Une perle d'animation.
Le film est évidemment avant tout remarquable pour son style visuel. La technique consiste à imiter le trait de la peinture, faisant de chaque plan un véritable tableau. Comme pour Belladonna par exemple, ça alterne entre des images fixes et d'autres 100% animées. Et c'est absolument magnifique, le trait est superbe avec un sens du détail qui force le respect. Le film regorge de plans qui m'ont estomaqué.
Et, surtout, je trouve le procédé absolument justifié et faisant corps avec ce que le film cherche à transmettre d'un point de vue sensoriel. Déjà parce que le choix d'imiter la peinture renforce toute cette dimension historique - et le film joue notamment avec ça et le rapport à l'histoire, ce qui s'y inscrit et ce qui en disparaît. Mais aussi parce que c'est un film qui base énormément sa narration sur l'image et la musique. En cela il rappelle Fantasia : il n'y a aucun dialogue (juste un narrateur qui remet du contexte et explicite certains trucs mais sans jamais être trop envahissant, en plus sa voix désabusée colle magnifiquement aux images), aucun bruitage, seulement une musique omniprésente et qui fait corps avec les images.
Le film utilise notamment l'animation pour exacerber la subjectivité du personnage principal : des mouvements démesurés, une rapide alternance de plans, des couleurs sombres qui vont évoquer sa soif de violence et créer une espèce de tourbillon sensoriel. C'est un film âpre, noir et violent, qui déconstruit un peu la notion de chevalerie pour présenter des individus désabusés, traîtres et ayant un goût pour le sang. Et que dire des scènes de bataille ? Des quelques incursions poétiques qui évoquent la femme convoitée par le héros ?
Vraiment un grand film, que je recommande à tous ceux passionnés par ce sujet et les expérimentations en animation.