The Lighthouse

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Commentaires
23/06/2020 00:00:55

Quand Lovecraft rencontre Karl Marx.

06/10/2020 01:55:05

SPOIL ! SPOIL ! SPOIL ! 


J'ai beaucoup aimé dès le début, Eggers a vraiment une mise en scène et une "atmosphère" bien a lui, j'aime beaucoup la façon dont l'étrangeté du film se déploie et comment on ressent une forme de malaise et d'inquiétude au fil des minutes .. disons que pendant 1h j'ai trouvé le film absolument excellent. Sans parler de la beauté visuel du truc, c'est très soigné.


Arès l'heure de film par contre je trouve que Eggers se saborde lui même et embourbe son film dans un récit allégorique foutraque dont il n'avait pas besoin (ou en tout cas pas besoin d'appuyer a ce point je dirais) .. ses références a la mythologie et autres sources d'inspiration sont sympathiques mais j'attendais quelque chose de plus terre à terre dans le déroulé et la conclusion. J'ai l'impression que le film aurait pu être génial si les 45 minutes qui suivent avaient étés traités de façon moins "mentale" 🤔 Au lieu de ça c'est assez fatiguant cet affrontement de saoulard et on est toujours dans l'allégorie de l'allégorie etc...


Par exemple, il y'a un moment clé du film qui résume a peu près tout ce que rate Eggers (ou plutôt ce qu'il ne veut pas traiter), c'est le moment où Pattinson dégueule dans l'eau qui inonde la baraque des gardiens après la grosse tempête, et a ce moment il voit un cahier qui flotte devant lui .. il le saisit et la caméra se fixe sur son regard avec le personnage qui semble être choqué, et là on se dit que d'un point de vue purement scénaristique il y'a peut être un rebondissement a venir et quelque chose qui va nous ramener dans le "concret" mais finalement pas du tout.. cet élément ne donnera lieu qu'à une énième prise de bec quelques secondes après .. typiquement ça semble être un détail mais c'est ce que j'ai détesté dans cette "seconde partie", comme si la première heure était gâchée 🤔


lI aurait pu manier la chèvre et le chou à la façon d'un Lynch, avoir l'onirisme d'un côté et de l'autre le terre-à-terre d'une enquête ou d'un récit, mais il préfère (mon avis est évidemment subjectif) mettre tout ça a la poubelle et emmener son film vers le symbolisme etc .. 


La première heure j'aurais honnêtement pu mettre 9/10 tellement c'est remarquablement mis en scène et organisé, mais les 45 minutes qui suivent je mettrais 6/10 ... du coup en note général je met 7.5/10 🦀


Je le prendrais en DVD et je le reverrai parce que c'était tout de même intéressant et qu'un second visonnage ne serait pas de trop, surtout que j'ai du rater des choses.

Message édité
18/01/2025 14:56:51
Avis

Après The Witch, Eggers poursuit dans son approche et la radicalise quelque peu (avant de l’ouvrir au grand public avec The Northman). On reste pourtant sur un concept similaire, qui va utiliser un cadre minimaliste, un nombre de persos restreints, pour raconter une histoire nourrie au folklore et aux mythes. Ici, Eggers convoque tout un imaginaire maritime, entre les vieilles histoires de marins et de naufrages, les sirènes et autres monstres des mers.

Tout cela nourrit cette ambiance de huis-clos en la teintant d’un surréalisme assez enivrant. J’adore la manière dont le film convoque tout un univers sans jamais quitter ce phare et ses environs, en utilisant des suggestions, des récits sous forme de longs monologues théatraux, le sound design avec ce signal permanent dans l’arrière-plan sonore… Et bien sûr en teintant le film de visions cauchemardesques.

Eggers met tout ça en scène dans un noir et blanc sublime et en utilisant un vocabulaire filmique bourré d’influences. On pensera clairement à la fois au cinéma muet (et en particulier à l’expressionnisme) et au cinéma de Bergman, particulièrement à des films comme L’heure du loup. Le cinéma d’Eggers a clairement un côté artificiel et cela me semble tout à fait assumé tant ça contribue ici à générer cette atmosphère si particulière, sin pénétrante. Du coup malgré son statisme, le film m’a complètement emporté sensoriellement.

J’ai l’impression que c’est clairement son film le plus “sensible” ou en tout cas le plus préoccupé par ses personnages, qui passent parfois au second plan en faveur de l’effet dans ses autres métrages. Ici, tout est vraiment centré sur ce duo dont la relation clairement trouble évolue en suivant un principe de montée dans la folie. On peut vraiment donner plusieurs interprétations à tout ce bordel, y voir une chronique sur la solitude et l’isolement, une allégorie mythologique (qui semble assumée par cette fin très explicite) ou une simple expérience cauchemardesque.

J’adore comme cette relation centrale est nimbée d’ambiguité : on comprend que Pattinson ait envie d’égorger Dafoe qui n’arrête pas de lui cracher à la gueule, et en même temps cette camaraderie contrariée, tendant parfois vers la tension homoérotique, a quelque chose d’occasionnellement attendrissant. Le film est d’ailleurs nettement moins monolithique que ce à quoi j’ai pu m’attendre et est occasionnellement assez drôle. Puis voilà, ce sont deux acteurs qui en font des caisses mais qui savent le faire, donner vie à leur personnage et se mettre entièrement au service de cette ambiance.

C’est probablement mon film préféré du gars avec le recul.