Ca joue pas vraiment dans le même registre, c'est pas du tout un film d'action exhubérant.
Le film a pour lui sa liberté de ton (les 20 premières minutes sont assez étonnantes, difficile de savoir la direction que ça va prendre), et passe de la comédie policière au drame épique - au sens dramaturgique plutôt que spectaculaire - dans sa seconde partie.
Avec une grosse couche meta par dessus tout ça, le protagoniste se faisant passer pour un disciple de Satyajit Ray qui va filmer les méfaits d'un truand (fan de Clint Eastwood) pour en faire son biopic. L'arrivée de l'entracte est assez réussie à ce niveau-là.
Une bonne surprise mais faut vraiment que les forceurs* du cinoche indien (industries tamoules, télougou et malayalam principalement) se calment un peu. Depuis le choc RRR, j'ai l'impression de lire que tous les films sont des chefs-d'oeuvre définitifs qui font exploser ta conception du cinéma et à chaque fois que j'en mate un autant dire que je comprends pas trop le délire (cf. Jawan récemment).
*dédicace aux lecteurices de la box CL
RRR non plus n'a strictement pas exploser la conception que l'on se fait du cinéma je trouve. Il est à l'image d'un Jawan, ou ici d'un Jigarthanda double X, très sympathique à regarder. Il est toujours très plaisant de voir que les indiens n'ont l'air d'avoir aucune limite d’écriture ou de forme quitte à souvent se vautrer dans un certain ridicule. Ils semblent, à mes yeux, oser jouer avec tous les styles et les genres comme tu le décris plutôt bien en passant ici d'un début assez chaotique formellement je trouve, où l'on ne sait pas où l'on va à de la comédie, puis à un drame social et politique.
Ce que je trouve dommage par contre, c'est qu'il ne semble plus y avoir de différence entre les différents cinémas indiens, tous cherchant à sortir de la danse à outrance des films des années 80-90-2000, mais tous ressemblant aujourd'hui au cinéma Hindi finalement, que ce soit malayalam (2018 m'a pas mal déçu pour cela) ou même tamoule.
Le dernier film indien à m'avoir un peu sortie de ce style très cinéma hindi, bourré d'action, osant beaucoup de chose mais sans trop de subtilité (même si très réussi avec 12th fail par exemple) c'est Kalira Atita, un film Oriya tout en douceur et sincérité sur des thèmes assez graves, le deuil et le réchauffement climatique.
Mais j'aimerai retrouver, dans le cinéma kannada, ou malayalam aujourd'hui, des auteurs comme Gopalakrishnan (Malayalam) ou Girish Kasaravalli (Kannada), tout en subtilité, sans en faire des tonnes et en traitant des sujets de société et assez dur comme le viol ou la folie. ça existe sûrement, mais j'avoue que depuis une dizaine d'année je n'en trouve plus dans le cinéma indien, ou beaucoup moins que dans les années 70-80.
📢dirty_flitchy
Ça peut servir à combler le manque quand on a vu RRR et Baahubali deux fois ?