Ce n'est que mon deuxième Wenders (si l'on excepte Buena Vista Social Club, vu il y a longtemps), et je crois que c'est un cinéma qui me parle beaucoup. Il a l'art de mêler les arts : photographie, littérature et musique notamment, pour lesquels il semble nourrir un profond amour et qu'il marie merveilleusement. Avec lui, Peter Handke, Robby Müller, et quelques notes de guitare suffisent à faire un bon voyage.
Si j'ai choisi le mot "voyage", c'est parce que c'est un cinéma qui invite à prendre la route. On y retrouve une certaine forme d'errance mélancolique parsemée de rencontres qui évoque Sur la route de Kerouac. Mais Wenders se nourrit de ça pour créer une atmosphère tranquille et poétique. C'est aussi un cinéma de la temporalité. Nous ne savons jamais à quelle période nous sommes, ni combien de jours ou semaines se sont déroulés entre chaque séquence. Seule la caméra dicte le tempo. Certains plans durent plusieurs minutes, d'autres, au contraires, se contentent de capter quelques secondes d'émotion puis passent à autre chose.
Par la manière dont il les filme, Wenders parvient à rendre beaux des personnages pourtant très naturels, presque dépouillés. Il n'y a d'ailleurs aucun traitement de faveur : il a beau avoir à sa disposition deux actrices absolument magnifiques (Nastassja Kinski, toute craquante, et Hanna Schygulla, dont on tombe amoureux dès le premier regard), jamais il ne cherche à les sublimer, et la caméra se pose sur leur visage de la même manière que sur le visage d'un homme.
C'est à la fois dans cette forme d'équité et dans ce dépouillement que se trouve toute la pureté de Faux Mouvement. A mi-chemin entre Pialat et Antonioni, Wenders nous entraîne dans une rêverie infiniment personnelle, quelque part au milieu des nuages... Un beau film.
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