Notes
Sonate d'automne
Ingmar Bergman - 1978
Pfiou... Shindo m'a complètement sidéré pour le coup. Ce mec prend une histoire toute simple, un cadre minimaliste et en fait un monument à tous les points de vue.
Dès l'introduction on comprend qu'on est dans quelque chose de spécial, ces plans sur le champ de hautes herbes traversés par le mouvement, cette photo ultra contrastée qui oppose le plan étincelant et le noir ultra-profond... C'est vraiment un pur trip sensoriel, qui utilise toute la puissance des moyens du cinéma : la mise en scène bien sûr, la manière dont la caméra balaie les herbes, les visages répugnants pour ne pas dire démoniaques... Mais aussi le son qui contribue à cette atmosphère d'altérité asphyxiante. Un vrai cauchemar cinématographique qui utilise les moyens de l'épouvante pour créer des images fantomatiques obsédantes.
Tout le film opère sur un mode allégorique, une espèce de conte moral où chacun des rares éléments a une signification puissante, une aura renforcée par les paysages épurés et presque abstraits qui donnent au tout un côté intemporel. Et en même temps on devine un film très politique, qui traite des laissés pour compte, les rebuts abandonnés de tous et qui n'ont que faire des querelles des puissants... Comme dans L'Île nue, il y a l'idée de gens délaissés, abandonnés par la société, une idée renforcée par le décor isolé. Et comme dans L'Île nue, le film parle de l'humanité qui retourne à un état instinctif. Sauf qu'ici, il n'y a aucune pureté, tout est sale, les personnages respirent l'envie de sexe, de mort, l'avarice, la jalousie... Ça explore vraiment les plus bas penchants de notre espèce de manière ultra-viscérale.
C'est spécial comment on retrouve le même savoir-faire que dans L'île nue mais sur un thème aussi noir.