La Septième Victime

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Commentaires
12/03/2018 23:09:51
Crutch Pas grand chose de neuf à en dire, et pas trop le temps non plus, mais je souscris complètement au texte de Lourcelles, que je trouve très bien. Je me souviens que Manny Farber, dans un article sur Val Lewton, parlait de Leopard-man comme si c'était un film de lui, en ne mentionnant pas du tout Tourneur. Ça m'avait pas mal surpris, mais maintenant que j'ai découvert La Septième Victime je comprends mieux sa position, car c'est vrai que c'est très proche des trois films que Tourneur a réalisé avec Val Lewton, tandis que je n'ai jamais retrouvé, chez Tourneur, une telle inventivité (pour ne pas dire modernité) dans la mise-en-scène (c'est évidemment toujours admirable, mais pas de façon aussi "évidente" disons, c'est plus discret, plus conventionnel).

C'est vraiment étonnant la structure empruntée par le film, avec ces rencontres qui se multiplient, tous ces personnages qui apparaissent plus ou moins comme des fantômes et qui gravitent autour de l'héroïne. Et la sœur qui est comme son ombre, son double absent, comme si l'une et l'autre étaient deux face d'une même pièce (la vie d'un côté et la mort de l'autre ?). Puis évidemment ce rythme alangui qu'on retrouve dans la trilogie tourneurienne (et dans pas mal d'autres Tourneur, pour le coup), avec cet art si glaçant du surgissement, qui me semble être non pas un surgissement de la mort, comme ça a pu être écrit à propos de Tourneur notamment, mais plutôt un surgissement de la vie, comme si ce que filmait Robson, c'était non pas notre monde mais le monde des morts (ou peut-être notre monde est-il mort, selon Robson/Tourneur/Lewton), dans lequel apparaîtrait la vie, de façon si subite et subreptice que ça en devient terrifiant (ce plan-là, il est quand même incroyable). Et je repense à Leopard-man dans lequel la mort est toujours hors-champs, comme si elle faisait partie intégrante de l'ailleurs, c'est-à-dire du monde, tandis que ce que montre le cadre, c'est le visage terrifié de la femme dans le cimetière, c'est le sang qui coule sous la porte... Ce sont finalement des signes de vie qui nous disent la mort, et dans La Septième Victime c'est exactement la même chose ( le bruit de la chaise à la fin).

Enfin je divague peut-être un peu, ce sont des films qui poussent de toute façon à divaguer tant ils baignent dans une troublante étrangeté, mais ce sont ce qu'ils m'inspirent. Bref, tout ça pour dire que je le place dans la lignée de La Féline, Vaudou et Leopard-man, et que ça me rend extrêmement curieux de découvrir d'autres films produits par Val Lewton (à commencer par l'autre film de Robson, L'île des morts) parce que ça m'a l'air d'être un sacré bonhomme qui a une vraie pensée (ou disons un regard artistique) du cinéma. Message édité
13/03/2018 01:48:14
En plus de l’Île des morts, il y a aussi Le vaisseau fantôme et Bedlam en Robson/Lewton, et je conseille Quand les tambours s’arrêteront de Fregonese, qui reconduit pas mal de cette ambiance, mais dans un western en couleurs. Faut vraiment que je voie les Tourneur/Lewton.
Je trouve vraiment dingue la richesse du film, qui apparemment devait être plus long mais a été coupé pour avoir la durée d'une série B, mais du coup on se retrouve avec un film où il y a plein de personnages, mais où tout va super vite et où les idées de mise en scène s’enchaînent a la fois lentement dans les scènes mais à toute vitesse dans la dramaturgie, ce qui accentue l'étrangeté. C'est vraiment un cas d’école d'intelligence dans les aléas de production, et une preuve s'il en fallait encore que la politique de l'auteur tout puissant est biaisée et en aucun cas généralisable.

Le minimalisme accentue complètement les lectures symboliques qui ne peuvent qu'affleurer (la scène du couloir sombre marque aussi des points dans l'angoisse). Il y a d'ailleurs dans Les ensorcelés de Vincente Minnelli une scène assez savoureuse où Kirk Douglas joue un producteur clairement inspiré des techniques de Lewton, l'hommage est transparent.Message édité
13/03/2018 07:58:14
Ah c'est pour ça qu'il y a autant de personnages... Pas persuadé que ça sert le film en rajoutant de l'étrangeté, mais pourquoi pas.Message édité