Notes
La strada
Federico Fellini - 1954
Ce qui singularise le dispositif (par lequel on pourrait penser qu'il suffit de tourner 1500h et d'en monter 3h30 pour faire du cinéma), c'est qu'il y a une vraie intention de montage dans Jeunesse. Ce que le film dit d'abord formellement, c'est qu'il est un film à episode, avec une logique de série. Mais une série procédurale et pas tellement feuilletonante, puisque le montage est surtout fait de permanences (les ateliers et les lieux de vies des protagonistes, différents et pourtant semblables), de répétitions (la jeunesse au travail, et hors travail). La progression d'un segment à l'autre se révèle finalement être une progression en trompe-l'oeil dont le processus tient plus de la sédimentation, soit une petite musique à laquelle on ajoute ici, là, un motif supplémentaire, toujours avalé par le train-train, décliné, répété à l'infini. Autre point intéressant, le film finit par démentir ce dispositif pour sa conclusion, en ajoutant un dernier motif que le cinéaste laisse là comme une ouverture. Au spectateur alors d'ajouter mentalement une dernière séquence (manquante mais dans tous les esprits), celle d'un retour immuable au travail, la saison venue (mais peut-être dans de nouvelles dispositions familiales, allez savoir).