Winter Break

Avis

Alexander Payne me donne l’image d’un mec qui maîtrise bien son sujet dans le domaine du pur classicisme et The Holdovers c’est exactement ça. Parce que concrètement le film ne comprend aucune surprise, tant dans son déroulement scénaristique que dans sa mise en forme. Mais tout fonctionne à merveille.

Il y a une vraie justesse dans l’écriture et la réalisation qui fait que tout ce bordel tient. Certes on la connaît cette histoire entre un prof méprisant et hautain et un élève en roue libre, mais les deux persos sont bien écrits, chacun trouve ses forces et ses faiblesses et évolue au sein du film sans que l’un ne prenne le pas sur l’autre. Le film est souvent très drôle, les dialogues sont acérés et regorgent de répliques savoureuses, les persos n’hésitent pas à se cracher à la gueule… Ça peut paraître très amer parfois et pourtant on a un vrai film de noël qui regorge de bons sentiments malgré tout. Mais il y a une certaine mesure, on n’est jamais dans la grosse explosion lacrymale. Le film a le bon goût de pouvoir jouer sur les regards et les silences quand il faut, de filmer des petites marques de tendresse pour créer quelque chose de sincère et qui ne va pas gratter pour émouvoir.

Bon Paul Giamatti est génial, difficile d’imaginer mieux pour incarner à la fois la suffisance et la mélancolie de son personnage de professeur désabusé, avec ce qu’il faut de timing comique et de finesse de jeu. Mais les deux autres ne sont pas en reste, Da’Vine Joy Randolph mérite clairement tout le bien qu’on a pu dire sur elle et le jeune Dominic Sessa est juste excellent. Ça mérite d’être dit parce que le film se repose énormément sur son trio de tête, quasiment seul à l’écran pendant la majorité du métrage. Et parce qu’aucun des acteurs ne va chercher la performance, encore une fois tout est question de justesse dans le ton.

J’aime également énormément l’ambiance du film, je pense qu’il capture à merveille (étrangement comme Ceylan dans un tout autre registre) l’ambivalence hivernale, à la fois froid, propice à la déprime et à l’isolation, et réconfortant parce que synonyme de rapprochement, de chaleur contenue… J’apprécie beaucoup la discrétion maîtrisée derrière la caméra, Payne n’est jamais un virtuose mais il met toujours en scène avec constance et précision, puis la photo d’Eigil Bryld est magnifique, ces teintes rétro, la manière dont il met en valeur les lueurs de noël et les paysages enneigés…

Le meilleur film de noël à voir après noël.