As bestas

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Commentaires
29/07/2022 22:09:33
30/07/2022 11:08:12

Ah putain flemme de réécrire :rage:

30/07/2022 11:25:01

De sacrés plans-séquences !

08/08/2022 04:53:09
Avis

As Bestas est un thriller rural particulièrement angoissant. On voit bien que cette querelle de voisinage sur fond de xénophobie, de sentiment de mépris de classe, ne peut pas bien se finir. Les flics ont beau dire qu'il suffit d'aller boire un verre avec ses voisins pour que tout puisse s'arranger, on constate bien que ça n'est pas vrai, que tout ça va dégénérer.

On le sent parce que Sorogoyen sait poser une atmosphère lourde et pesante, il étire les séquences afin de faire monter l'inquiétude et le sentiment de danger. C'est la force du film, réussir à montrer Denis Ménochet taillé comme un buffle se faire tout petit devant ses voisins qui lui font la misère, espérant que ça va leur passer ou leur faire entendre raison.

Parce que cette histoire a un fond social plutôt bien trouvé. On a des bobos français qui débarquent dans un village paumé dans les montagnes espagnoles et qui ont comme projet de faire revivre ce village en retapant les vieilles maisons pour que les gens puissent venir s'y installer. Or ce village, ceux qui y vivent depuis longtemps ils ne le voient pas avec des yeux de bourgeois, ils voient la misère, le fait qu'il n'y ait pas de gosses, pas de femmes, qu'ils sont cinquantenaires et célibataires. La confrontation de ces deux mondes ne pouvait pas bien se passer, surtout qu'elle est exacerbée par la proposition d'une compagnie de racheter les terrains pour mettre des éoliennes à la place et que c'est l'opportunité pour ceux qui n'ont jamais connu la ville d'enfin quitter ce bled paumé, là où les bobos ont bien l'intention de rester là.

Il n'y a pas de manichéisme, les deux points de vue s'entendent mais sont irréconciliables. Le drame c'est que, lorsqu'enfin ils se parlent, c'est trop tard, ils sont déjà allés trop loin pour résoudre ça en bonne intelligence, pour écouter des arguments... et rien que le fait d'avoir des arguments est vu comme une forme de mépris.

Ceux qui sont vus comme les antagonistes du film, aussi odieux puissent-ils être ne sont pas, comme ça peut être le cas dans d'autres films, de simples sauvages, bêtes et assoiffés de sang et ceci malgré leurs manières un peu rustres.

Après ça ne change pas que chacune de leurs apparitions sont faites pour être flippantes, pour faire naître l'angoisse, surtout Loren, le personnage joué par Diego Anido dont on sent bien qu'il a un problème et qu'il est pas net. Il fait simplet, mais le genre de simplet qui peut déraper bien vite.

D'ailleurs, on comprend pourquoi un grand gaillard comme Ménochet peut avoir peur de ces types là, qu'il devrait pouvoir brouiller d'une seule main (et dont on supplie tout le film qu'il le fasse). On sait qu'ils sont capables de mater des chevaux sauvages à main nues... Alors Ménochet, tout steak qu'il puisse être, ne fait bien évidemment pas le poids. Notons la reprise de ce plan, zoomant lentement sur la bouche du cheval lors d'une scène clé du film.

Sorogoyen a également eu la bonne idée de séparer son récit en deux, une partie plus sur Ménochet, une autre plus sur Foïs (qui était vraiment en retrait au début du film) et paradoxalement autant Ménochet semblait toujours énervé ou flippé, il se dégage une sérénité de Foïs... Elle gère et elle gère très bien. Finalement c'est avec son personnage qu'on développe le plus d'empathie, elle est ferme, déterminée et vraiment touchante.

En résulte un beau film...
12/08/2022 20:11:30
Avis

As Bestas fait partie de ces films qui prennent aux tripes dès les premières secondes et ne relâchent jamais jusqu’à la fin. Le film prend la forme d’un thriller aux accents de western moderne - puisqu’on y suit un conflit rural au sein d’une terre hostile et isolée. Et j’ai trouvé ça mené d’une main de maître parce que d’un postulat de départ simple (une querelle de voisinage), Sorogoyen parvient à faire un truc complètement étouffant. Le film a l’intelligence de ne pas immédiatement jouer toutes ses cartes, disons qu’au début on assimile assez facilement des personnages aux « gentils » et d’autres aux « méchants » mais sans connaître les vraies raisons du conflit, et le script parvient à nuancer progressivement ce constat mais sans jamais perdre son aura d’angoisse.

Parce que ce qui est terrifiant, c’est ce constat d’impossibilité, le fait que malgré les efforts, les dialogues des deux parties il y a quelque chose de mort, que la situation ne pourra jamais se résoudre, sans forcément que ce soit plus la faute des uns que des autres, et qu’on va inexorablement vers le pire. Pour moi on peut lier les thématiques du film à plein de choses : le rapport à l’autre, les questions d’origines, de classe sociale ou culturelle, la posture morale… Ça aborde tout ça sans donner l’impression d’être un film à thèse, pour moi c’est avant tout un film de dramaturgie et de personnages. D’ailleurs je peux comprendre que la structure désarçonne mais pour moi c’est la deuxième partie qui permet de sortir du « simple » postulat du script pour faire évoluer les réflexions et surtout c’est sans doute la plus émouvante, là où la première peut parfois paraître opaque émotionnellement.

Je trouve tout super bien équilibré : le film sait quand verser dans le non-dit, quand communiquer une émotion d’un simple regard ou couper une scène au bon moment, mais aussi quand faire durer ses séquences et livrer des longs dialogues où les personnages se balancent leurs quatre vérités. D’ailleurs on parle beaucoup des quelques plan-séquences du film - en particulier deux qui fonctionnent chacun sur un dispositif de mise en scène différent - et en effet ils sont profondément marquants, super bien gérés dans leur tension continue. Mais je pense aussi qu’ils fonctionnent parce qu’ils ressortent au sein d’une mise en scène plutôt sobre : Sorogoyen ne fait jamais du style pour le style, c’est souvent assez fonctionnel (mais jamais sans être maîtrisé) et ça permet de mieux faire ressortir les choix plus marqués. Notamment donc tous ces moments de tension où Sorogoyen marque des choix simples (faire évoluer des personnages en arrière-plan, suivre le protagoniste avec de lents travellings) mais toujours terriblement efficaces - j’étais accroché à mon siège ! D’ailleurs j’adore la photo, très belle et qui n’en fait pas trop pour donner un côté froid à l’image. Disons qu’on sent qu’on est dans une région magnifique avec de vastes paysages qui dominent les humains, d’un autre côté le sentiment d’étouffement est présent à chaque plan, il n’y a pas vraiment d’échappatoire au-delà de ce petit bled de montagne.

Un sommet de cinéma contemporain en ce qui me concerne. Je vais découvrir le reste de sa filmo dans une confiance totale.
14/08/2022 19:12:22

Bon c'est quand meme bien mieux que l'ampoulé et balourd "Que dios nos perdone" mais je reste sur ma faim au final concernant toute la finalité de cette histoire et ça dure un peu trop longtemps. La dernière partie  après la mort de Menochet aurait méritée d'être un peu plus audacieuse dans sa construction et sa finition. Bref, pas mal mais j'attends mieux de la part de ce cinéaste tant vanté à droite et à gauche.

21/09/2022 14:22:14
Avis

Excellent film, qui traite de questions comme la ruralité, l'isolement et la jalousie.
23/09/2022 11:23:21

Il n'y a que moi qui suis vraiment dérangé par ce film? :(

Je l'ai vu hier, rarement un film ne m'a mis autant en colère.

J'ai compris qu'il fallait voir ça comme un film sur la "lutte des classes", du moins la rencontre entre deux mondes totalement opposés, mais quelle est la morale du film?

Je pose sérieusement la question!


En plus d'une lutte des classes, le film est parsemé de personnages absolument détestables. En fait les trois français sont les héros, tandis que quasiment l'intégralité des personnages espagnols sont des ordures, ou du moins ne vont jamais dans leur sens, dans le sens de la justice en tout cas. Je pense notamment aux personnages de flics qui sont complètement passifs et complaisants avec la famille d'enculés. J'en déduis soit que les espagnols détestent les français, soit que la police espagnol est complètement incompétente.

Face à cette police d'incapable, on suppose donc que la justice sera rendu par les personnages français, c'est ce qu'on attend tout le long du film et c'est là que le film m'a mis en colère, car le film ne m'a apporté aucune satisfaction! Les deux connards de frères ne se prennent jamais un seul bâton dans les roues!


Du coup, on a vient à la "deuxième partie" du film (qui arrive quand même très tard): quand Marina Fois se retrouve seule et s'obstine à rester, on se dit qu'elle arrivera à faire éclater la vérité. Ceci dit, une fois qu'elle trouve la caméra (un soulagement), on est en droit de se demander si justice sera rendu, dans la mesure où les images sont inexploitables. Et puis ils ont beau avoir retrouvé le cadavre, comment prouver que ce sont les deux connards qui l'ont tué? De plus, elle va s'adresser à leur ordure de bonne mère en lui suggérant de coopérer une fois que ce merdier sera fini. Comment peut-elle un instant penser s'allier avec cette bonne femme? Le perso de la fille est complètement dans le vrai, le couple du français aurait du partir depuis belle lurette!


D'après le générique le film semble être majoritairement une production espagnole. Ca les dérange pas de produire un film qui donne à ce point une image de merde de leur pays?


N'hésitez pas à éclairer ma lanterne, je n'ai pu m'empêcher de détester viscéralement ce film. Je ne sais quelle note je lui mettrai, ceci dit je dois reconnaitre que formellement il est impeccable et les acteurs sont au top.

Message édité
23/09/2022 11:37:18

En fait comme la police espagnole ne protège pas (c'est pas moi qui le dit, c'est ce film espagnol qui me l'apprend), les français ont deux choix

se casser en France ou démonter la gueule à ces deux enculés de bouseux de merde. C'est même pas que le film ne nous satisfait pas, c'est juste qu'il n'a pas de sens en fait. La raison pour laquelle le personnage de Denis Ménochet est attaché à cette région n'est pas très solide d'ailleur:

"Un soir je me suis bourré la gueule et je me suis réveillé ici" Tu risques ta vie pour ça? Sérieux?


D'autant plus que les paysans, je les connais bien, quand j'étais enfant, ma famille de citadins que nous sommes avons acheté (mes parents quoi) une maison en Aveyron. Certes ils sont originaires de là-bas mais tout de même, on aurait du être accueilli comme dans le film, or tout le monde est sympathique dans le hameau, même les paysans avec un cul bien terreux!


23/09/2022 13:51:41

Je ne crois pas que le film puisse être appréciable sous l'angle de sa cohérence car Sorogoyen s'en fiche. Il s'amuse juste à plier les protagonistes à sa rhétorique du choc sans se soucier de qui s'oppose à qui (il filme les altercations entre Menochet et les paysans comme celle de Foïs et de sa fille). De mon point de vue c'est ce qui rend le film profondément détestable.