Un polar (ou quasiment) au Vatican ! Très bon film, serré et passionnant, sur les intrigues et les coulisses d'un conclave pour désigner le nouveau pape. Un très bon Ralph Fiennes, une bo formidable et un twist final... surprenant.
Un thriller qui prend place au sein du Vatican, c'est déjà la certitude de plonger dans un univers singulier qui frappe par ses contrastes. Les soutanes traditionnelles d'un rouge éclatant jurent avec l'environnement high-tech et froid dans lesquels évoluent les cardinaux. La grande thématique transversale du film - la collision entre progressisme et conservatisme dans le chef de la papauté - irrigue ainsi souterrainement un thriller somme toute classique dans ses rouages, et lui donne une indéniable dimension politique. Ralph Fiennes incarne toutes ces contradictions avec subtilité, et confère au métrage son aura de sombre mystère complotiste en même temps qu'un versant puissamment humaniste. Une œuvre qui rappelle que l'habit ne fait pas le moine, et que ce qui se présente comme un strict film de genre révèle bien souvent des richesses insoupçonnées.
On peut reprocher au film d'être trop caricatural et de trop fantasmer sur les vices des religieux, avec en conclusion plot twist un peu douteux. Cependant l'histoire n'en est pas moins captivante et rentre bel et bien dans la catégorie de thriller. Les gros plan sur l'acteur principal Ralph Fiennes témoignent d'une trés belle prestation de sa part, tandis que le film ne manque pas de profiter du lieu de tournage pour réaliser des plans à couper le souffle. A mon sens la véritable qualité du film est de parvenir à cerner (certe toujours un peu caricaturalement) les aspects doctrinaux contemporains qui divisent et de montrer dans quelle mesure l'Eglise peut être divisée tout en conservant un socle commun inébranlable.
Edward Berger livre un thriller très efficace qui tire pleinement parti de son cadre. On est non seulement au vatican, lieu hors du temps par excellence, mais en plus en plein conclave et donc en confinement total. La mise en scène fait pleinement ressentir cette logique d’enfermement, l’image est froide, parfois sous-éclairée, on ne voit que très rarement l’extérieur, les plans rapprochés claustrophobes sont contrastés par des plans larges à la précision clinique… C’est vraiment bien conçu et moi qui avais des a priori assez mitigés sur le cinéaste à cause de son précédent film qui sentait un peu le piège à Oscar, il montre ici un vrai savoir-faire et de vraies intentions.
Le film utilise donc son cadre pour dérouler une intrigue de thriller assez excitante. On est dans un vase clos, où chaque clan tente de tirer son épingle du jeu et est parfois capable des pires coups bas et c’est difficile de ne pas se laisser prendre au jeu et d’observer non sans une certaine jouissance comment les candidats potentiels sont écartés les uns après les autres. Certes on devine assez aisément la résolution et le film ne s’épargne pas quelques rebondissements scénaristiques un peu faciles mais qui n’ont pas entravé outre mesure mon plaisir de visionnage.
Le tout est traité avec un ton solennel qui sait rester suffisamment sobre pour éviter d’être ampoulé, à l’exception peut-être de la résolution qui est amenée assez grossièrement par un discours qui semble bien trop naïf. J’étais au départ gêné par ce parti pris mais la résolution finale de l’intrigue, à la fois provocatrice et d’une apparente naïveté déconcertante, fait définitivement basculer le film dans le registre de la fable et j’ai apprécié cette bouffée d’idéalisme au sein d’un portrait si désabusé de la société humaine.
Derrière son apparente déconnexion du réel, le film se veut profondément politique et son opposition centrale entre conservatisme et progressisme semble tout autant interroger le devenir de l’institution qu’est l’église que représenter le jeu politique dans son ensemble. Difficile de ne pas voir dans ces guerres de clan, ces négociations et cette manière d’envisager “le moins pire” un parfait reflet des questions qui ont déchiré notre quotidien ne serait-ce qu’au cours de l’année écoulée.
Le film est bien entendu porté par son casting. Ralph Fiennes est comme souvent impeccable dans son incarnation du doute et du sens du devoir, Tucci ou Lithgow sont parfaits et c’est un plaisir de retrouver Isabelle Rossellini dans un rôle discret mais consistant.
On peut reprocher au film d'être trop caricatural et de fantasmer sans aucune limite sur les vices des ecclésiastiques, avec en conclusion un plot twist un peu burlesque. Cependant l'histoire n'en est pas moins captivante et rentre bel et bien dans la catégorie de thriller. Les gros plan sur l'acteur principal, Ralph Fiennes témoignent d'une très belle prestation de sa part, tandis que le réalisateur ne manque pas de tirer parti du lieu de tournage pour réaliser des plans à couper le souffle. A mon sens la véritable qualité du film est de parvenir à confronter au sein d'un thriller (certe toujours un peu caricaturalement) les aspects doctrinaux contemporains qui divisent et de montrer dans quelle mesure l'Eglise peut être divisée tout en conservant un socle commun inébranlable.
Un polar (ou quasiment) au Vatican ! Très bon film, serré et passionnant, sur les intrigues et les coulisses d'un conclave pour désigner le nouveau pape. Un très bon Ralph Fiennes, une bo formidable et un twist final... surprenant.