Memoria

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Commentaires
26/11/2021 21:26:30

Plutôt surpris car je pensais vraiment voir un film soporifique dans la veine de Cemetery of splendour. Finalement Memoria ressemble à une hybridation entre l'univers animiste du réalisateur et une relecture de Blow out. L'obsession prend un peu le pas sur l'onirisme il me semble. J'ai presque envie d'y retourner.

27/11/2021 01:07:59

Mordechaye a écrit :

J'ai presque envie d'y retourner.



ça c'est normal, c'est un film d'Apichatpong Weerasethakul.
27/11/2021 09:49:48
Avis

J'ai longtemps eu du mal avec le cinéma d'Apichatpong Weerasethakul, disons qu'il a fallu la palme d'or avec Oncle Boonmee pour que j'arrive à entrer dans son univers. Et là ce Memoria m'a totalement emporté. On part sur une délocalisation en Colombie, avec une distribution plus occidentale.

Le cinéaste arrive à toucher quelque chose d'universel avec cet récit onirique, systématiquement placé entre le rêve et la réalité. Il est sans doute l'un des réalisateurs qui y arrive le mieux avec Lynch (dans un style assez différent). Mais disons qu'il touche du doigt ce que c'est qu'un rêve, que d'être dans un état de demi sommeil. Le rythme très particulier de son cinéma y est pour beaucoup, c'est lent, il ne se passe rien, mais un beau rien, il y a toujours quelque chose à contempler. Quelque chose qui te plonge dans cette ambiance particulière où on ne sait pas vraiment ce qui est réel et ce qui ne l'est pas.

D'ailleurs il faut noter qu'esthétiquement il n'y a pas particulièrement de différence entre ce qui pourrait être un rêve et ce qui ne l'est pas. Ce qui participe donc à cette état de confusion du personnage et du spectateur où l'on ne sait pas bien ce que l'on regarde, tout en se laissant porter.

Rien que pour ça c'est un film sublime.

Mais le film possède des séquences que je trouve admirables, je pense à cette séquence avec le type qui fait du mixage sonore et qui tente de reproduire ce bruit sourd qu'entend l'héroïne de temps en temps et qu'elle est la seule à percevoir. C'est long, on voit vraiment l'acteur qui bidouille sur sa table de mixage. On est loin encore une fois des standards esthétiques des films où des types bricolent quelque chose sur leur ordinateur où il faut que tout aille très vite, où on sent bien que les acteurs ne tapent pas réellement sur le clavier quelque chose ayant le moindre sens. Disons qu'il y a bien quelque chose qui ancre ce film aussi étrange et onirique qu'il puisse être dans le réel, quelque chose qui le rend crédible et tangible.
En plus la séquence est magnifique puisque plus d'ingé son se rapproche du son entendu, plus le visage de Tilda Swinton se ferme. Sans rien dire on voit qu'elle est de plus en plus perturbée.

Et ce passage met en lumière quelque chose d'absolument fascinant : la difficulté à parler d'un son. Comment on décrit un son. Quels mots on a pour décrire un son et surtout comment on fait pour se souvenir réellement d'un son (déjà une image c'est dur).
Je veux dire qu'en tant que spectateur qui sursauté comme le personnage dans son siège lorsque le premier bruit s'est fait entendre, je n'étais plus sûr du son que j'avais entendu. En écouter des dizaines me perdait totalement, je n'étais plus sûr de ma propre mémoire.

Puis, bien sûr il y a tout ce final, d'une lenteur extrême, (et totalement surprenant), qui arrive à développer des idées magnifiques sur le sommeil, la mémoire... les souvenirs... Il y a quelque chose de grisant, le temps est dilaté, je n'avais aucune idée de combien de temps durant le film en allant le voir et en sortant j'étais incapable de dire s'il durant plus ou moins de deux heures... Il arrive à nous faire perdre tous nos repères et on est totalement assujettis à l'expérience cinématographique. Alors je suppose que tout le monde ne pourra pas rentrer dans cette proposition (dans la salle de cinéma, affreusement remplie de bobos, ce qui m'a fait me questionner sur ma propre boboité, certains ricanaient bêtement, même lors qu'il n'y avait rien de "drôle"), mais ce que Memoria m'a fait ressentir dans son long final, tant au niveau du questionnement que de la beauté de l'expérience proposée, je ne suis pas certain que beaucoup de films s'en sont approchés dans ma vie.

Et, chose rare, c'est un film que j'ai envie de revoir.
27/11/2021 18:31:50

Je sais pas si c'est le film ou si c'est moi qui suis pas en mesure de bouffer un truc comme ça en ce moment mais j'ai juste trouvé ça chiant.

28/11/2021 21:22:08

On peut trouver ça chiant, le dernier "segment" est le plus violent à ce niveau là. 


C'est mon premier Weerasethakul et je trouve le film sacrément réussi. Par contre, le dénouement concernant la provenance du fameux bruit m'a laissé circonspect, ca me semble complétement déconnecté des thématiques développés dans le film. Et est-ce que j'ai envie de le revoir ? Je ne sais pas encore

29/11/2021 11:55:40

Oui je n'ai pas très bien compris non plus ce dénouement. En revanche il ne me semble pas que ce soit déconnecté des thématiques traitées par le film. Certes la seconde partie insiste sur la compréhension intime du son par la sensation et le partage mémoriel induits par les éléments (le fait de toucher la pierre, de s'allonger dans l'herbe, etc...) mais toute la première partie tourne autour de l'approche du son par la technique, afin de mieux l'appréhender. On n'est pas dans un pur film animiste. C'est la dualité de l'approche qui rend le film intéressant pour moi. 

Message édité
29/11/2021 13:33:56

La première partie basée sur le son et la technique, c'est surprenant. Naïvement, je ne pensais pas que c'était quelque chose qui allait intéresser Weerasethakul, j'avais une image rétrograde de son cinéma en fait. La scène de l'ingé son m'a prouvé le contraire. 

La 2ème partie, plus animiste comme tu le dis, m'a moins parlé parce que je l'ai moins bien comprise. Ca ira mieux si je me plonge un peu plus dans son cinéma. 

02/12/2021 11:22:04

De ce réalisateur je n'avais vu que Oncle Boonmee qui m'avait bien plût, la lenteur du style du cinéaste se mariant très bien avec les scènes filmées principalement en extérieur, laissant le spectateur s'imprégner de la nature, la beauté de l'image et des bruits de la forêt tropicale créant une atmosphère enchantée hors du temps.

Le style est le même dans Memoria mais on est plongé dans une grande ville Sud-Américaine (Medellin), forcément c'est tout de suite moins enchanteur. C'est une bonne piqure de rappel pourquoi je n'aime pas les grandes villes.

Le travail sur le son est excellent tout le long du film, que ce soit tout ce qui tourne autour DU bruit, ou l'ambiance des villes pendant la première moitié du film et de la campagne ensuite.


Le film devient vraiment intéressant quand Jessica perd la tête (ou pense la perdre), on oscille entre délire, rêve et réalité. La partie à la campagne est de loin la meilleure partie du film pour moi, ce passage où elle se ballade au bord du ruisseau et qu'elle rencontre le paysan, j'ai rarement vu une scène qui dégage une telle atmosphère de calme, de douceur, c'est vraiment magnifique, avec en prime ce dialogue surréaliste qui donne au film une direction plus fantastique qui n'est pas pour me déplaire.

Le film est lent, très lent, mais ça n'est pas gênant sur la plupart des scènes, même si certaines durent un peu trop longtemps à mon goût. J'avoue avoir regardé l'heure à plusieurs reprises passé les 1h30 du film, ce qui m'arrive très rarement :hap:


Ressenti positif sur une bonne partie du film pour une note mitigée, car encore un film lent et contemplatif qui raconte quelque chose d'intéressant pendant tout le film mais qui se termine n'importe comment (récemment j'ai eu la même frustration à la fin d'Un grand voyage vers la nuit et Goodbye Dragon Inn). Sérieusement, une fois passée la scène, très surprenante, du décollage du vaisseau, les scènes suivantes ne servent à rien. Elle ne racontent rien, n'expliquent rien, je ne comprend pas à quoi elles servent. C'est plutôt joli certes, mais inutile.

Message édité
02/12/2021 19:20:25

J'ai vécu un véritable calvaire au ciné comme j'en ai rarement vécu (j'ai le souvenir d'Inland Empire de Lynch), je suis peut être entré dans le film la 1ere heure puis impossible de raccrocher, que ça a été long mais long !

25/01/2022 17:28:23
Avis

Nouvelle tentative tout aussi fructueuse avec l’univers d’Apichatpong. Le cinéaste a une approche ultra-singulière qui peut paraître très hermétique mais j’ai trouvé dans chacun des films que j’ai vu de lui une vraie force accueillante et apaisante. Il faut accepter de se laisser bercer par ces images tant tout (les compositions figées et distanciées des personnages, le calme quasiment permanent et l’ultra-lenteur de l’ensemble) semble calculé pour déconnecter émotionnellement le spectateur mais a pourtant à l’inverse un effet ultra-hypnotique. C’est clairement un cinéaste de l’onirisme qui va constamment jouer sur la frontière entre rêve et réalité, entre terre-à-terre et fantastique. Tous les éléments étranges ou surnaturels du récit sont d’autant plus frappants qu’ils s’intègrent au reste de manière ultra-banale et avec une absence totale d’emphase. Ça arrive et c’est tout. Et tout ça contribue à cette planance, cette atmosphère doucement irréelle.

Ça fait partie de ces films qui laissent suffisamment d’éléments au spectateur pour déceler son propos, sans forcément tout expliciter. Il y a plein de scènes dont je ne savais pas forcément ce qu’elles venaient faire dans le fil thématique de l’histoire mais qui fonctionnent simplement parce que Weerasethakul leur offre le temps nécessaire pour exister d’elles-mêmes. On peut juste se laisser bercer par une conversation qui dure, des gestes méthodiques (le mixage sonore, l’écaillage de poissons…) ou un passage musical… Et tout en étant très épuré, j’ai trouvé le film d’une grande force dans ce qu’il raconte. Cette quête du son et d’un souvenir incertain associée à l’errance rappelle forcément Blow Out/Blow Up et ce motif colle à merveille avec la mise en scène du cinéaste. C’est vraiment un grand film sur le son, tant dans son utilisation narrative que son importance sensorielle. Je trouve tout ce que le film raconte sur la mémoire très beau, justement parce que ça passe avant tout par les sens, parce qu’on épouse d’abord la perspective du personnage de Tilda Swinton pour finalement toucher à quelque chose de plus global. Le “rebondissement” final et tout ce qu’il induit m’a forcément interpelé mais j’ai trouvé ça vraiment beau et finalement très à propos quant aux idées que le film développe.

Bon il faut vraiment que je continue sa filmo, ça demande à chaque fois un certain courage pour se lancer mais qu’est-ce que ça en vaut la peine…
23/02/2022 14:36:42

23 février 2022 et déjà le plus gros twist de l'année 

23/02/2022 15:58:56

Calé entre barebaque et cruella, that's fine 

23/02/2022 17:27:44

C'est fou, ça n'a aucun sens... Lui qui avait chié sur parasite car "c'est un film d'auteur, il n'y a donc rien à dire dessus" vient de caler un film hyper "auteurisant", hyper lent, dans son top, parmi une flopée de blockbusters...

Message édité
26/06/2022 22:46:46
Avis

Je dois lui redonner une chance.
02/09/2022 10:32:08

Instantanément envie de revoir le film en sortant du dernier Miller. Je découvre qu'il est édité seulement en dvd en France et que le BR import vaut 32 EUROS ?