rôles et les sorties de rôles dans un même mouvement. Ce qui descend un peu le film à mon sens, c’est sa dernière partie un peu lourde et qui appuie peut-être inutilement sur le clou, après la montée en puissance de tout ce qui a précédé je trouve que le soufflé retombe un peu et que le côté anti-conventionnel de Dupieux se retourne contre lui. Idem pour le dernier plan un peu long, même s’il y a sans doute beaucoup de choses à en dire.
20/05/2024 19:35:00
Avis

Le facétieux Dupieux est déjà de retour après Yannick et Daaaaaali!. Sorte de carrefour entre l'épure tragique du premier et le strict surréalisme du second, Le Deuxième Acte joue sur plusieurs front thématiques à la fois.

Les acteurs du film s'y livrent à un exercice d'auto-dérision de leur image publique, la cancel culture et l'utilisation de l'IA sur les tournages y sont dénoncées avec une verve de joyeux trublion, et les divergences de perception de l'Art en fonction du statut social - point de jonction de cette officieuse trilogie - y sont à nouveau cruellement comme tendrement sondées.

Si ce foisonnement pourrait aisément frôler l'indigestion, il est remarquablement tenu par des acteurs pleinement investis et ce dispositif de quasi huit-clos en temps réel. Jamais l'on ne s'ennuie devant Le Deuxième Acte, tant Dupieux et ses interprètes parviennent à maintenir une tension sur le fil du rasoir.

Seule ombre au tableau : des enchâssements méta trop poussifs et dispensables dans le dernier tiers. Dommageables, ils privent le film de la sincérité mélancolique (médiée par le figurant/serveur atteint d'hyper-anxiété) qui présidait à l'éblouissant Yannick, finalement le chef-d'œuvre de Dupieux dans sa manière de mêler satire et puissance dramatique.
22/05/2024 09:15:37

Moyennement intéressé par les facéties de Dupieux et par les réflexions méta sur les acteurs ou l'industrie (ça m'intéresse plus quand ça parle de mise en scène, de montage etc.), je m'interroge cependant sur le sens à donner  au suicide, qui laisse poindre un propos social, comme dans Yannick.


Je ne retiendrai de ce film qu'une chose : ma dernière séance à l'UGC Normandie avant sa clôture, après 25 ans de fidélité. Une floppée de souvenirs avec ma famille, mes amis d'enfance ou ma compagne, ou encore de cours séchés pendant la fête du cinéma.


Fermeture qui entérine la mort des Champs-Elysées comme espace de vie et de culture pour les parisiens, transformant ce quartier autrefois vivant en centre commercial dégueulasse, à ciel ouvert, pour riches qui font la queue pour entrer chez LV, ou pour moins riches qui salivent.


On a versé une petite larme en réalisant que jamais on y emmènera notre fils à naître, alors que ce lieu a contribué à forger notre amour du Cinéma.