Here, les plus belles années de notre vie

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Commentaires
23/10/2024 15:10:37

Histoire de synthétiser la promo du film : FORREST GUMP bis

23/10/2024 15:50:45

On n'a pas perdu la main pour rajouter des prépositions à un titre sans le traduire.

Message édité
28/11/2024 15:24:14
Le dédain avec lequel est reçu le dernier-né de Robert Zemeckis outre-Atlantique a de quoi interpeller. Si ses dernières réalisations indigentes ne plaidaient pas en sa faveur, un retour à de l'expérimentation pure et simple aurait dû à minima susciter un semblant d'enthousiasme. Car le cinéaste, si l'on observe de plus près sa filmographie, a toujours été un pionnier - à l'instar d'un James Cameron - de l'innovation technique et de la forme cinématographique dans son pays d'origine.

Du cocktail entre cartoons et prises de vue réelles porté à un certain degré de perfection avec Roger Rabbit aux incrustations numériques de Tom Hanks dans les images d'archive de Forrest Gump, du plan impossible "du miroir" de Contact aux premiers vrais essais sur la motion capture dans le Pôle Express, Zemeckis possède à son actif quelques-uns des tours de passe-passe les plus exaltants du 7e Art.

Il se lance avec Here dans un fantasme éternel de cinéaste, à savoir celui du film délivré comme un unique bloc homogène, d'une seule coulée car dépourvu des heurts qu'implique le cut traditionnel. Si les tentatives dans ce domaine sont déjà nombreuses, Zemeckis se distingue en ce qu'il trouve un point médian entre le montage classique - des images distinctes mises bout à bout - et le plan-séquence, à l'aide de cadres dans le cadre qui assurent les transitions entre les époques mais toujours du même point de vue au même endroit.

L'ambition de cet artisan à la soif de créativité retrouvée est immense. A l'instar de Forrest ou Retour vers le futur, c'est le passage irrémédiable du temps et la manière dont l'être humain s'inscrit dans la marche d'une Histoire plus globale - en l'occurrence toujours celle des Etats-Unis et de ses grands bouleversements au fil des années ou des siècles - qui obsède Zemeckis, apparemment soucieux de lui donner une incarnation définitive. Le pari, malgré quelques coquilles qui sont la contrepartie inévitable d'une telle audace, est admirablement relevé.

Cela repose en grande partie sur sa volonté de ne pas enfermer Here dans son statut de gadget de luxe un peu vain. Chaque expérimentation de montage ou de découpage, chaque raccord de forme, chaque fondu enchaîné remplit en conséquence à la fois son objectif ludique - l'exemple canonique de la fuite de toiture suivi d'une perte des eaux - et thématique ou narratif, Zemeckis esquissant par leur intermédiaire des rimes, effets d'écho et parallélismes symboliques vertigineux.

La notion de choix est notamment sujette à interrogation via les multiples vies imaginées en simultané au sein de cet espace unique - là où un couple poursuit ses rêves avec ardeur, un autre sombre dans une routine monotone - mais sans jugement préférentiel quand à la bonne voie à suivre. C'est d'ailleurs le fond du message déchirant adressé lors de la très belle scène finale, ou les regrets relatifs à des décisions préalablement perçues comme contre-productives disparaissent totalement pour laisser place à la simple plénitude d'avoir pu exister "ici".Message édité
30/11/2024 23:56:06
Avis

Un Zemeckis pas au top de sa forme qui reprend le casting de Forrest Gump dans un film à gimmick, il y avait de quoi se méfier. Et pourtant… Le vieux Robert parvient à taper juste partout où je l’attendais au tournant.

Il faut déjà évoquer le dispositif qui est en réalité d’une inventivité assez folle. C’est certes adapté d’une BD mais Zemeckis trouve tous les moyens pour rendre son idée attrayante au sein des possibilités du cinéma avec un travail sur le surcadrage et le montage assez ahurissant. Le film est un vrai flot continu d’images qui dialogues entre elles, se succèdent, se répondent, créent du sens et mettent en parallèle des idées de manière plus ou moins implicite.

De tout ça naît une sensation de vertige temporel, la sensation d’avoir vu se dérouler sous nos yeux des siècles d’histoire. J’adore la manière dont le film caractérise chaque époque, chaque contexte par des objets, nous fait comprendre où en sont les personnages et comment ils évoluent. Je reprocherai d’ailleurs au film un côté parfois trop didactique dans ses dialogues : à certains endroits ils sont d’un naturel épuré, mais à d’autres on sent une volonté de lâcher des infos pour que le spectateur ne soit pas trop perdu, ce qui tue un peu cette sensation d’immersion, de visiter des pages d’un quotidien de manière presque intrusive.

Et donc malgré ces limites, le film fonctionne. Non seulement c’est d’une fluidité totale et la manière dont chaque segment nourrit le suivant tient constamment en haleine, mais le travail d’empilement de sens et de vécus de Zemeckis finit par payer et par créer une émotion absolument dévastatrice. C’est un film doux-amer, qui tape juste et utilise son dispositif pour chroniquer l’existence humaine et l’éternelle question du sens de la vie, de l’attache et de l'accomplissement de soi.

Quant au procédé de rajeunissement numérique utilisé pour Hanks et Wright, il est techniquement assez impressionnant même si pas toujours parfait, et surtout il se heurte comme The Irishman à l’époque au décalage entre l’âge supposé des personnages et le jeu d’acteurs bien plus âgés. C’est parfois un peu distrayant même si ça n’a pas non plus entaché mon implication.