Onibaba, les tueuses

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Commentaires
16/09/2010 19:07:08
Kaneto Shindo aime bien les hautes herbes :coeur: :hap:
28/09/2013 02:34:48
Oui, j'ai trouvé ces plans magnifiques.
02/06/2015 21:18:30
Un film puissant, effrayant, d'un cynisme glacial, où Shindô filme l'humain dans ses aspects les plus vils, les plus bas, au coeur d'une nature qui l'écrase en grâce et en beauté. Toute une esthétique très noire et des jeux d'ombres qui contrastent avec les environnements, à la fois lumineux et labyrinthiques : le filmage des hautes herbes comme autant de pulsions de mort qui sous-tendent tout le film, de secrets enfouis, et de rancoeurs tenaces. C'est diablement oppressant, car Shindô emprunte beaucoup d'éléments au cinéma d'épouvante pour composer son film, d'une virtuosité formelle impressionnante et indéniable !
06/07/2016 11:53:06
Je trouve qu'au contraire après avoir montré l'humain dans toute son animalité, le film prend tout son sens dans l'ultime scène, un être humain animé par la peur.
Bien d'accord cependant pour le cynisme glacial, et pulsion est le mot. pulsions de mort, de sexe, d'appétit ...
Impressionnant aussi cette montée en puissance, du clair à l'obscur, du silence au cri.
Indéniablement un film qui marque autant par son discours et thématiques que par son esthétique, plans épurés, lumières exagérées
27/09/2020 18:23:55

Pfiou... Shindo m'a complètement sidéré pour le coup. Ce mec prend une histoire toute simple, un cadre minimaliste et en fait un monument à tous les points de vue. 


Dès l'introduction on comprend qu'on est dans quelque chose de spécial, ces plans sur le champ de hautes herbes traversés par le mouvement, cette photo ultra contrastée qui oppose le plan étincelant et le noir ultra-profond... C'est vraiment un pur trip sensoriel, qui utilise toute la puissance des moyens du cinéma : la mise en scène bien sûr, la manière dont la caméra balaie les herbes, les visages répugnants pour ne pas dire démoniaques... Mais aussi le son qui contribue à cette atmosphère d'altérité asphyxiante. Un vrai cauchemar cinématographique qui utilise les moyens de l'épouvante pour créer des images fantomatiques obsédantes. 


Tout le film opère sur un mode allégorique, une espèce de conte moral où chacun des rares éléments a une signification puissante, une aura renforcée par les paysages épurés et presque abstraits qui donnent au tout un côté intemporel. Et en même temps on devine un film très politique, qui traite des laissés pour compte, les rebuts abandonnés de tous et qui n'ont que faire des querelles des puissants... Comme dans L'Île nue, il y a l'idée de gens délaissés, abandonnés par la société, une idée renforcée par le décor isolé. Et comme dans L'Île nue, le film parle de l'humanité qui retourne à un état instinctif. Sauf qu'ici, il n'y a aucune pureté, tout est sale, les personnages respirent l'envie de sexe, de mort, l'avarice, la jalousie... Ça explore vraiment les plus bas penchants de notre espèce de manière ultra-viscérale. 

03/05/2021 16:49:13

C'est spécial comment on retrouve le même savoir-faire que dans L'île nue mais sur un thème aussi noir.

28/12/2021 16:28:06
Avis

Même décors d'exception que L'île nue et avec des personnages en marge de la civilisation si ce n'est qu'ici tout est extrêmement sombre, nihiliste et cadavérique comme si le lieu était la destination des mauvaises âmes en attente de leur dernier jugement.

Nous sommes dans des limbes d'herbes hautes infinies où une fois dedans tu es déjà condamné et absorbé par la noirceur du lieu : lumineux en surface mais les premières images en plongées sont saisissantes avec ces deux Samouraïs marchant péniblement à travers la broussaille et laissant apparaître de grosses tâches sombres sur leur sillage.
Et puis t'as cette musique orgiaque faite de percussions et de cris primitifs qui accompagnent deux sauvages dans leur besogne quotidienne et routinière sans faire preuve de la moindre émotion suite à leur acte : un dur labeur comme un autre sauf que l'eau de source de l'île nue cède à la dépouille de Samouraïs fraichement tués pfiouuuu...
Un espèce de conte macabre qui m'a à la fois évoqué "Dans la fourré" pour son décors fantastique où les lois terrestres n'ont plus cours et Rashomon pour cette galerie sombre exacerbant les pires travers de l'être humain.

Difficile d'ailleurs de reconnaître Nobuko Otowa : son grand sourire et sa force tranquille dans l'île nue contrastent avec la bête décharnée, à moitié nue et pècheresse de la belle mère ici.
Les sorties en trans de la gamine indomptable sont lancinantes avec ces roseaux qui semblent l'appeler au désir, la course haletante dénuée de son si ce n'est le hululement d'une chouette et du bruissement de la végétation.

Sidérante comme oeuvre et toute la fin avec ce masque fait basculer le film dans le fantastique sans que ce soit gratuit, au contraire l'arrivé de l'homme au mystérieux visage s'intègre très bien à cette noirceur de plus en plus prononcé , à la perte de contrôle de la belle mère.