Leurs enfants après eux

Pas d'image
Mon CL
  • Connectez-vous
Outils
  • Connectez-vous
Gestion
  • Connectez-vous
Commentaires
22/11/2024 17:28:11

Je trouve que depuis "l'année du requin", les frères Boukherma ont en quelque sorte été racheté par l'industrie. Et sur le papier il y a de bons côtés à cela, ils produisent plus, sont connus et reconnus pour leur travail et vivent sûrement mieux. Mais dans des castings xxl, de la même manière que dans l'année du requin, cette adaptation transpire la tiédeur et n'a pas la personnification que je leur avais connu (ou que j'avais cru leur connaître). Il y aurait pu avoir Spielberg derrière la caméra, que je ne l'aurais pas remarqué, on est avec ce film en plein dans un "blockbuster d'auteur" (le projet est vendu comme tel). C'est propre, trop propre, ça singe les codes ruraux et la possible lutte des classes qui s'y joue trempé d'une aseptisation hollywoodienne qui donne tout en spectacle, qui donne tout à la caméra, sans jardin secret. 

Il y a quelques moments, je ne dis pas, mais dans son ensemble, on ne sent pas l'épreuve du temps, le poids des années avilir, amoindrir, toucher les personnages. Non, les ellipses ne servent qu'à avancer le sort de personnages superficiels, qui resteront à jamais en surface. 

Je dirais que le plus surprenant c'est l'empathie qu'on se met à avoir pour Lellouche (acteur pas génial mais qui ici, tire bien son épingle du jeu), qui est le personnage le plus touchant dans sa médiocrité.

22/11/2024 18:04:13

C'est marrant, j'ai souvent l'impression de lire que Lellouche est un mauvais acteur tout en appréciant son travail, ou le bonhomme. Et je suis souvent en accord avec ce constat (exception faite de Goliath). Contrairement à Canet par exemple :hap:

08/01/2025 17:54:24
Avis

Leurs enfants après eux possède d'innombrables qualités à commencer par une réelle ambition. Ambition aussi bien dans sa fresque s'étalant sur une dizaine d'années que dans sa tenue plastique et technique remarquable. Les hauts fourneaux lorrains n'avaient jamais été aussi bien filmés, c'est indéniable. Et avec un budget plutôt minime de 12 millions c'est à saluer. Il est logique de retrouver Gilles Lellouche dans cette adaptation tant elle partage de points communs avec son Amour ouf d'il y a seulement quelques mois (période retranscrite, provinces françaises, fresque ambitieuse, inspiration américaine...). Et pendant qu'Hollywood se regarde le nombril et traverse une crise majeure, je suis bien content que le cinéma hexagonale s'empare de récits ambitieux dépeignant des régions françaises oubliées au cinéma (et pas que).

Et malgré les nombreuses qualités citées plus haut, je reste hélas un peu sur ma faim (comme pour l'Amour ouf). La faute à une écriture parfois bancale de certains personnages. Les réalisateurs essayent d'interroger la rivalité naissance entre Anthony et Hacine mais peinent crédibiliser les actes du second. C'est assez grossier dans son traitement. Il restera pendant longtemps le "méchant arabe". Et son vis-à-vis, héros du film, sur lequel on passera bien plus de temps, est incarné par le piètre (à mon sens) Paul Kircher. Acteur dont le jeu me laisse dubitatif (c'était déjà le cas dans le Règne Animal). Il est en grande partie responsable de ma distance envers le film car ce qui l'entoure directement ne fonctionne pas à mes yeux (à commencer par sa romance avec Steph).

Et c'est vraiment dommage car les qualités ne manquent pas. Les acteurs de métier assurent et notamment un Gilles Lellouche bouleversant qui trouve certainement ici son plus grand rôle en père alcoolique dépassé par les évènements. Les belles idées s'enchaînent, on repense au panache de cette affiche. Le côté juke-box peut s'avérer épuisant mais il y aura à minima quelques sons pour nous accrocher. Le film reste correcte. Mais avec cet or entre les doigts, on a la sensation qu'avec le réglage et l'ajustement de quelques curseurs, on aurait là un film majeur de l'année.