Cruellement sous-estimée, cette suite du chef-d'œuvre de Spielberg a pourtant pléthore d'arguments à revendre. Bien que sa structure soit sensiblement la même au départ, tout comme la satire légère d'une forme de consumérisme, elle se démarque habilement de son modèle à plusieurs niveaux.
Le script a par exemple l'excellente idée d'axer une grande partie de son intrigue sur le traumatisme de Roy Scheider, qui reprend son rôle phare du premier opus. Son trouble psychotique et le lot de scènes familiales qui vont avec (écrites sans mièvrerie) ont pour effet de générer plus de proximité avec les personnages que ne le permettait l'œuvre originelle.
Ensuite, la mise en scène du suspense repose sur une diversité de scénographies extrêmement généreuse : situation de survie confinée à un radeau improvisé, course-poursuite endiablée à base de requin et ski nautique, mouvement de foule chaotique sur une plage...
Si le récit ne possède en conséquence pas la tension, sur le fil du rasoir, induite par une chasse à la créature marine à haute teneur mythologique lorgnant du côté de Moby Dick chez Spielberg, il offre pourtant assez de savoir-faire et de variété dans l'action que pour passer un très bon moment de divertissement.
