Dommage qu'aucune version potable ne soit disponible (hors salle), pour un film qui semble par ailleurs en perpétuelle reconstruction, à l'image de la mémoire de son protagoniste. Des plans marquants au symbolisme plutôt raffiné, un montage typique de l'école russe, moins kaléidoscopique mais plus réflexif et utilitaire que chez Eisenstein.
Mais c'est surtout un film à l'écriture vraiment fine et moderne, loin du manichéisme poussif (et virtuose, certes) des autres grandes créations de l'époque : empathie pour les vaincus de la Révolution, qui ne sont en aucun cas raillés, regard lucide sur la résilience de la nature humaine, que la Révolution n'a pas pu transformer totalement (persistance des comportements déviants et nécessaire autorité), voire amorce de critique de cette dernière à travers la figure peu sympathique de l'apparatchik. Des "débris de l'empire", en somme.
Et puis il y a cet interprète principal absolument fabuleux, qui déambule et découvre de son regard vierge les transformations en cours à la manière de la caméra de Vertov (l'architecture constructiviste, l'omniprésence des statues à l'effigie d'un petit chauve tonitruant, puis les aspects politiques, économiques et sociaux de la Révolution), d'abord sans les comprendre. Et puis le moment venu, la "révélation" se fait de manière subtile et personnelle, on est bien loin du tract jargonneux au message surligné... et c'est diablement plus efficace. Un film unique en son genre et en son temps.
La version restaurée (et éditée dans un magnifique Blu-ray) est dispo en 720p sur Kg.
Une quarantaine de minutes supplémentaires qui regorgent de pépites (dont les fameux plans inspirés des toiles d'Otto Dix), sans parler de toute la première partie, qui était à moitié illisible dans l'ancienne version et qui est ici magnifiquement rendue (noir et blanc très contrasté, façon roman graphique). Bref, c'est le premier film en lambeaux que je revois ressuscité !
Dommage qu'aucune version potable ne soit disponible (hors salle), pour un film qui semble par ailleurs en perpétuelle reconstruction, à l'image de la mémoire de son protagoniste. Des plans marquants au symbolisme plutôt raffiné, un montage typique de l'école russe, moins kaléidoscopique mais plus réflexif et utilitaire que chez Eisenstein.
Mais c'est surtout un film à l'écriture vraiment fine et moderne, loin du manichéisme poussif (et virtuose, certes) des autres grandes créations de l'époque : empathie pour les vaincus de la Révolution, qui ne sont en aucun cas raillés, regard lucide sur la résilience de la nature humaine, que la Révolution n'a pas pu transformer totalement (persistance des comportements déviants et nécessaire autorité), voire amorce de critique de cette dernière à travers la figure peu sympathique de l'apparatchik. Des "débris de l'empire", en somme.
Et puis il y a cet interprète principal absolument fabuleux, qui déambule et découvre de son regard vierge les transformations en cours à la manière de la caméra de Vertov (l'architecture constructiviste, l'omniprésence des statues à l'effigie d'un petit chauve tonitruant, puis les aspects politiques, économiques et sociaux de la Révolution), d'abord sans les comprendre. Et puis le moment venu, la "révélation" se fait de manière subtile et personnelle, on est bien loin du tract jargonneux au message surligné... et c'est diablement plus efficace. Un film unique en son genre et en son temps.